En marge du Conseil d’administration de l’Initiative pour la Forêt de l’Afrique Centrale, les différentes délégations de la République Démocratique du Congo; de République du Gabon; et de la République Centrafricaine disent avoir été impressionnées par le système de subvention du Fonds de Développement des Filières Cacao et Café, présenté, le 04 décembre 2024 à Yaoundé, par son Administrateur, Samuel Donatien Nengue, qu’elles ont d’ailleurs félicité.
Le Fonds de Développement des Filières Cacao et Café (FODECC) s’est donné à voir et apprendre au bassin du Congo, représenté par la République Démocratique du Congo; la République du Gabon; et la République Centrafricaine, en marge du Conseil d’administration de l’Initiative pour la Forêt de l’Afrique Centrale (CAFI).
La visite de la structure par les membres de ces différentes délégations, a permis à son Administrateur, Samuel Donatien Nengue, de présenter son système de subvention des cacaoculteurs et caféculteurs, qui émerveille plus d’un observateur.
Satisfaction et félicitations sont les sentiments qui auront animé les unes et les autres.
Dans son exposé qui donnera lieu à un échange avec les participants, l’Administrateur du FODECC a d’abord tenu à présenter la star de ses innovations, à savoir : le Guichet producteurs, comme un mécanisme révolutionnaire de subvention des acteurs des filières cacao et café, qui s’appuie sur l’outil numérique.
Samuel Donatien Nengue rassurera de ce que cette donne ne distingue ni le genre, ni l’âge, encore moins l’origine ou l’appartenance religieuse. Pour bénéficier ainsi de ce guichet, le producteur doit disposer d’une exploitation de cacao ou café.
Il a relevé que cette subvention est destinée aux parcelles de moins de 30 ans et est limitée, cette année, à 02 hectares par producteur, qui déclanche lui-même la procédure de demande de subvention en s’identifiant via l’application Guichet producteurs, téléchargeable en ligne.
« Nous avons trois partenaires dans la mise en place du Guichet producteurs : les agrodealers qui sont les vendeurs d’intrants agricoles ; les banques et établissements de microfinance ; et l’administration. Ces trois partenaires ont été mis en commun pour pouvoir conduire ce processus par des négociations. Et, l’État, à travers ses agents, appuie ce mécanisme par les chefs de postes agricoles qui encadrent les producteurs à la fois dans leurs activités au quotidien et sont des intermédiaires du FODECC, pour implémenter la solution sur le terrain. Mais, le guichet, une fois qu’il a été mis en place, permet l’extension de deux autres, notamment le Guichet collectivités, pour le financement des infrastructures d’une certaine taille et le guichet de transition agroécologique », a-t-il fait savoir.
Il a expliqué que pour le Guichet collectivités, les bénéficiaires sont à peu près les mêmes. « Il peut y avoir des communes ou une personne capable, des coopératives ou des collectivités territoriales.
Ce guichet finance les équipements collectifs, la mise en exploitation des structures particulières liées aux types d’activités relevant du portefeuille du FODECC, notamment les stations de lavage, les aires de séchage, l’acquisition du matériels de fermentation, la formation à l’appui conseil qui représente moins de 10 % de la valeur de la subvention.
Les modalités, quant à elles, sont adossées au financement des plans d’affaires plus lourds. Évidemment, il y a un dispositif qui voudrait que le plan soit élaboré par les bénéficiaires sous encadrement et qu’il soit soumis à un comité local qui le valide. Après, il est transmis au fonds pour son financement », a-t-il informé.
L’Administrateur a laissé entendre que le financement des investissements sur les équipements des communes représente sensiblement 70 % du plan d’affaires et un maximum de 80 % en équipements contre un minimum de 20 % sur la contribution de la commune des bénéficiaires.
Le financement de l’exploitation et de la mise en œuvre des coopératives est financés à peu près dans les mêmes proportions.
Comme il s’agit du cofinancement, le fonds prend 70 % et 30 % relèvent des acteurs. Ce que nous ne finançons pas, c’est tout ce qui relève de la main d’œuvre ».
Il a davantage expliqué pour parvenir à ce résultat, les bénéficiaires doivent avoir été enrôlés dans le Guichet producteurs.
Le 3e guichet sur la transition agroécologique a été conceptualisé. Il s’agit de faire migrer la production actuelle du cacao et du café vers un stade plus amélioré, qui intègre les préoccupations liées aux changements climatiques et à la protection des forêts.
Pour justifier le bien-fondé de l’arrimage à cette nouvelle donne, Samuel Donatien Nengue est revenu sur les phénomènes météorologiques qui ont paralysé la vie dans l’arrondissement de Massok-Songloulou, le 08 septembre 2024. « En une nuit, il a suffi d’une crue, pour voir disparaître 11 ponts. C’est un phénomène qu’on n’avait jamais vécu. Quand on a été témoin de ce genre de phénomènes, quand on en a été victime, on prend conscience d’un certain nombre d’enjeux ». Aussi, est-il persuadé que le moment est arrivé d’intégrer cette donne dans les pratiques, non sans évoquer le cas d’une jeune dame qui a perdu une exploitation agricole dans ce désastre.
Un modèle de réussite
« La présentation qui nous a été faite par l’Administrateur du FODECC sur les différents guichets est très intéressante, très enrichissante à plusieurs égards.
Effectivement, il est intéressant d’observer que dans la sous-région, un pays comme le Cameroun puisse être un exemple de réussite dans la subvention des acteurs des filières cacao et café, à travers des innovations qui nous été présentées, tant dans le résultat des effets souhaités que dans la manière dont c’est organisé. Le tout sur du digital. C’est très enrichissant pour nous. Je pense que notre pays pourra s’en servir comme exemple », s’est réjouit
Davy Onomori du Gabon.
Apprendre de l’expérience du FODECC
« Nous sommes à Yaoundé dans le cadre du 25e Conseil d’administration de l’Initiative pour la Forêt de l’Afrique Centrale, qui est un des bailleurs du FODECC.
Il était prévu dans le cadre du partage d’expériences une visite du FODECC étant donné que, dans le bassin du Congo et même dans les autres régions d’Afrique, cette structure a une expérience qui est très réussie en termes d’appuis aux agriculteurs dans la promotion de l’agroécologie. Donc, nous étions là pour écouter, voir, échanger avec les animateurs du FODECC par rapport à ce qu’ils ont pu faire. Généralement, nous apprenons plus facilement de l’expérience des autres qui ont réussi et nous observons aussi très généralement que les expériences qui viennent de nous être présentées sont lointaines. Mais, pour nous, c’est une fierté de voir qu’une organisation africaine, du bassin du Congo comme le FODECC a pu ressusciter, soutenir tout un secteur. Pour le comprendre, il faut voir la part du secteur cacao et café dans l’économie camerounaise et le nombre d’agriculteurs qui sont employés. Nous avons entendu au cours des échanges que le FODECC en deux ans avait enregistré plus de 350 mille producteurs. Ce qui est un chiffre énorme. Donc, ce maillon dans l’économie africaine, camerounaise qui bénéficie de l’expertise du FODECC et de son système ingénieux mis en place vaut la peine de lui jeter les fleurs et valait la peine de venir et de nous rendre compte sur place de ce qui est en train d’être fait. Nous sommes très édifiés et nous voulons féliciter les animateurs du FODECC et tous les membres de cette organisation, a félicité le Pr Joseph Longunza Malassi, de la République Démocratique du Congo.
Bertrand TJANI