Deux femmes viennent d’être mises aux arrêts, après avoir simulé un mariage homosexuel et s’être embrassées en public au Gabon.
L’Est du Gabon, plus précisément à Makokou, a vibré le 09 novembre 2020 au rythme de la danse bafia. Pour cause d’outrage aux bonnes mœurs, deux gabonaises, âgées de 47 et 26 ans, ont été mises aux arrêts, après avoir simulé un mariage gay et s’être embrassées en public. Des sources dignes de foi révèlent que ce n’était qu’une mise en scène de ces deux jeunes femmes.
Par ailleurs, « elles expliquent leur acte par leur désir d’adopter des enfants », a expliqué Guy-Roger Ekazama, maire de Makokou. Pourtant, selon lui, « la loi est claire : un mariage se fait entre deux personnes de sexes différents ». Selon le Code pénal gabonais, les outrages aux bonnes mœurs sont passibles de deux ans de prison et de 02 millions Fcfa d’amende. C’est dire que cela sera applicable aux deux détenues.
Il faut relever que c’est le 23 juin 2020 que le Parlement gabonais avait voté une loi dépénalisant l’homosexualité. « Mais, la loi ne permet pas de célébrer l’union entre personnes du même sexe ou de s’embrasser en public. Car, cela heurte la moralité », a expliqué une source proche du dossier, sous couvert d’anonymat. Cette « affaire est une première au Gabon », a-t-elle souligné.
La société et les Eglises gabonaises restent largement hostiles à la loi du 23 juin. En Afrique subsaharienne, l’homosexualité est largement illégale. Plus de la moitié de ses pays interdisant ou réprimant les rapports homosexuels punissent parfois de peine de mort les coupables.
Toutefois, la réaction du gouvernement gabonais pousse certains observateurs à se poser la question de savoir à quoi il joue réellement. Comment expliquer qu’une loi ait été adoptée et que la mise en application crée polémique ? Pourquoi, malgré l’adoption d’une loi dépénalisant l’homosexualité, « l’outrage aux bonnes mœurs » reste passible de 02 ans de prison et de plus de 02 millions Fcfa d’amende ? Autant de questions lancinantes qui restent suspendues aux bouts des lèvres d’une bonne frange de l’opinion gabonaise en particulier, et de l’Afrique en général. Vivement que cette loi ignoble qui n’honore pas l’Afrique dans son originalité soit battue en brèche afin que le continent noir continue de servir de repères au monde à travers ses valeurs.
Ernesthine BIKOLA