Simone Ehivet va enfin sortir les Ivoiriens, les Africains, et tous les analystes de l’ambiguïté et des supputations en se lançant officiellement dans la politique conquérante. Son instrument de conquête du pouvoir d’Etat est le ‘Mouvement des Générations Capables’ (MGC). Une organisation citoyenne lancée le 25 septembre 2021. En un an, cette organisation a été si dynamique et présent sur le terrain que sa direction a été obligée d’adapter ses textes fondamentaux pour en faire un parti politique qui va se mettre en lumière les 19-20 août 2022.
Erreurs politiques de Gbagbo
La catastrophe du 17 juin 2021 (reniement public de Simone Ehivet), le cataclysme du 21 juin 2021 (demande de divorce), ont contribué à créer le MGC d’abord comme organisation citoyenne. Face à ces erreurs politiques du Président Gbagbo, les militants des premières heures du FPI, se sont écriés, ‘Gbagbo nous a tués.’ Ce cri de détresse n’était pas sans raison. Simone représentait +55% de la base électorale du FPI. Le Président Gbagbo, élu le 26 octobre 2000, reconnaît publiquement que son épouse avait contribué à +60% à cette victoire. Levant son verre à cette occasion à l’honneur de son épouse Simone Ehivet, qui aura mené les combats les plus rudes de leur parcours politique, Gbagbo déclare. ‘Si j’ai gagné, c’est à elle que je le dois. Elle a fait 60 % du travail.’
Le retour à l’histoire une seule seconde aurait prévenu le Président Gbagbo de tomber dans le piège politique dans lequel, il s’est retrouvé. Il se serait rappelé au moins leur arrestation le 18 février 1992. Les tortures subies par sa camarade-épouse. Leur procès pour tentative de subversion sanctionné par six mois de prison, avant d’être graciés. Entre autres épreuves douloureuses avant la tragédie du 11 avril 2011, il y a eu le grave accident de la circulation survenu en 1996 qui a failli leur coûter la vie. Le couple Gbagbo-Ehivet est passé par tant d’épreuves.
Rupture consommée
L’autre faute que le Président Gbagbo a commise c’est de n’avoir pas suffisamment encadré la création de son(?) nouveau parti. Tout s’est fait dans l’amateurisme, les injures et l’humiliation de son ex-camarade. Pourtant, elle n’a jamais mis en avant sa détermination, son engagement politique, et son courage à dégoupiller les situations difficiles, pour chercher à voler la vedette à son camarade-époux.
Les dérives langagières et pratiques des nouveaux partenaires de Gbagbo ont amené Simone Ehivet a ‘observé’ à travers la Décision N◦ 01/2021/LG du Président Laurent Gbagbo signée du Dr. Assoa Adou que ‘depuis le lancement de l’idée de création d’une nouvelle Organisation politique, au Palais de la Culture le 9 Août 2021, [ses] anciens camarades de Parti utilisent des méthodes d’approche pour le moins surprenantes: aucune convocation de réunion, aucune consultation, des nominations que l’on découvre sur Internet ou dans la presse écrite.’ Sur cette façon cavalière de faire, elle exige ‘un minimum de respect et de considération.’ Sur ce constat, la rupture a été consommée.
Le parti MGC éclot alors que les ‘agresseurs’ de Ehivet Gbagbo ont épuisé leurs ‘balles.’ En plus, ce n’est pas le moment d’aggraver les problèmes. Il y en a eu suffisamment. Et la gestion catastrophique et criminelle de Alassane Ouattara n’autorise pas des cavalcades personnelles.
Une ‘Kennedy’ au féminin
Pour l’opinion politique tant africaine qu’occidentale, Simone Ehivet est une candidate potentielle à la présidentielle avec de nombreux atouts. Elle est pour la presse étrangère et africaine, l’une des meilleures si non la meilleure femme politique Africaine. Mais aussi classée parmi les femmes politiques les mieux cotées du monde.
Beaucoup voit en elle une femme déterminée, courageuse et bien plus consciencieuse que ce que tout le monde pourrait croire—une ‘réformatrice.’ Une ‘Kennedy’ au féminin. Une femme qui sait très bien ce qu’elle veut, et ce qu’il faut faire pour atteindre loyalement un objectif politique sans amasser les incohérences dans sa démarche. Dotée d’une grande capacite analytique anticipative, et d’un savoir-faire qui lui permet d’adapter les stratégies politiques au contexte, elle renie la médiocrité et lutte pour apparaître comme la voie du changement—non pour une ‘alternance,’ mais pour une ‘alternative.’
Ouvert aux patriotes et nationalistes
Créer ce parti s’avère ne pas être le choix personnel de la Première Dame Ehivet Gbagbo. Elle a été contrainte par plusieurs faits—la maturation rapide de l’association MGC. La démographie hétérogène de ceux qui grossissent les rassemblements dont elle est impliquée. Le volontarisme des personnes fascinées par sa philosophie politique.
Cette organisation qui se voudra libre, indépendante, souverainiste, ne s’inscrira sûrement pas dans l’orbite de la droite. Au-dessus des clivages, elle sera ouverte à tous les patriotes et nationalistes qui voudraient changer l’éthique dominante, sortir du joug colonial qui étrangle la Côte d’Ivoire depuis la période coloniale, et servir la République.
Bousculements dans le système politique
Depuis plusieurs années, Simone Ehivet a déplacé le curseur de la compréhension de la vison politique en Côte d’Ivoire. Le 25 septembre 2021lors du lancement de l’association MGC, elle a déclaré à ses membres, ‘votre vision ne doit ni être Simone Ehivet ni un individu.’ Avant de conclure, ‘notre vision, c’est une Côte d’Ivoire forte, souveraine, réconciliée, moderne et prospère. La vision ce n’est pas un homme.’ Cette conception de la vision politique présage de vastes bouleversements sur l’échiquier politique ivoirien excessivement mouvant, et sans barrière idéologique définie. Ce scenario pourrait être une épine dans le flanc des partis Ivoiriens dits libéraux.
Le MGC s’inscrit comme un mouvement intergénérationnel pour répondre à la demande interactionnelle entre les générations politiques, vieillissante d’une part, et grandissante ou naissante, de l’autre. Cette corrélation, compte tenu de la mouvance géopolitique est nécessaire. Elle permettra le transfert de connaissance et d’expérience a la jeune génération, afin de changer qualitativement les mentalités et les comportements pour un passage réussi de témoin—clef d’une gestion alternative du pouvoir pour la souveraineté politique et économique du Continent.
Questions économiques
Le FPI comme l’ensemble des partis politiques au pouvoir en Côte d’Ivoire et partout en Afrique, a échoué par excès de théorisation de la politique. Au lendemain des élections, ce n’est pas un changement de politique économique qui s’opère, mais un balancement entre chaise oppositionnelle et fauteuil présidentiel.
Pourtant, briser les situations d’inégalité et d’injustice nécessite de mettre ensemble les facteurs éthiques, socio-économique et politique. Si la culture de l’éthique permet d’avoir un citoyen qui a ‘la compétence, poussée jusqu’à l’excellence, intègre, honnête, incorruptible, qui a la crainte de Dieu, et respecte les croyances religieuse et philosophique’ des autres, ses valeurs ne tiennent que si elles ont un fondement économique solide. Le développement du secteur agro-pastoral informel (vivrier ou céréalier) qui est souvent à cycle court (trois mois) pour une production d’au moins 10 tonnes à l’hectare, contrairement au café-cacao, qui produit 350 kilo/ha ou l’huile de palme qui produit à l’hectare 2000litres contre le tournesol qui donne 10t tous les trois, devrait être pensé et exécuté. L’encouragement des start-ups est aussi une bonne option pour le développement du Progrès Scientifique et Technique (PST) devant faire maillage avec l’agro-pastoral informel.
Feumba Samen