La désolation, la démobilisation et le découragement du personnel sont à leur comble dans ce département ministériel stratégique pour la réalisation des Grandes opportunités du Président de la République, Paul Biya, résolument engagé à l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035.
Dans l’opinion publique, certains observateurs mal avisés pourraient considérer cette livraison, la toute première d’une série se voulant riche en révélations sur les frasques du ministère des Travaux publics (Mintp) sous l’ère Nganou Djoumessi, comme une sorte de règlement de comptes, par ces nuits de longs couteaux. Tant est que des sources concordantes dignes de foi révèlent qu’il plane en l’air un parfum de remaniement de l’appareil gouvernemental aux allures d’un véritable tsunami. Que nenni ! Il est juste question, faudrait-il le relever, de mettre à la place publique les résultats d’une enquête menée sur la gestion jugée chaotique de ce département ministériel pourtant stratégique, pour l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035, tel que le souhaite de tous ses vœux le Président de la République, Paul Biya. En effet, selon ces indiscrétions de plus en plus ronflantes, rien ne va plus dans cette institution. Non pas qu’elle manque de ressources nécessaires à l’accomplissement de ses missions régaliennes, mais parce que son chef est accusé d’y avoir fait main basse. Vrai ou faux ? Bien malin qui pourrait répondre à cette lancinante interrogation avec exactitude. Toujours est-il que les faits, eux, sont généralement têtus.
C’est un tableau sombre qui se dresse lorsqu’on essaye de faire le point sur le climat social au ministère des Travaux publics, qui rafle presque chaque année la plus grosse enveloppe budgétaire, soit 397.759.000.000 Fcfa cet exercice, suite à la réduction de 61,857.000.000 Fcfa, pour cause de crise sanitaire relative à la Covid-19. Le cas intéressant cette publication est notamment celui des ingénieurs de travaux publics, pour la plupart au bout du rouleau. Derrière la scène, indiquent des sources fiables, lorsqu’on soulève le rideau des grands projets routiers, il ne fait pas bon vivre au Mintp. En effet, une enquête minutieusement menée pendant des mois, sous le manteau d’usagers, a permis de savoir que plusieurs ingénieurs ont été déchargés de leurs postes à chaque mouvement. Là où le bât blesse, renchérissent ces sources, c’est que ces Camerounais sont essentiellement jeunes. La question qu’il faut se poser est de savoir quand est-ce qu’ils se feront la main. D’aucuns, las d’être aux bancs de touche, à défaut de se voir coter des dossiers administratifs au même titre que les autres, n’ont plus d’autres choix que d’aller faire valoir leurs expertises ailleurs. A en croire ces mêmes sources, ces ingénieurs dits marginalisés au profit de la team Nganou Djoumessi se recrutent pour la plupart parmi ceux des régions du Centre et du Sud Cameroun. Au bas mot, rapportent ces sources, c’est une trentaine de jeunes ingénieurs, qui se retrouvent en complément d’effectifs dans ce ministère, où le personnel est pourtant vieillissant. Que cache une telle gouvernance, qui frise la discrimination, voire le tribalisme ? Bien prétentieux qui y répondrait. Toujours est-il que la galère fait son bonhomme de chemin au ministère des Travaux publics, affirment-elles, où les véhicules de projets auparavant affectés à leur suivi aux ingénieurs sont désormais gérés par une structure chargée du patrimoine. En effet, renseignent-elles, cette structure est accusée de louer certains de ces véhicules à des opérateurs du secteur hôtelier à Yaoundé.
Personnel au désarroi
Il y a quelques mois, une plainte adressée par le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, au ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze, accusait le payeur en poste, entre autres, d’effectuer des payements controversés. À la source du problème, renseignent davantage ces sources, le fonctionnaire du Minfi en fonction au Mintp n’en pouvait plus des grosses “parts” que s’attribuait le ministre des Travaux publics et sa bande dans les fonds virés à la paierie, soit environ 65% du budget de l’Etat, contre 35% réservé au reste du personnel. Résultats de course, des ordres payés sur le tard ou même pas, et autres primes non reçues. Entre-temps, ajoutent ces indiscrétions, ces personnels, attachés au piquet des résultats, tirent le diable par la queue. « Au Mintp, il y a de l’argent, mais pas pour tout le monde. Les primes de rendement et pour travaux spéciaux que l’on retrouve dans tous les autres ministères n’existent plus au Mintp depuis 4 ans, du moins pas pour tout le monde. Le ministre est le seul ordonnateur de ces primes et les donne à qui il veut, au point qu’on ne sait pas qui les perçoit », confie un responsable, qui a requis l’anonymat. Selon lui, il pourrait s’agir d’une manœuvre, qui consiste à croquer indument ces primes. Aussi, révèle-t-il que trois personnels de la direction des Affaires générales, associés à la gestion silencieuse de ces fonds, ont récemment mis la main sur près de 60 millions Fcfa. Il s’agit, renchérit-il, d’une secrétaire et de deux autres personnels. A l’en croire, l’affaire a été “gérée” entre le Mintp, le Dag et les protagonistes, qui ont discrètement été mis à l’écart. Comme qui dirait, les présumés voleurs ont été volés. Autant de dénonciations et bien d’autres qui donnent à retenir que les personnels de ce département ministériel broient véritablement du noir. Rien à voir avec les restrictions budgétaires actuelles imposées par le coronavirus, qui continue de paralyser l’économie mondiale, affirment d’autres sources. La descente aux enfers de ces personnels, concluent-elles, a bel et bien commencé avec l’arrivée d’Emmanuel Nganou Djoumessi à la tête du Mintp, lui qu’elles accusent de piller l’institution. Tout comme ses protégés. Enquête à suivre.
Maurice ONANA