La mesure prise par le préfet par intérim du Mfoundi, d’interdire l’accès aux débits de boissons à tout usager arborant un sac suspect, alimente les débats et questionne sur son opérationnalité.
L’insécurité gagne du terrain depuis une certaine période à Yaoundé, la capitale du Cameroun. Les bombes artisanales ont explosé dans plusieurs quartiers de la ville faisant au passage des dégâts considérables. Le dernier cas en date est l’explosion d’une bombe artisanale, au quartier Nsam, qui a fait au passage neuf blessés graves et d’énormes dégâts matériels. De quoi amener les autorités compétentes à prendre des mesures qui s’imposent afin de contrer à l’avenir ces actes terroristes.
C’est dans cette optique que le préfet par intérim du département du Mfoundi, Bienvenue Moïse Mbazoa, a pris un arrêté en date du 09 novembre 2020 interdisant l’accès aux milieux de fortes concentrations humaines aux usagers ayant en leur possession des sacs jugés suspects. Cette mesure, qui vient d’être prise par l’autorité compétente du Mfoundi, divise déjà l’opinion quant à son applicabilité. En effet, il revient désormais aux tenanciers de débits de boissons d’éconduire tous les éventuels consommateurs qui seraient en possession de sacs. A ce niveau, précisément, beaucoup de tenanciers de débits de boissons relèvent la difficulté face à laquelle ils seront confrontés. Les usagers accepteront-ils facilement de se séparer de leurs sacs, le temps de prendre des boissons ? Accepteront-ils que leurs sacs soient passés au peigne fin ? Certains propriétaires de lieux de fortes concentrations humaines à l’instar des bars, snacks, restaurants, s’inquiètent déjà de l’impact de cette mesure sur leurs recettes. D’autres responsables saluent la mesure prise par cette autorité administrative, même s’ils attendent encore de la voir s’opérationnaliser.
Du côté des clients, les avis sont partagés relativement à cette mesure qui va encadrer désormais l’accès aux débits de boissons. Cependant, si dans les débits de boissons cette mesure est de mise, qu’en sera-t-il des marchés qui sont également des lieux de fortes concentrations humaines ? Le même procédé sera-t-il opérationnel au regard du flux de personnes qui vont et viennent avec des sacs volumineux ? Ces marchés, faut-il le préciser, étant des lieux de fortes concentrations humaines ne constituent-ils pas un risque au regard de cette menace terroriste ? Aussi, cette mesure devra s’étendre aux lieux publics, parce qu’ils accueillent grand monde. On se souvient d’ailleurs qu’une bombe artisanale avait créé la panique au ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), il y a quelques mois. Peu avant, ce sont les populations des quartiers Emana, Melen et Damas qui auront été témoins de déflagrations de ces explosifs de fabrication artisanale.
Autant le dire, les mesures de l’autorité préfectorale, loin de faire l’unanimité, sont salutaires. Seulement, certains experts pensent qu’il faudra aller plus loin afin d’épargner les habitants de Yaoundé des actes terroristes qui leur font perdre le sommeil depuis plusieurs mois. Il faudra mettre l’accent sur l’application de ces mesures qui nécessitent des dispositifs particuliers, pour leur opérationnalité qui aura le bénéfice d’enrayer les actes terroristes en gestation.
Emmanuel MVELE