Il y a moins d’un an, la Banque des Etats de l’Afrique centrale a annoncé avoir injecté un volume important de pièces de monnaie dans le circuit de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, pour juguler la pénurie. Malheureusement, les utilisateurs de cet argent continuent de souffrir le martyr.
La question de la pénurie de la petite monnaie au Cameroun, comme partout en Afrique centrale, continuent de paralyser l’économie nationale ainsi que celle de la sous-région. En effet, les populations ont toujours du mal à procéder aux transactions financières, à cause de la rareté de cette monnaie. Ceux qui payent le plus lourd tribut se recrutent parmi les opérateurs du secteur informel. Pourtant, le 18 décembre 2019 à Douala, capitale économique du Cameroun, au sortir d’une session du Comité de politique monétaire (Cpm) de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) pour le compte de l’année 2019, le gouverneur de la Beac annonçait qu’un important volume de pièces de monnaie avait été injecté dans le circuit économique de la Cemac afin de juguler la pénurie. Selon Abbas Mahamat Tolli, après le ravitaillement des principales agences de la Beac, cette banque centrale commune aux six États de la Cemac s’employait à faire parvenir les pièces jusqu’aux agences les plus reculées.
Le patron de la Beac avait également fait savoir que dans le souci de booster la vitesse de circulation des pièces de monnaie, les banques commerciales qui venaient se refinancer auprès de la banque centrale devaient intégrer un certain volume de pièces de monnaie. Bien qu’il n’ait pas révélé le montant de pièces injecté dans le circuit économique pour juguler une pénurie qui dure depuis des années, Abbas Mahamat Tolli avait rassuré que la quantité d’argent mise en circulation correspondait largement aux besoins. Que non ! Car, la réalité sur le terrain est tout autre.
Mauvais jeu
En novembre 2019, la Béac confirmait le ravitaillement des pays de la Cemac en pièces de monnaie. «Nous avons annoncé la mise en circulation de ces unités de monnaie au courant de ce mois de novembre et ce sera fait». Cette assurance avait été donnée, le 8 novembre 2019 par Abbas Mahamat Tolli. C’était en marge d’une session du Comité de politique monétaire de cet institut d’émission commun aux six États de la Cemac.
Répondant à cette préoccupation des petits opérateurs économiques au cours d’une conférence de presse, le 4 juillet 2019 dans la capitale économique camerounaise, le gouverneur de la Banque centrale s’était voulu rassurant. «Nous nous sommes effectivement penchés sur cette question. C’est d’ailleurs le vice-gouverneur qui s’en est occupé, et des commandes ont été passées », avait confié Abbas Mahamat Tolli. Et le vice-gouverneur, le Camerounais Dieudonné Evou Mekou, de préciser que les livraisons sont prévues pour le mois de novembre 2019. Rendu en mai 2020, le constat est que les populations continuent de se plaindre de la pénurie des pièces de monnaie. A quoi joue la Béac ? Le commun des utilisateurs de cette monnaie ne saurait répondre avec exactitude.
Cette rareté des pièces de monnaie au Cameroun notamment, survient au moment où plusieurs réseaux d’exportation de ces pièces entretenus par des ressortissants chinois sont démantelés dans le pays. Une fois exportées, révèlent certaines sources, ces pièces de monnaie serviraient à la fabrication de divers objets.
Faut-il également le relever, l’injection des pièces de monnaie dans le circuit économique de la Cemac survient au moment où la banque centrale s’apprête à lancer une nouvelle gamme de billets de banque. Après avoir pris «acte du lancement des travaux de conception d’une nouvelle gamme de billets Beac», le Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac) «engage le gouvernement de la banque à finaliser les travaux nécessaires à la création et à la mise en circulation progressive de cette nouvelle gamme, dans les meilleurs délais possible». Tel est la substance du communiqué ayant sanctionné la réunion des ministres de l’Économie et des Finances de l’Umac tenue, le 02 octobre 2019 dans la capitale camerounaise. Cette nouvelle gamme de billets viendra remplacer celle qui a été officiellement mise en circulation depuis le 24 novembre 2003. Il s’agit des petites coupures de 500, 1000 et 2000 Fcfa et des grosses coupures de 5000 et 10.000 Fcfa utilisées actuellement dans le circuit économique des pays de la Cemac.
Ernesthine BIKOLA