Le ministre camerounais des Transports, Jean Ernest Masséna Ngallè Bibéhè, était devant la Commission des Finances et du Budget de l’Assemblée nationale, le 1er décembre dernier à Yaoundé. L’occasion lui a permis de passer en revue les actions majeures du département ministériel en 2020.
Dans le cadre de l’intensification des actions de sensibilisation, d’éducation et de formation des usagers de la route, il a été procédé àl’évaluation et la mise en place d’un nouveau plan médiatique de prévention et de sécurité routières ; l’intégration des modules de prévention et sécurité routières, ainsi que la production et la mise à disposition de 20.000 copies de la version du Code de la route illustré et imagé, en langage facile, dans les établissements scolaires ;la formation de 3022 pairs éducateurs et pairs sensibilisateurs aux gestes de premier secours ;la création de 100 clubs de prévention et de sécurité routières dans les établissements scolaires, ce qui porte à 500, le total de clubs crées sur l’ensemble du territoire national ;la restructuration et le renforcement des capacités opérationnelles de 315 Officiers de Police judiciaire à compétence spéciales sur l’ensemble du territoire national, suivis de la production et de la mise à leur disposition des recueils de textes et guides d’intervention ;la production et la distribution d’environ 1 200 000 dépliants portant les messages de prévention routière dans les établissements scolaires, les gares routières et les zones à fortes récurrences d’accidents ;et la diffusion quotidienne de 96 différents messages de prévention et sécurité routières à travers la téléphonie mobile.
En ce qui concerne l’accompagnement et le suivi des activités professionnelles du secteur des transports routiers, il y a l’encadrement des activités du secteur de transport routier interurbain de personnes a été effective à travers : l’audit de la situation technico-administrative de l’ensemble des compagnies de transports, la suspension de 85 compagnies non conformes, la délivrance de 102 autorisations d’ouverture provisoires de terminaux et l’accord de 15 autorisations supplémentaires d’ouverture définitive de terminaux de transport routier interurbain de personnes. Ce qui porte à 150, le nombre total de compagnies de transport routier interurbain de personnes déclarées conformes aux normes et aux standards des compagnies de référence.
Dispositif juridique
Le transports urbain, périurbain et rural de personnes a été marqué par la poursuite du parachèvement du dispositif juridique des textes organisant les différents modes de transports, l’organisation de 14 sessions ordinaires et 110 sessions spéciales du permis de conduire, ainsi que l’organisation de 55 campagnes de formation à la conduite pour motocycle et de 18 campagnes de recyclage pour les catégories professionnelles dans les chefs-lieux de régions. Ces actions ont permis : le recyclage de 1815 conducteurs professionnels qui ont été déclarés aptes à la conduite automobile ; la formation et le recyclage de 18 273 moto-taximen dont 17 096 ont réussi aux examens de permis de conduire de catégorie A.
Pour ce qui est des réformes engagées dans les circuits de production des différents titres de transport, l’on note la réforme du circuit d’obtention et de délivrance du permis de conduire nous a permis, au cours des 14 sessions ordinaires et des 110 sessions spéciales sus évoquées qui se sont déroulées sans encombre sur l’ensemble du territoire national, d’inscrire 210 092 candidats en ligne et d’obtenir 166 026 candidats admis, 20 621 candidats non admis et 23 445 candidats absents. Soit une progression nette de 20% ces deux dernières années.
Dans l’optique d’améliorer le processus d’organisation des examens officiels et spéciaux du permis de conduire, il a été procédé à l’assainissement du fichier et à l’examen du contenu pédagogique et du matériel didactique des établissements de formation à la conduite automobile sur l’ensemble du territoire national. Ce qui a permis de dresser une liste de 391 établissements non conformes sur les 540 ayant transmis leurs dossiers. Des délais leurs ont été accordés en vue de leur mise en conformité. En marge de cette mesure, 134 nouvelles auto-écoles ont été créées ce qui porte à 865, le nombre total d’auto-écoles fonctionnelles, nécessaires pour satisfaire la demande ‘sans cesse croissante’ de formation.
Réformes
Dans le domaine de la visite technique automobile, le Mint a procédé à la réforme du système de sécurisation du processus du contrôle technique et la délivrance de la vignette de visite technique. Ladite réforme, dont l’objectif est la réduction des accidents de la circulation routière liés à l’état technique des véhicules, permet, à travers l’automatisation des opérations de contrôle technique mise en place, de lutter contre l’émission frauduleuse, la contrefaçon et le trafic des vignettes de visite technique automobile, et offre une meilleure sécurisation des recettes de l’Etat afférentes aux opérations de contrôle technique.
Toujours dans le cadre des réformes, il y a la mise en place d’une nouvelle carte grise et la sécurisation du circuit de production des titres de transport (carte grise, carte bleue, licence de transport), ainsi que les recettes générées. Cette réforme s’accommode des avancées notables dans la mise en place du projet d’interconnexion du système Ssdt du ministère des Transports aux systèmes Nexus de la douane et Fiscalis des Impôts, pour la centralisation des données liées à la production des cartes grises. Ce mécanisme permettra à terme de ne soumettre à immatriculation que les véhicules ayant rempli toutes les formalités douanières et fiscales. En marge de ces réformes, les activités ci-après ont été effectives dans le cadre de la prévention et de la sécurité routière : le lancement de la formation des experts en sécurité routière, afin de doter la grande architecture de formation à la conduite automobile et à la sécurité routière des ressources humaines qualifiées ; l’opérationnalisation des radars fixes de contrôles de vitesse le long de la route nationale no3, suivi de l’acquisition et la mise en service effective des radars semi-portatifs de dernière génération. Ce qui a permis de repérer 5153 cas d’excès de vitesse en 2020 contre 12 541 cas en 2019 ; la réalisation de 173 descentes opérationnelles des équipes de la Brigade de Prévention et de Sécurité routières. En attendant la production du rapport de l’année 2020, il convient de rappeler qu’en 2019 ces descentes avaient permis 3761 interpellations, dont 134 sanctions administratives parmi lesquelles 46 suspensions de licences ordinaires de transport public, 77 suspensions de permis de conduire et 11 retraits de permis de conduire ; la systématisation des opérations d’enlèvement des obstacles et des véhicules mal garés ou en panne sur les axes routiers, opération qui a permis l’enlèvement 837 obstacles sur les routes nationales et a réduit, de manière considérable, le nombre d’accidents causés par les obstacles et des véhicules mal garés ou en panne sur les axes routiers ; la réalisation d’un audit de la signalisation routière sur l’ensemble du territoire national, dont les conclusions ont permis de déterminer sur certains axes routiers, les points noirs identifiés comme accidentogènes.
Les efforts en matière de sécurité routière sont porteurs de reconnaissance au niveau international. A titre d’exemple, l’on note :la reprise de la conversion du permis camerounais en permis français ; la désignation du Cameroun comme membre du Comité de pilotage pour la mise en place de l’Observatoire africain de Sécurité routière ; la désignation du Cameroun par la Fédération internationale de la route (Fir) comme pays devant bénéficier du projet d’amélioration des normes et directives de conception des routes, financé par le Fonds des Nations Unies pour la Sécurité routière ; la sélection du Cameroun parmi les 02 pays devant bénéficier de l’implémentation du Programme d’évaluation du système d’inspection des véhicules et de la réforme du processus du contrôle technique et de la délivrance de la vignette de visite technique, financées par la Banque mondiale.
Modernisation en marche des infrastructures
Dans la mise à niveau du parc de matériel roulant voyageurs, le Mint a procédé à : l’acquisition de 04 locomotives voyageurs auprès de la société General Electric ; la rénovation de 11 voitures-voyageurs ; la finalisation des diligences en vue de la reprise imminente du train rapide entre les villes de Yaoundé et de Douala. S’agissant de la réhabilitation des infrastructures, on peut noter les avancées suivantes : la poursuite du renouvellement de 175 km de voie ferrée sur le tronçon Batchenga-Ka’a ainsi que dans les sections urbaines de Yaoundé et Douala ; l’automatisation de six passages à niveau dans les villes de Yaoundé et Douala ; la dépollution des sites de dépôt et d’entretien des locomotives de Yaoundé, Belabo et Ngaoundéré ; le démarrage des travaux de réhabilitation de 55 ponts ferroviaires ainsi que des travaux de signalisation sur le Transcam ; la réalisation des études pour la réhabilitation des ouvrages d’art les plus importants du réseau ; la validation des études de faisabilité pour le renouvellement du tronçon Belabo-Ngaoundéré ; le démarrage des études de faisabilité pour le renouvellement du tronçon Douala-Yaoundé. Pour ce qui est du développement du réseau, les études de faisabilité en vue de la réhabilitation de certaines voies ferroviaires sont disponibles. Il s’agit des tronçons : Douala-Limbe, Edéa-Kribi-Lolabe-Campo, et Douala-Limbe.
Cap sur l’amélioration de l’offre des services
Comme réalisations majeures qui contribuent à l’amélioration de l’offre des services de transport maritime, l’on cite, entre autres, la poursuite de la construction du port en eau profonde de Kribi (phase 2), l’alimentation en eau potable du Pak – Port autonome de Kribi, la mise en exploitation depuis février 2020, d’un système d’information portuaire au Pak. Il convient également de relever les avancées suivantes: la modernisation de la plateforme portuaire de Douala; l’autonomisation du système de dragage du chenal d’accès au Port autonome de Douala, à travers l’acquisition des équipements nautiques (dragues et grues) d’un montant total de quarante-trois milliards Fcfa ; la mise sur pied d’un système d’enlèvement d’épaves dans les ports de Douala, Kribi et Limbe, la mise en œuvre des structures techniques et opérationnelles en vue d’appliquer la Convention Internationale pour le contrôle et la gestion des eaux de ballasts et sédiments de navire ratifiée par le Cameroun en juillet 2020 ; la signature du contrat de concession du Terminal polyvalent du Port autonome de Kribi avec la société Phillipine Ictsi – International Container terminal services ; la poursuite de la mise en œuvre du projet de construction du Yard pétrolier de Limbe; le renforcement des capacités de certains sous quartiers et circonscriptions maritimes par l’acquisition des moteurs hors bords ; l’organisation des examens de capacité des pirogues à moteur, des remorqueurs et des permis de plaisance. Au niveau international, le Cameroun qui préside désormais le Conseil d’administration de la Rmu – la Régional maritime University, a organisé les 22e et 23e assemblées générales de ladite organisation respectivement en mars et octobre 2020. Le Cameroun a aussi adhéré au Mou d’Abuja relatif à l’inspection des navires, le 04 août 2020. Une Campagne est en cours pour la promotion de la candidature du Cameroun au poste de secrétaire général de l’Omaoc – l’Organisation maritime pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Priorité à la lutte contre le Covid-19
Au mois d’avril par exemple, l’on a observé plus de 90% de réduction du nombre de passagers transportés. Au Cameroun, le trafic aérien devrait connaître une baisse de l’ordre de 68,28% en 2020. L’essentiel des actions dans le secteur aérien ont donc concouru à apporter une riposte pour contenir les effets néfastes de cette pandémie. Parmi les mesures prises on peut notamment citer : dans le cadre de la production normative la prise des textes règlementaires ci-après, en vue d’organiser l’intervention des différentes administrations dans les aéroports : la signature de l’arrêté du Premier ministre approuvant et rendant exécutoire le plan de gestion des urgences de santé publique de portée internationale dans le secteur de l’aviation civile ; la signature de l’arrêté conjoint n°003 Mint-Minsanté du 28 septembre 2020 précisant les responsabilités du ministère en charge de l’aviation civile et du Ministère de la santé publique en matière de gestion des urgences de santé publique dans le secteur de l’aviation civile au Cameroun ; l’élaboration et la mise en œuvre du protocole de gestion des passagers sur les aéroports internationaux du Cameroun matérialisé par la lettre-circulaire n°007/Lc/Mint/Sg/Dac/Cse du 15 juillet 2020 ; la délivrance des autorisations spéciales d’exploitation aux compagnies aériennes, pour permettre le rapatriement des camerounais, des résidents et des étrangers en séjour au Cameroun ; l’acquisition des matériels et équipement de dernière technologie pour la prise de température et la désinfection des passagers et du fret.
Afin d’apporter une bouffée d’oxygène à ce secteur fortement impacté par la pandémie, le projet de décret fixant les modalités de gestion du fonds de l’Aviation civile et celui instituant les services rendus par l’Autorité aéronautique ont été transmis à la haute hiérarchie, pour suite de la procédure. Outre ces mesures de riposte, le secteur aérien a poursuivi la mise en œuvre de ses activités relatives à la relance de l’offre nationale des services aériens, la modernisation et la sécurisation des plates formes aéroportuaires, ainsi que la coopération dans le domaine aérien.
Relance de l’offre nationale
S’agissant de la relance de l’offre nationale des services aériens, le chef de l’Etat a instruit le gouvernement de prendre les dispositions en urgence pour la reprise des vols de la compagnie aérienne Camair-Co entre les parties septentrionale et méridionale du pays. Interrompues depuis près de huit mois, les activités de Camair-Co ont effectivement repris, le 16 octobre 2020. Fidèle à sa volonté de faire de Camair-Co un fleuron national, le chef de l’Etat a autorisé un déblocage spécial de 15 milliards Fcfa, pour l’acquisition de 02 aéronefs Bombardier Q400 et la réhabilitation d’un Boeing 737, propriété de la compagnie, en vue de renforcer la flotte pour se déployer sur le plan continental, voire international.
Pour ce qui est de la modernisation et la sécurisation des plateformes aéroportuaires, en perspective à l’organisation des deux grands évènements sportifs, le Chan 2021 et la Can 2022, les plateformes aéroportuaires de Yaoundé-Nsimalen, Douala, Garoua, Maroua-Salak, Ngaoundéré et Bamenda ont continué leur mue engagée depuis l’an 2016 : l’installation d’une nouvelle centrale de production et de distribution de l’énergie secourue à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen ; l’acquisition d’un important stock de matériels et équipements de pointe, pour améliorer la qualité de services et la sécurité des compagnies, ainsi que les capacités opérationnelles de nos aéroports ; le renouvellement des convoyeurs à bagages à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen et à l’aéroport international de Garoua ; le renouvellement de 08 ascenseurs et de 02 escalators à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen ; la réhabilitation des voiries d’accès à la piste d’atterrissage de l’aéroport international de Douala ; l’acquisition des sièges des salles d’embarquement au profit des aéroports de Douala, Bamenda, Maroua-Salak et Ngaoundéré. Ne sont pas en reste, l’installation des bureaux de changes sur les aéroports internationaux de Yaoundé-Nsimalen et de Douala ; et la mise en place d’un duty free à l’aéroport international de Douala.
En matière de sécurisation des plateformes aéroportuaires, les principales actions ont notamment porté sur : l’émission d’un titre foncier sur l’aéroport de Koutaba au profit de l’Autorité Aéronautique du Cameroun, par décret n°2020/2235/PM du 08 janvier 2020 ; la réalisation des études en vue de la rénovation de l’aérogare passagers de Koutaba ; le démarrage ou la poursuite des travaux de construction des centres directeurs des opérations d’urgence dans les aéroports internationaux de Yaoundé-Nsimalen, Garoua et Maroua ; la poursuite des travaux de construction du Centre de formation et du Centre de recherche et sauvetage à Yaoundé ; le renforcement des clôtures de sûreté des aéroports de Maroua et Garoua ; la révision du Programme national de sûreté de l’aviation civile. L’ensemble de ces actions ont été évaluées lors du Comité national de sûreté de l’aviation civile, le 16 octobre 2020 à Yaoundé.
En ce qui concerne la coopération dans le domaine aérien, dans le but de rendre le ciel camerounais plus attractif et compétitif, le Cameroun a procédé, en mars 2020, à la signature d’un accord de coopération aérien avec les Émirats Arabes Unis. Ledit accord vise le développement des services aériens entre les deux pays, à l’effet de permettre au Cameroun de transformer ses plateformes aéroportuaires en de véritables hubs de la sous-région. En outre, en vue de permettre la mutualisation des ressources avec les pays voisins, dans le cadre de la recherche en cas d’accident d’aéronef, le Cameroun a également procédé à la signature d’un accord de Sar – Recherche et de Sauvetage des aéronefs en détresse avec le Gabon, le 14 septembre 2020 à Dakar.
Bertrand TJANI