C’est par un décret présidentiel, du 07 septembre 2020, que le président de la République, Paul Biya, a fixé la date des toutes premières échéances politiques au pays.
Le Cameroun organisera ses toutes premières élections régionales, le 6 décembre 2020. « Les collèges électoraux sont convoqués dans chaque chef-lieu de département, le 6 décembre 2020, à l’effet de procéder à l’élection des conseillers régionaux », a indiqué Paul Biya sur son compte twitter. Il s’agit d’une première dans ce pays de 25,3 millions d’habitants qui, malgré les dispositions de la Constitution de 1996, n’a jamais pu élire ses conseillers régionaux.
En effet, d’après la constitution camerounaise, le Conseil régional est l’assemblée délibérante des affaires de la région. Au nombre de 90, les conseillers régionaux sont désignés par les grands électeurs lors d’un scrutin indirect, et sont dotés de pouvoirs limités. D’après les autorités, ces élections permettront d’accélérer la décentralisation dans le pays et de promouvoir le développement à la base.
Cependant, les nouvelles élections annoncées se présentent dans un contexte de tensions entre le gouvernement et plusieurs partis d’opposition, qui ont d’ailleurs appelé au boycott du scrutin. Selon le Social Democratic Front (Sdf), de Jonh Fru Ndi, « la situation sociopolitique et institutionnelle de plus en plus dégradante qui prévaut au Cameroun aujourd’hui reste et demeure la priorité majeure (…) trouvé une solution globale et acceptable à la kyrielle de crises, qui secouent le pays reste la priorité absolue de son parti ». Aussi, il serait inadéquat d’organiser des élections régionales dans ce contexte, au risque de « marginaliser » davantage les populations des régions dites anglophones. Pour le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc), Maurice Kamto, virulent opposant au président Biya, a appelé, le 23 août, à la « résistance pacifique » du peuple contre cette élection. Le gouvernement a répondu par le biais du ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, qui a prévenu qu’« aucun écart ne sera toléré ».Tout laisse présager un nouveau bras de fer entre l’opposition et le pouvoir.
Aubin BEKONDE (Stagiaire)