Selon le Ministre du Commerce en visite de travail dans la région, le 02 septembre dernier, sur invitation du Conseil régional du Sud, la profitabilité partagée de la commercialisation du produit, passe nécessairement par la lutte acharnée contre la gangrène.
Le Ministre du Commerce (Mincommerce) était en visite de travail dans le Sud, le 02 septembre 2022. C’était sur invitation du Conseil régional auquel préside aux destinées Emmanuel Mve Elemva. L’occasion a permis à Luc Magloire Mbarga Atangana de déclarer une guerre sans merci à une gangrène préjudiciable au bonheur des cacaoculteurs. Il s’agit de l’activité des coxeurs, une catégorie de parasites d’opérateurs économiques sans foi ni loi, qui passent le clair du temps à plumer les producteurs dans la région.
En effet, l’atelier tenu ce jour à l’Hôtel Bengo d’Ebolowa a permis au Ministre du Commerce de faire l’état des lieux de la cacaoculture dans la région du Sud. Suite à la déréglementation des produits de base à la fin des années 1980 et le désengagement de l’Etat, le marché autrefois florissant et sous le contrôle des pouvoirs publics se fait désormais au gré à gré. Cette nouvelle donne qui devrait profiter aux principaux acteurs de la chaîne que sont les agriculteurs crée malheureusement le contraire de l’effet escompté. Les producteurs ont de la peine à se concerter et à se constituer en associations sérieuses à même de se prendre en charge. Ce qui n’est pas fait pour améliorer leurs conditions de vie.
Prendre le taureau par les cornes
Fort de ce constat, le Président du Conseil régional du Sud, dans le souci de changer la donne et de donner de l’espoir aux agriculteurs, a entrepris un certain nombre d’initiatives décidées en partenariat avec l’Association nationale des producteurs de cacao et du café coordination du Sud. Ce qui permet ainsi de prendre le taureau par les cornes. Emmanuel Mve Elemva a, au cours des travaux, condamné l’évasion du tonnage de la région vers d’autres cieux, les prix bas qui sont pratiqués par les acheteurs et les coxeurs véreux.
Le Ministre du Commerce a félicité le Président du Conseil régional du Sud, pour l’initiative visant à encadrer les Seigneurs de la terre. Un appel a ainsi été envoyé à ces derniers via l’association dont Éric Mvondo Ondoua est le président, pour que les efforts soient redoublés sur le plan de la lutte mécanique et les bonnes pratiques agricoles. Il a exprimé le voeu qu’ils soient de véritables entrepreneurs agro-pastoraux et sollicité la participation des pouvoirs publics de tous bords, pour encadrer les planteurs.
Dans un discours dénué de toute fioriture, Luc Magloire Mbarga Atangana a martelé sa détermination à tuer pour la quatrième fois le coxage. Un lexique assez révélateur de sa hargne a été employé à cet effet, pour qualifier les coxeurs : « Des criminels, prédateurs, voleurs sans foi ni loi, bandits de grands chemins, sangsues à mettre hors d’état de nuire » a été utilisé dans la salle pleine à craquer où se retrouvaient l’Inspecteur général du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, le gouverneur de la région du Sud, les préfets des différents départements, les maires, les forces de maintien de l’ordre, les organisations professionnelles institutionnels, les banquiers et les acheteurs, les chefs traditionnels, les élus locaux, la société civile et les cacaoculteurs. Il a invité les différents acteurs de la filière à se conformer à la réglementation en vigueur. Pour plus d’efficacité, le personnel du Conseil régional devra intégrer les équipes de brigades mixtes de contrôle.
Grâce à la synergie enclenchée entre le Conseil régional du Sud et l’Association nationale des producteurs de cacao et café coordination du Sud, les acteurs de la filière ont là une belle occasion de valoriser le label cacao made in Cameroon et d’avoir une juste rétribution de leur produit, pour que cette culture retrouve ses lettres de noblesse. La volonté partagée a été manifestée en marge des travaux, à travers la vente aux enchères du cacao, sous le regard vigilant du Mincommerce. En effet, une vente groupée du cacao de près de 100 tonnes a eu lieu et le marché gagné au prix de 1200 Fcfa/kg, par la société Oficam. De quoi redonner de l’espoir aux cacaoculteurs et de les inciter à produire mieux et plus pour des lendemains reluisants.
Luc Mbarga Atangana, Ministre du Commerce : « Le ministre est venu accompagner naturellement les autorités administratives locales et le représentant du ministre de l’Agriculture et du Développement rural. Le ministre a vu, le ministre a écouté, le ministre repart satisfait et convaincu de l’intérêt de cette synergie d’actions entre les acteurs de la filière, grâce à l’initiative du Conseil régional du Sud. L’objectif, il faut bien le comprendre, on produit du cacao ici au Sud, on produit même du bon cacao. Là où le bât blesse, c’est qu’il y a des intrus qui viennent interférer, s’immiscer dans les transactions, des gens qui n’ont rien à voir dans le secteur, ce sont eux qui tirent les marrons du feu et les avantages du secteur. Conscient de cela, le Conseil régional du Sud a pensé qu’il était temps ici au Sud de redonner les lettres de noblesse aux producteurs à travers une rémunération correspondant à leur labeur. C’est le sens de notre visite de travail, parce que nous voulions apporter la preuve par les faits, la preuve de ce que s’il y a un minimum de discipline, les choses vont devoir bien marcher au profit en premier du producteur. Nous avons procédé à une séance de vente telle que cela doit se faire, parce que c’est la règle. Le cacao ne peut se vendre que dans le cadre du marché, où les acheteurs sont mis en concurrence, qui a parlé. Il y avait quatre opérateurs. L’offre la plus intéressante l’a emporté. Je dois le reconnaitre, pour le plus grand bien des producteurs du Sud. 1200 Fcfa, c’est le prix du kilogramme. Cela veut dire que si
c’est organisé, si c’est tenu en main et si chacun s’implique en restant dans son rôle, les acteurs et les producteurs en premier, les pouvoirs publics, les autorités administratives et aujourd’hui le Conseil régional du Sud, on aura un arrière-pays heureux, tel que le souhaite le Président de la république. C’est la grande leçon d’Ebolowa.
Emmanuel Mve Elemva, Président du Conseil régional du Sud : « Avant toute chose, permettez-moi de donner mon sentiment et mon appréciation sur la visite de monsieur le Ministre du Commerce et du représentant du Ministre de l’Agriculture et du Développement rural, qui sont venus ici à Ebolowa à l’invitation du Conseil régional du Sud, pour clarifier et soutenir l’initiative que nous avons prise désormais d’encadrer et d’accompagner les cacaoculteurs afin que ces seigneurs de la terre comme on les appelle puissent bénéficier du juste prix de leur labeur. Je pense que ce n’est un secret pour personne, monsieur le ministre l’a martelé, il y a une véritable gangrène dans la filière du cacao que sont les coxeurs. Il faut leur livrer une lutte acharnée, déterminée. Je crois que nous avons deux leviers importants dans la région du Sud, c’est l’agriculture et le bois, qui fait notre richesse et qui malheureusement, comme le cacao, fait l’objet d’un traitement injuste notamment pour ceux qui sont bénéficiaires, les paysans qui vivent avec cette richesse de la nature et les cacaoculteurs qui produisent. Le Conseil régional du Sud a donc dit toute sa détermination à faire changer les choses, pour que, désormais, les cacaoculteurs bénéficient du juste prix. Après une vente aux enchères, nous sommes arrivés au prix de 1200 Fcfa le kilogramme du cacao alors que nous savons que sur le terrain, ces coxeurs achetaient ce cacao à 700 ou 800 Fcfa le kilogramme. Ce qui est inadmissible. Ils profitaient ainsi de l’indigence de nos cacaoculteurs. Nous sommes donc satisfaits de la visite de monsieur le ministre, qui est venu nous soutenir dans notre initiative. Nous sommes contents de son passage, parce qu’il a clarifié les rôles et désormais, croyez-moi, avec l’appui de l’autorité administrative, nous allons mener, comme je l’ai dit, une lutte sans merci à ces coxeurs et surtout faire tout pour que le cacaoculteur soit le premier bénéficiaire de son travail. Voilà notre joie et notre fierté aujourd’hui. »
Bertrand TJANI