C’est un véritable combat de titans. Pendant que de nombreuses personnes s’offusquent contre ce fléau qui gangrène ce pays, ceux qui sont considérés comme les intellectuels se plaisent à jouer avec cette étincelle qui n’est pas loin de créer un incendie.
Depuis l’épisode de « tontinards et sardinards », qui selon certains propos qualifient respectivement la tibu bamileke et les tribus béti-bulu, on assiste avec beaucoup de désolation des tiraillements de part et d’autres, entre ces intellectuels afin de chercher à se donner raison, ou du moins de laver l’image de sa tribu. De passage à l’émission 7 Minutes Pour Convaincre sur le média confrère afrik-inform.com, Ananie Rabier Bindzi (célèbre présentateur de la tribune de l’histoire sur canal 2), a tenu a rappeler que le fait de traiter les peuples du centre de paresseux pars les autres, est un acharnement qui relève de la mauvaise foi. Il a même tenu à rappeler que le peuple Bamiléké est un peuple tribaliste depuis la nuit des temps, en prenant en exemple son cas avec son employeur qu’il estime favoriser les autres issus de la même tribu Bamileke comme lui.
Une sortie qui visiblement n’a pas plu de nombreuses personnes et l’un d’entre eux à tenu à le répondre de la manière la plus violente qu’il soit :
« Pourquoi les journaux des ressortissants de l’ouest titraient dans les années 90 » beti, la betise du cameroun »?
Par Constant François Nepibong
L’émission #7minPourConvaincre du média en ligne AFRIK-INFORM a reçu le journaliste Ananie Rabier Bindzi dans sa dernière édition, dans laquelle il affirmé urbi et orbi que le tribalisme au Cameroun a été exacerbé dans les années 90 par certains médias appartenant à des bamiléké, qui avaient été baptisés à l’époque Sainte Trinité.
Le lien ici https://youtu.be/lNzYWk0r_Ww
J’ai suivi cette émission et je l’ai trouvé pitoyable! Pitoyable parce que connaissant le personnage tribaliste qu’est Ananie Rabier Bindzi. Qui dit restituer l’histoire, mais raconte plutôt des histoires sans confronter les positions des bourreaux à celles des victimes et avec la fâcheuse tendance à couper la parole à ses invités et à reformuler leurs proposà sa convenance. Il me souvient qu’il avait invité le Général Semengue dans une de ses émissions pour affirmer qu’il n’y avait pas eu de génocide en « pays bamiléké « , juste après que le Président Hollande l’ait reconnu publiquement !
Il est important de restituer l’histoire du Cameroun, la vraie! Les bamiléké ont été victimes du tribalisme d’Etat, d’abord colonial et ensuite néocolonial: je ne reviendrai pas sur le génocide (entre 500.000–1.000.000 de morts) au napalm, les viols et autres brimades commis entre 1959 et 1972. Tout comme je ne m’attarderais pas non plus sur l’imposition de laissez-passers jusqu’en 1979 aux bamiléké, qui souhaitaient quitter leurs régions d’origine pour une autre partie du territoire camerounais.
Dans les années 90 une certaine élite béti-bulu a qualifié le SDF de parti anglo-bami dans le but de limiter son expansion! Elle a créé ce qu’on a appelé Essingan et les milices auto-défense sur le campus de l’Université de Yaoundé. Ces milices constituées d’étudiants étaient équipées d’armes blanches (machettes, lances, gourdins, couteaux, etc.) pour assassiner leurs camarades engagés dans la lutte pour les droits des étudiants, dont les meneurs étaient bamiléké. En réaction, certains bamiléké ont créé le Laah’kam qui fût non violent!
La même elite béti-bulu a encouragé ses populations « autochtones » à chasser les bamiléké de chez eux, à piller leurs boutiques et à s’emparer de leurs biens au cours de la période 1990-1993; ce que certains ont malicieusement baptisé « purification ethnique ». Ces purifications ethniques ont eu lieu dans des villes comme Mbalmayo, Sangmelima, Akonolinga, Ebolowa et j’en passe sans que l’État n’intervienne ! En réaction, les médias appartenant aux bamiléké que Bindzi a cités ont titré » BETI, LA BETISE DU CAMEROUN ». Ce titre n’a fait aucun mort, n’a détruit ni pillé aucun bien. Était-il plus incendiaire que ces purifications ethniques, que le contingentement et le génocide des populations bamiléké.
Dans la foulée, un intellectuel béti (Mono Ndzana Hubert) a rédigé un livre qui stigmatisait ce qu’il a appelé « l’ethnofacisme bamiléké « . Aucune réaction du camp d’en face sinon quelques vives protestations! Et aucune réaction de l’État, le garant du vivre-ensemble, de la paix et des stabilités sociales.
Puis vint l’affaire Wouking, de cet évêque bamiléké qui a eu le malheur d’être nommé Archevêque métropolitain de la ville de Yaoundé. Des barricades faites de pneus incendiés ont été érigées à l’entrée de la ville par des jeunes béti en furie pour empêcher aux hôtes venus de l’ouest de se rendre à cette cérémonie. La cathédrale de Yaoundé a été profanée par le jet d’excréments de ceux qui aujourd’hui font arrêter de simples manifestants pacifiques en son sein! Mgr Wouking est mort quelques années plus tard, vraisemblablement des suites d’un empoisonnement. Aucune enquête, affaire classée. A contrario, Monseigneur Joseph Atanga, béti, avait été promu Évêque du diocèse de Bafoussam. Il a été célébré par la population et l’élite de l’ouest et a reçu 2 véhicules tout-terrain (4×4) flambant neufs! Le magazine Jeune Afrique Economie avait titré à l’époque » La grâce se lève à l’ouest ».
Plus récemment, on a vu comment certains intellectuels et médias béti-bulu (MEON, ESSOMBA, VISION 4, ESSINGAN, L’Anecdote, et j’en passe) et d’autres médias détenus par des tireurs à gages comme Sismondi Barkev Bidjocka, ont ethnicisé le débat politique en affublant Kamto et son parti le MRC de tous les noms d’oiseaux, sans égards pour son programme politique ! En face d’eux, ils ont trouvé Patrice Nganang qui utilise les mêmes méthodes, le même procédé. Une victime, une de plus de leur tribalisme d’État.
La génération ancienne bamiléké a toujours été dans la réaction, jamais dans l’offensive. Elle a été oppressée parce qu’elle s’est toujours rangée derrière la vérité et la justice pour un Cameroun prospère. Quand elle adhérait aux idéaux de l’UPC avec un Bassa’a à la tête, Um Nyobe, il existait des partis bamiléké (Djoumessi Mathias, et bien d’autres). Quand elle adhérait au SDF, il existait des partis bamiléké (Hameni Bieleu, Djeukam Tchameni, et bien d’autres).
Mais la génération nouvelle bamiléké plus sûre de sa force est désormais prête à ne pas se laisser faire. Elle est nombreuse (31% de la population camerounaise et 76% de la diaspora camerounaise), intellectuelle, occupe des postes d’officiers au sein des armées étrangères (américaine, canadienne, française, etc.), et est financièrement à l’aise. Elle a observé Kamto longtemps sans adhérer véritablement à ses nobles idéaux parce qu’elle redoutait une nouvelle fois d’être trahie, comme jadis elle l’a été. Mais la vendetta menée contre lui l’a quasiment transformé en messie. Kamto, sans le vouloir et je crois sans l’avoir prémédité, est devenu le messie bamiléké ! Tout s’est joué à 6 mois de l’élection présidentielle. Le basculement s’est opéré. La jeunesse intellectuelle bamiléké qui au départ avait de la répugnance pour les idées tribalistes de Patrice Nganang le suit désormais quasi-religieusement sur facebook et sur sa chaine GCTV. Elle s’abreuve des paroles des nouveaux leaders du MRC (Mamadou Mota, Me Sihm, Bibou Nissack, Me Ndocki, Wilfried Ekanga) comme à des prophéties. Kamto est devenu le messie, et son parti une véritable plateforme de renaissance du Cameroun ! Une fois de plus par la force du tribalisme d’État ! »