L’ancien coach par intérim des lions indomptables du Cameroun, Alexandre Belinga Trop discret et muet depuis son départ du banc de l’équipe nationale, a enfin donné de ses nouvelles. L’entraîneur champion d’Afrique 2017 s’est confié sur son présent, son avenir et a commenté aussi l’actualité de la sélection nationale fanion qu’il a quittée en mai 2018 après quatre ans de bons et loyaux services.
Merci de nous accorder cet entretien exclusif et ce d’autant que depuis votre départ de l’équipe nationale, vous avez disparu des radars.
Non ! Je n’ai pas disparu des radars. Tout le monde sait que même lorsque j’étais avec les Lions Indomptables, on ne me voyait apparaître que lorsqu’il y avait des regroupements. Après mes périples avec l’équipe nationale, je reprenais la route pour aller poursuivre mon train-train quotidien. Actuellement, c’est la même chose, je fonctionne de la même façon. Sauf qu’il y a quelques semaines, j’ai eu des soucis de santé. J’ai été opéré à trois reprises le même jour mais, heureusement pour moi, tout s’est bien passé. Actuellement je suis ma convalescence. Donc, je n’ai jamais changé de vie. C’est la même vie que j’ai toujours menée c’est-à-dire loin des radars.
Quand est-ce que vous allez revenir aux affaires ?
La deuxième fois qu’on m’a demandé d’assurer l’intérim sur le banc de l’équipe nationale, j’ai dit à tout le monde que je ne postulerais pas pour le poste d’entraîneur et que je ne souhaiterais plus être adjoint dans le nouvel encadrement technique qui sera mis en place. C’était sincèrement ce que je pensais. Aujourd’hui, je ne fais plus partie de l’encadrement technique des lions comme je l’avais dit. Je demeure un entraîneur. Mais comme je l’ai dit tout à l’heure, j’ai eu des problèmes de santé. Je vais d’abord m’occuper de ma convalescence et après je prendrais une décision.
Avant l’équipe nationale, vous étiez déjà un entraîneur de renom. Après l’équipe nationale, votre renommée a considérablement augmenté grâce notamment à la CAN que vous avez gagnée en 2017. Fort de tout cela, peut-on imaginer qu’en ce moment où vous êtes libre votre téléphone ne cesse de crépiter. N’est-ce pas ?
Oui ! Ça sonne régulièrement. Mais, j’ai besoin d’un temps sabbatique en ce moment pour m’occuper de ma santé. Après, je vais retrouver un banc. Ce qui m’a toujours intéressé c’est le projet sportif. Lorsque le projet est bon sur ce plan, je l’accepte même si ça vient d’une équipe de ligue départementale. Donc je ne serais prêt à m’asseoir encore sur un banc de touche que lorsque après ma guérison, un club me proposera un projet qui est bon sur le plan sportif. Dans le cas échéant, mon retour sera difficile. C’est également l’occasion de vous dire que j’ai aussi les envies d’ailleurs parce que sur la scène locale, j’ai le sentiment que j’ai quasiment tout donné. Grâce à tout ce que j’ai pu gagner, j’ai désormais un très bon CV (rires) pour répondre à toutes les sollicitations dont celles des équipes étrangères. Mais, je ne suis pas obsédé par ça. Je suis quotidiennement bien occupé, j’ai beaucoup d’activités notamment sur le plan agricole, je m’occupe de ça. Je ne suis pas désœuvré, je n’ai pas besoin d’être sur un banc pour assurer mon quotidien. Dans la vie, il est souvent important d’ailleurs de faire un break.
Durant cette période sabbatique, suivez-vous l’actualité de l’équipe nationale ? Si oui, quelle appréciation faites-vous du nouvel encadrement technique ?
Je ne vais pas déroger à ma règle. Comme je l’ai toujours fait en club lorsqu’on me limogeait ça et là, ou lorsque je claquais la porte, je vais donc vous décevoir en restant fidèle à mes principes. J’ai beaucoup de respect pour cette équipe des Lions Indomptables. J’ai été à l’intérieur, je ne vais jamais me permettre de faire les critiques et de parler notamment de l’encadrement technique parce que je sais ce qui attend Seedorf et tous ceux qui sont là actuellement. Tout ce que je peux dire c’est leur souhaiter beaucoup de courage parce que je sais qu’ils en ont besoin et beaucoup de réussite aussi afin que nous puissions conserver le trophée en 2019.
Pouvez-vous quand même faire un commentaire sur les choix du nouveau sélectionneur qui s’est notamment passé des services du capitaine Benjamin Moukandjo et de Christian Bassogog le meilleur joueur de la CAN 2017 au motif qu’ils disputent un championnat exotique ?
Premièrement, je pense que Benjamin mérite beaucoup de respect en tant que capitaine de notre équipe nationale et pour tout ce qu’il a fait. Le niveau d’un joueur ne dépend pas du championnat dans lequel il évolue. Je peux vous donner beaucoup d’exemple de joueurs qui sont issus des championnats dits de seconde zone qui ont joué la dernière coupe du monde. On a vu leurs performances. Donc, ce n’est pas un argument qui compte pour moi. Ce qui est important en équipe nationale, c’est l’état d’esprit du groupe. Je crois que ce sont des mots que l’entraîneur a dû lâcher inconsciemment peut-être parce qu’il ne maîtrisait pas encore l’environnement de l’équipe nationale. Il aura l’occasion de revoir ses déclarations pour donner la chance à tous ceux qui méritent d’être appelés en équipe nationale. Lorsque vous regardez là où Bassogog sort pour devenir le meilleur joueur de la CAN 2017, vous comprenez qu’il ne faut pas jouer au Real Madrid ou au Barcelone pour faire de grandes performances ou de grands tournois avec son équipe nationale. J’espère vraiment qu’il reviendra sur sa décision parce que c’est important de composer avec tout le monde.
Quels commentaires faites-vous du match contre les Comores qui était le premier test du nouveau sélectionneur ?
Je savais que ça allait être un match très difficile. Je ne vais pas cesser de me répéter. J’ai fait l’objet des mêmes critiques lorsque je suis allé jouer contre le Koweït. Les gens se contentent de regarder l’écart qu’il y a au niveau du classement FIFA oubliant que le football a beaucoup évolué sur toute la planète. Si vous ne mouillez pas le maillot désormais et vous vous contentez de votre statut, vous seriez surpris comme certains l’ont été après le match contre les Comores. J’ai connu les mêmes problèmes lorsqu’on a joué contre le Koweit mais je m’y attendais parce que j’avais pris conscience de ces avancées que le football a connues partout dans le monde. En outre, le temps d’un sélectionneur est très court pour préparer un match. La durée est de trois à quatre jours. C’est trop juste pour préparer suffisamment une rencontre. A cet effet, il faudrait que les joueurs arrivent en sélection à temps pour donner la possibilité au sélectionneur de mieux préparer son groupe. Donc, le résultat de ce match ne m’a pas franchement surpris. J’espère seulement que le prochain sera meilleur.
Comment entrevoyez-vous l’avenir de cette équipe dirigée désormais pas Clarence Seedorf et son compatriote Patrick Kluivert ?
J’ai appris à ne pas parier sur les Lions Indomptables. Lorsque nous allions au Gabon, personne ne misait sur nous. Nous y sommes allés et nous avons gagné la CAN. Beaucoup ont parlé de la chance mais pour ceux connaissent cette équipe, ça a été toujours comme ça. Lorsque vous regardez les différentes compétitions que nous avons gagnées, les pronostics sportifs ont rarement été en notre faveur. La première CAN que nous avons gagnée, a été préparée à Nyete. Personne ne pouvait parier sur nous. A cette époque, je jouais encore et lorsque je suivais les noms des joueurs ivoiriens comme Youssouf Fofana, c’était difficile pour moi de pronostiquer pour mon pays. Moi comme beaucoup d’autres compatriotes, nous ne savions à quelle sauce les lions seront mangés. Mais ils ont réussi l’exploit de ramener cette CAN. Donc, ça a été toujours comme ça. C’est lorsqu’on ne croit pas au Cameroun qu’il fait de bons résultats. J’espère que cette tradition va continuer afin que l’actuel encadrement technique et les joueurs conservent notre trophée.