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Cameroun : polémique autour des cours de rattrapage radiotélévisés

Comme Emmanuel Ngouaba, enseignant hostile à système, de nombreux observateurs avertis, proposent un arrêt de l’année scolaire et une prise en compte des résultats des premier et deuxième trimestres en lieu et place des notes d’examens officiels.

Depuis le 06 avril 2020, les cours de rattrapage dispensés sur les médias publics. Malheureusement, ces enseignements ne rencontrent pas l’assentiment de tous. Il n’y a pas, jusque dans les milieux éducatifs, où des voix ne s’élèvent pour décrier cette démarche. La réaction la plus retentissante enregistrée ces derniers jours est celle d’Emmanuel Ngouaba, ancien inspecteur pédagogique national, fait «chevalier des palmes académiques», par le président de la République, Paul Biya. L’enseignant passé au ministère des Transports, depuis un temps, a donné son avis sur la question, le 07 avril 2020 sur une radio émettant à Douala, la capitale économique du Cameroun. 
Selon le lauréat, «cet objectif, au départ, est noble. Mais, au niveau de la méthodologie, la faisabilité, la mise en œuvre de l’idée pour l’enseignant que je suis, est complètement ratée», a-t-il fait savoir. Aussi, pense-t-il que ces cours sont source de discrimination, d’injustice sociale en raison du fait qu’ils excluent nombre de localités, qui n’ont pas accès au réseau Crtv – la Cameroon Radio Television. Emmanuel Ngouaba critique des méthodes, qui n’accordent plus une place importante à la participation de l’élève. «On est revenu à des cours magistraux comme si on était à l’université», constate, amer, l’enseignant. Il se demande ce que l’on fait de la pratique et en conclut que «toutes les conditions ne sont pas réunies», pour des cours à distance de qualité. Résultat de course, pense-t-il, les examens projetés ne peuvent être crédibles. «Les élèves sont traumatisés. Quel est le Camerounais qui n’est pas traumatisé par le coronavirus ? Même les ministres, les directeurs généraux, moi-même, je le suis. Vous voyez un élève aller dans un mois ou deux composer un examen ? Là, on serait en pleine sorcellerie pédagogique», analyse l’enseignant. 
«Ces cours à distance, pour moi, c’est une comédie. Si on continue avec ces cours à la Crtv, alors là, on aura choisi un mensonge pédagogique, un mensonge intellectuel et une injustice sociale terrible et inacceptable», accuse-t-il. 
Il propose que l’on stoppe l’année scolaire et que l’on prenne, comme en France, les notes des premier et deuxième trimestres en considération en lieu et place, pour suppléer les examens officiels. Ce qui, selon lui, «est acceptable». Pour ce faire, il appelle à sécuriser les notes dans toutes les régions du Cameroun. 
Emmanuel Ngouaba voit des intentions inavouées dans la volonté d’organiser les examens de fin d’année. «Je vais vous faire une petite révélation, puisque les examens au Cameroun génèrent des milliards de Fcfa, ça fait un deuxième salaire pour les enseignants, des frais de mission pour les gens des ministères, etc. Vous voyez donc qu’en réalité, personne ne veut perdre tout cet argent, ce deuxième salaire, ces millions», dénonce l’enseignant.

Bertrand TJANI

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