L’annonce du décès des suites du Covid-19, du syndic de faillite de l’ancienne micro-finance, est venue corser une anxiété déjà traumatisante chez les créanciers de l’ancien établissement financier, qui voient ainsi repousser leur chance de rentrer dans leurs épargnes et dépôts.
Un communiqué laconique rendu public le 19 avril dernier par la liquidation de Comeci, sans plus, annonce la suspension des opérations de déclaration des créances par les clients de l’ex-micro-finance. « Suite au décès du liquidateur de Comeci de suite de Covid-19, il est porté à la connaissance des créanciers de Comeci Sa, que les activités de production de créances sont momentanément suspendues jusqu’à nouvel ordre. Nous vous prions de bien vouloir prendre votre mal en patience. Bonne compréhension. Cordialement ». C’est désormais acté. Les épargnants et déposants de l’ex-Comeci devront attendre la désignation d’un nouveau liquidateur pour espérer rentrer dans leurs créances. Nommé il y a seulement quelques mois, après la déclaration de liquidation de la micro-finance de 2e catégorie, au capital social de plus d’un milliard de Fcfa, par le Tribunal de grande instance de Douala Bonanjo, le syndic de faillite n’a pas fait long feu. Pourtant, l’espoir était revenu chez les créanciers de l’ancienne institution financière, avec la l’ouverture de la procédure de liquidation, 04 ans après la fermeture officielle de ses guichets, suite au retrait de son agrément et de la désignation d’un administrateur provisoire depuis 2017. Pour quel temps devront-ils encore attendre ? Pour les experts en questions de finance, il faudra attendre une autre procédure de désignation d’un nouveau liquidateur pour entrevoir la reprise des opérations de liquidation, ce qui, dans le landerneau judicaire camerounais, caractérisé par une lenteur déconcertante tant décriée, ne devrait pas se faire avant un an. Le temps de voir trépasser d’autres clients de l’ex-Comeci, voire des débiteurs acteurs majeurs de la liquidation, comme ce fut le cas avec ses principaux dirigeants. Après leur mise à l’écart de la gestion de leur business par la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac), Lucas Samo, l’ancien directeur général de Comeci, avait passé l’arme à gauche, moins d’un an plus tard, foudroyé par une crise cardiaque, avant d’être suivi dans ce triste destin par son Pca de l’époque, monsieur Simo. Pourtant, à ceux des clients qui avaient réussi à déclarer leurs créances, il leur était expliqué qu’ils pourraient commencer à percevoir leurs droits dans un délai de 04 mois, dans tous les cas, vers le début du mois de septembre, au prorata des recouvrements effectués par le liquidateur.
Covid-19
Ce décès des suites de la maladie de l’heure vient ainsi perturber ce calendrier qui aurait permis aux clients de l’ex-Comeci de retrouver un brin de sourire après plus de 04 ans d’angoisse. Sans doute la conséquence d’une très mauvaise organisation des opérations de déclaration des créances. Dans notre édition n°405 du 07 avril 2021, nous alertions déjà sur la galère des créanciers, suite à cette organisation approximative. A la suite d’une annonce publiée sur les réseaux sociaux invitant les créanciers de l’ex-Comeci (à l’exclusion de ceux du Grand-nord), à venir déclarer leurs créances, exclusivement au bureau ouvert à la direction générale de l’ex-Comeci, au boulevard de la république à Akwa-Douala, une marrée humaine avait pris d’assaut le site de l’opération chaque jour depuis son déclenchement, jusqu’à l’annonce du 19 avril dernier. Selon l’enquête de notre reporter, ce sont en moyenne 200 personnes qui convergeaient au quotidien devant le bureau de la liquidation, où environ 150 étaient reçus chaque jour. Des créanciers qui venaient de l’Ouest, du Centre, et qui s’ajoutaient à ceux du Littoral pour créer un attroupement indescriptible, alors que la propagation à coronavirus bat son plein. Un attroupement qui, de sources autorisées, avait amené les autorités administratives de la ville de Douala à s’inquiéter et à rappeler à l’ordre le défunt liquidateur. D’ailleurs personne ne comprenait cette décision de concentration à la seule ville de Douala, cette opération de déclaration des créances, dont l’opportunité était remise en cause en outre, du fait de l’informatisation du fichier des clients de l’ancienne micro-finance. Pourtant de sources internes à la liquidation, la région de l’Ouest à elle toute seule comptabilise environ 9.000 clients de l’ex-Comeci, portant à autour de la vingtaine de milliers, le nombre de ses clients à l’échelle nationale. Toujours de sources internes à la liquidation, il nous est revenu qu’un check-up de la douzaine de personnel de la liquidation, avait permis de recenser 03 cas de contamination au Covid-19. Difficile de dire si le liquidateur en personne était comptabilisé dans ce bilan déjà inquiétant. Et que dire des nombreux clients de l’ex-micro-finance qui se bousculaient à longueur de journée devant les grilles de cette liquidation ? C’est à craindre que cette liquidation n’ait aggravé les cas de contamination à coronavirus, dont les statistiques ne cessent de grimper. Joint au téléphone il y a une dizaine de jours par notre rédaction, à l’effet de comprendre les raisons de cette organisation très décriée, le défunt liquidateur (que personne n’avait plus revu sur le site de la liquidation depuis des jours), nous avait répondu être bien malade, avant de promettre quelques réajustements, pressé pour le faire par les autorités administratives et judiciaires de la ville de Douala. Des correctifs qu’il n’apportera plus jamais, au grand dam des créanciers, abandonnés à leur triste sort. Vivement une intervention salvatrice des pouvoirs publics, et particulièrement du ministre des Finances, pour sortir ces opérateurs économiques de l’impasse. La relance de l’activité économique en dépend aussi.
Source : « Sans Détour »
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