C’est dans le cadre du Plan mensuel de la police de la route, instauré depuis peu sur certains axes routiers du pays, par la Gendarmerie nationale.
Les mauvaises pratiques observées dans les contrôles routiers sont dans la ligne de mire de la Gendarmerie camerounaise, qui fait front commun avec des leaders de syndicats des transports terrestres. C’est à la faveur du Plan mensuel de la police de la route, initié par le Secrétaire d’État à la Défense chargé de la Gendarmerie, Galax Yves Landry Etoga.
En effet, les 12 et 13 mars 2024, des éléments de la Gendarmerie nationale, conduits par le Colonel Nana, ont patrouillé certains axes routiers. C’était en compagnie des leaders syndicaux, à savoir Lambert Onguene, Coordonnateur national de l’équipe mobile d’intervention rapide de la Confédération Générale des Syndicats des Transports du Cameroun (Cgstc) et Vice-Président national de l’Union Nationale des Camionneurs professionnels du Cameroun (Uncpc).
Le Sed Galax Yves Landry Etoga
Selon les responsables, le Plan mensuel de la police de la route consiste à s’assurer de la régularité des postes de contrôles des éléments des Bataillons routiers motorisés, lesquels ont souvent été à l’origine des tracasseries routières, décriées notamment les transporteurs opérant pour le Tchad et la République Centrafricaine.
39 postes irréguliers sur un corridor
En avril 2023, notamment dans une lettre adressée à son collègue de l’Administration territoriale, le Ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, Joseph Beti Assomo, recensait 66 postes de contrôle, dont 39 postes irréguliers sur le corridor Douala-Ndjamena.
Président Cgstc, Pierre Nyemeck Ntamak
Pendant ces deux jours, les éléments de la Gendarmerie et des leaders syndicaux ont patrouillé plusieurs axes routiers, notamment des axes Yaoundé-Douala-Kribi.
« Cette multiplicité des postes qui constitue un véritable calvaire pour les usagers de cet axe routier est souvent prescrite par certaines autorités administratives locales (sous-préfets, préfets, gouverneurs) », dénonçait Joseph Beti Assomo.
« Par exemple, dans la région du Nord, un poste est censé être constitué de deux éléments. Une fois sur le terrain, ils se divisent, chacun reste à un poste fixe. Ça fait automatiquement deux postes qui se créent, à l’insu de leur chef d’unité. Tout ceci pour davantage tracasser les chauffeurs, et se remplir les poches », expliquait un leader syndical anonyme.
« Nous sommes satisfaits de cette première opération que nous, leaders syndicaux, avons mené avec les services de la Gendarmerie, notamment le Pecops, que nous appelons plus simplement le 1501. Cette mission dans le cadre du Plan mensuel de la police de la route nous a permis de constater que, sur les axes sus-évoqués, les instructions sont respectées à la lettre par les différents chefs d’unités et leurs collaborateurs », a expliqué Lambert Onguene.
Vice-président Uncpc, Lambert Onguene
Aussi, a-t-il exprimé un souhait : « Nous souhaitons que ces actions soient menées de manière récurrente pour nous permettre de traquer ces agents véreux de la Gendarmerie, qui ne respectent pas le plan mensuel élaboré par le Secrétariat d’État chargé de la Gendarmerie. Chose qui nous permettrait également de nous rassurer de ce que nos membres, sur le terrain de leurs voyages, ne soient pas surchargés avec ces multiples postes de contrôle ».
Selon des données officielles, les tracasseries routières coûtent environ 140 000 Fcfa par voyage par camion. Au plan nationale, c’est environ 200 milliards Fcfa qui sont perdus par le trésor public chaque année à cause des intérêts nombrilistes.
Jusqu’où peut aller cette opération d’assainissement du transport routier ? L’on est en droit de poser la question dans la mesure où le racket des transporteurs est encouragé par certaines autorités administratives, lesquelles sont dénoncées par tout un chef de département ministériel. De la prise de conscience collective dépendra le climat social souvent paralysé par des mouvements de grève entretenus par les syndicats de ce secteur d’activité.
Bertrand TJANI