Après avoir nié toute responsabilité, Téhéran a présenté ses excuses et promet une enquête « transparente ».
Dans une surprenante volte-face, l’Iran a reconnu, samedi 11 janvier, sa responsabilité dans le crash de l’avion de la compagnie Ukrainian Airlines, qui a fait 176 morts. « L’enquête interne des forces armées a conclu que, de manière regrettable, des missiles lancés par erreur ont provoqué l’écrasement de l’avion ukrainien et la mort de 176 innocents », a écrit sur Twitter le président iranien Hassan Rohani. Déplorant « une grande tragédie et une erreur impardonnable », que son pays regrettait « profondément », il a ajouté que « les enquêtes se poursuiv[ai]ent pour identifier et traduire en justice » les responsables.
« Nous attendons de l’Iran (…) que les coupables soient traduits en justice », « le paiement de compensations » et « le retour des corps des victimes », a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Facebook. Onze ressortissants de son pays, dont les neuf membres d’équipage, figurent parmi les victimes, qui sont pour majorité des Iraniens ou des Canadiens d’origine iranienne. « Nous espérons que l’enquête sera poursuivie sans retards délibérés et sans entraves », a-t-il ajouté, appelant à donner un « accès total » aux spécialistes de Kiev dépêchés en Iran.
Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, dont 57 ressortissants figurent parmi les victimes selon un bilan actualisé, a lui aussi réclamé de la « transparence » afin qu’une « enquête complète et approfondie » soit menée. Le ministre iranien des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a toutefois estimé que Washington portait aussi une part de responsabilité dans le drame. Une « erreur humaine en des temps de crise causée par l’aventurisme américain a mené au désastre », a-t-il commenté sur Twitter. L’accident est survenu, mercredi 8 janvier au matin, alors que Téhéran était en état d’alerte maximale par crainte de représailles de l’armée américaine. Quelques heures plus tôt, l’Iran avait tiré des missiles contre deux bases hébergeant des soldats américains en Irak, pour venger l’assassinat du général Ghassem Soleimani par une frappe de drone américaine à Bagdad, le 3 janvier.
Dans un communiqué diffusé ce samedi par l’agence officielle Irna, l’état-major des forces armées iraniennes a reconnu que l’appareil de la compagnie Ukrainian Airlines a été pris pour un « avion hostile » et a été touché « de manière non intentionnelle » alors qu’il semblait se rapprocher « d’un centre militaire sensible » des gardiens de la révolution. L’avion, qui effectuait la liaison Téhéran-Kiev, a été visé peu de temps après son décollage de l’aéroport international Imam-Khomeyni, à 6 h 10 du matin, heure locale. Evoquant une « erreur humaine », l’état-major des forces iraniennes a promis de traduire « le responsable » de la tragédie « immédiatement » devant la justice militaire.
Source : France 24