Le ministère camerounais des Transports, la Cameroon Raiways corporation et l’association Securoute ont lancé sur l’ensemble du territoire national, le 09 juin 2022, une campagne de sensibilisation sur la sécurité aux passages à niveau et aux abords des voies ferrées, à l’occasion de la 14e édition de la Journée mondiale de sensibilisation aux passages à niveau, qui se célèbre ce 10 juin 2022.
Le Cameroun se joint aux autres nations, pour célébrer, ce 10 juin 2022, la 14e édition de la Journée mondiale de sensibilisation aux passages à niveau. L’événement se tient sous le thème : « prévention des intrusions et des suicides ». La veille, les équipes du ministère des Transports, de la Cameroon raiways corporation (Camrail) et les membres de l’association Securoute se sont investis à la sensibilisation des populations sur les dangers des rails. Pk 267+440-Hôpital général (Ngousso), Pk 269+030-Abattoir (Étoudi). Tels sont les passages à niveau qui ont été pris d’assaut à Yaoundé, cité capitale du pays.
Les équipes mobilisées pour la cause ont procédé à la distribution des tracts de sensibilisation aux automobilistes et autres populations riveraines. « Stop! Priorité absolue au train », Restez à l’écart des rails », « Les emprises ferroviaires sont un domaine protégé », « Au passage à niveau, priorité à la vie » sont autant de messages que l’on pouvait lire dans les flyers, banderoles, tee-shirts et autres affiches sous fond de conseils notamment, ralentir à l’approche d’un passage à niveau ; toujours traverser avec prudence ; s’arrêter au feu rouge, clignotant ou au panneau Stop!; baisser les vitres de voiture pour s’assurer qu’il n’y a pas de klaxon de train…
En rappel, ces activités de sensibilisation existent depuis plus de 10 ans. Cette année, la campagne, s’étendant au dimanche, 12 juin 2022 à Elig Edzoa, intervient dans un contexte où les statistiques ne laissent personne indifférent. Collision sur les passages à niveau (traversées clandestines) : personnes s’étant fait heurter par train en 2020 : 42 cas contre 37 en 2021 pour un total de 72 cas d’accidents corporels; corps retrouvés sur la voie ferrée en 2020 : 30 cas contre 16 en 2021 et au 31 mai 2022 : 18 personnes heurtées par train contre 03 corps retrouvés sur la voie ferrée. Des chiffres qui montrent à suffire que la situation est préoccupante.
Réactions et témoignages
« Les accidents sur la voie ferrée ne sont pas récurrents, parce qu’il y a toujours aux postes de contrôles des vigiles qui veillent. Mais, il faut déplorer l’incivisme de certains usagers, parce qu’il y a des cas où le train a failli percuter certains moto taximen, qui ne respectent pas les règles de sécurité. Je dois aussi rappeler un incident malheureux ici au passage à niveau de Ngousso, il y a un an environ, où une voiture stoppée a continué la traversée alors que son conducteur était au téléphone. Le temps de se raviser de la survenue du train, il s’est vu emporté par ce train sur une distance de près de 500 mètres. Heureusement qu’il n’en est pas mort, juste quelques égratignures. Mais, la voiture a été totalement endommagée. Dans l’ensemble, les usagers respectent les mesures de sécurité, mais il faut également dire que les responsabilités sont partagées dans la mesure où les barrières dites automatiques ne fonctionnent pas depuis plus de deux ans ici. Il est clair que si ces barrières s’érigent automatiquement, les usagers sont obligés de s’arrêter », a confié, à son tour, Téophile Ndjoumbi, riverain.
« Il y a souvent des vigiles ici au poste de contrôle du quartier Abattoir. Lorsqu’ils demandent aux usagers de s’arrêter au passage d’un train, il y a parfois des conducteurs de motos qui ne les écoutent pas. Lorsque le train arrive, il y en a qui accélèrent pour traverser les rails. En traversant, d’aucuns emballent les moteurs, parce qu’oubliant qu’ils ont enclenché des vitesses qui ne leur permettent plus d’avancer. Et c’est le drame. Généralement, ce sont des transporteurs par motos qui consomment des stupéfiants. Nous osons espérer que cette campagne de sensibilisation pourra changer les mentalités », a confié Aba Abdoulaye, riverain.
Face à la presse, Hélène Ndougsa Mbang, responsable sécurité au travail et prévention Camrail : « Ce matin, nous avons effectué une descente au passage à niveau de l’Hôpital général de de Yaoundé-Ngousso en vue de sensibiliser les usagers de la route dans le cadre de la Journée internationale de la sensibilisation aux passages à niveau. Car, la sécurité est une préoccupation permanente chez Camrail pour les usagers de la route et les populations riveraines. Nous devons nous investir tous pour avoir une culture du sens civique afin d’éviter des pertes en vies humaines. Nous avons enregistré beaucoup de décès. Cette sensibilisation nous permet à cette occasion de faire prendre conscience sur les dangers de la voie ferrée ».
Selon Martial Manfred Missimikin, Directeur de l’association Securoute, « un passage à niveau est la rencontre d’une voie ferrée et une voie routière. Et la voie ferré est prioritaire de par la réglementation. C’est pour cela que nous sommes sur le terrain, pour sensibiliser aussi bien les riverains, les motocyclistes que les automobilistes à observer les mesures de sécurité. Au passage à niveau, le premier comportement est de poser absolument le stop, s’assurer que le train est passé avant de s’engager. Si par mégarde on s’engage et qu’on se retrouve entre les deux barrières, on doit dégager rapidement en cassant les barrières. Et si le véhicule ne peut pas bouger, il faut sortir et partir rapidement, parce que le train a la capacité de ne s’arrêter qu’à un kilomètre après avoir posé l’acte de freinage ».
Bertrand TJANI