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La diversité culturelle du Cameroun : une arme de développement

Depuis plusieurs années, le pays connait une montée en puissance du repli identitaire. Cela vient porter un coup fatal au brassage des cultures qui autrefois constituait un atout important au développement et à l’hégémonie dans la sous-région Afrique centrale.

Le vivre ensemble de plus de 250 groupes ethniques a toujours contribué au développement harmonieux et à la stabilité sociopolitique et économique du Cameroun. C’est ainsi que, l’absence de conflit armée interne jusqu’en 2016, faisait de lui une référence en matière de paix, de stabilité et de sécurité en Afrique. Cette pluralité de groupes humains repartis sur un territoire de 475 442 km2, structurés en 10 régions, fait du Cameroun une Afrique en miniature. Cependant, depuis cette date, le climat socio- politique du Cameroun est perturbé par deux crises majeures qui dérivent de la mise en selle du repli identitaire. Il s’agit notamment de la crise dite « anglophone » dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest (Noso), et celle consécutive à l’élection présidentielle d’octobre 2018.

Qu’est ce qui pourrait expliquer les velléités de repli identitaire, quand on connait que, depuis l’indépendance, les prééminences institutionnelles ont su jouer avec ses identités à l’effet de consolider leur hégémonie?

Certains analystes politiques indexent la mauvaise gouvernance comme étant l’une des causes fondamentales de ces crises. Leurs argumentaires s’appuient sur la mauvaise répartition des ressources socio-économiques du pays, l’ineffectivité d’un développement inclusif et un ensemble de malversations financières en tant que frein au développement. Ils préconisent, la décentralisation qui vise à promouvoir une gestion inclusive et efficace des particularités locales  en même temps que l’intérêt général. Ce mode de gouvernance permettra d’éviter le sentiment de marginalisation et d’exclusion dont sont victimes certains acteurs sociopolitiques au sein de l’espace public. D’autres par contre, pensent que, le  problème se trouve dans la politique d’équilibre régional. Car, selon eux, « elle est souvent à l’origine de revendications susceptibles de nourrir un repli identitaire ».  Cette hypothèse a récemment été mise en exergue à travers un mouvement d’humeur des ressortissants du département du Noun dans la région de l’ouest-Cameroun. Ces derniers dénonçaient une application de la politique d’équilibre régional à l’occasion d’un concours administratif pour lequel le département aura obtenu 20 originaires sur les 3000 nouvelles recrues à l’échelle nationale d’une part, et 10/353 de l’échelle régionale de l’ouest d’autre part. Idem, pour le mouvement des 10 millions des nordistes du journaliste Guibai Gatama, qui revendiquait leur pourcentage d’admission à l’Ecole nationale de l’administration et de la magistrature(Enam).

Une instrumentalisation de l’appartenance tribale, ethnique, régionale par les entrepreneurs politiques est aussi à relever. Elle se fonde sur une interprétation littérale du préambule de la loi constitutionnelle de 1996 qui introduit les notions de « minorités » et « autochtones » sans en préciser les contours. Ce faisant, elle semble induire un principe de discrimination « positive » qui, instrumentalisée, est de nature à alimenter le repli identitaire à travers une récupération politique ou tribaliste.

Ces quelques points de vues recensés au cours de notre enquête, révèlent à suffisance que la diversité culturelle et linguistique du Cameroun est un atout important de développement de l’implantation de l’Etat-Nation du Cameroun.

Aubin BEKONDE

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