C’est à travers une interview accordée à la presse au terme de sa visite de travail effectuée, le 25 octobre 2023.
« Nous allons ouvrir cette autoroute, Yaoundé-Douala, du moins sa phase 1 des 60 kilomètres à la circulation officiellement dans les tout prochains mois.
S’agissant des travaux, les chaussées sont entièrement réalisées ; les travaux de raccordement sont en train d’être achevés. Il restera les équipements d’exploitation, c’est-à-dire les équipements de la gare de péage ; les bâtiments sont en train d’être construits et dans les prochains mois, ils seront achevés et on va commencer l’exploitation de l’autoroute.
L’autoroute n’est pas une route ordinaire. Nous avons pour cet ouvrage une autoroute de 110 km de vitesse de référence. Ce qui me donne d’ailleurs l’occasion de revenir sur les spécifications techniques de cette autoroute. C’est une autoroute de 33,5 mètres de plateforme contrairement à certaines infrastructures autoroutières qui ont 26 mètres de plateforme. On peut l’élargir à trois voies, c’est une autoroute de 2 x 2 voies susceptibles d’être élargie par l’intérieur. La plateforme est donc plus grande. Conséquemment aussi, les ouvrages hydrauliques, les ouvrages d’assainissement ont été dimensionnés à cette plateforme pour capter davantage les eaux. D’ailleurs, les faits nous donnent raison avec l’importance des précipitations actuelles. Le dimensionnement de nos ouvrages a été fait de telle manière que ces ouvrages vont capter les eaux et empêcher une dégradation rapide de l’autoroute.
Troisième chose à dire, on peut voir l’environnement géographique et sa construction, il est bel et bien accidenté. Nous avons des déblais et certains vont jusqu’à 42 mètres. Et tout cela a entrainé des travaux de terrassements extrêmement importants. Je donne là des données d’entrée qui permettent à qui que ce soit qui se tente dans des exercices de comparaisons pour voir pourquoi l’autoroute Yaoundé-Douala peut coûter x et non y par rapport à une autoroute de tel ou tel autre pays qui coûterait z et non w.
Il faut ajouter que c’est une option technique qui a été arrêtée pour que notre autoroute s’inscrive effectivement dans la modernité des autoroutes d’un certain nombre de grands pays. Nous pourrions réaliser une voie expresse et l’appeler autoroute comme ça se fait dans certains pays, mais nous avons choisi de réaliser cette autoroute moderne avec une chaussée lourde dimensionnée à plus de 25 années de vie et nous réalisons cette autoroute sur un site formidablement accidenté. Tout cela a un coût.
Pour finir, nous avons passé un contrat à prix unitaire. Ça veut dire quoi ? On paye pour ce qui a effectivement été réalisé. Ce n’est pas un contrat à prix forfaitaire. On paye dans le cadre d’une réunion de chantier avec des équipes projets qui comprennent les missions de contrôle technique et géotechnique, l’ingénieur du marché, l’entreprise. Bref, c’était pour dire comment on en est arrivé à l’autoroute qui sera donc mise en circulation dans les tout prochains mois.
Au regard de ce que l’autoroute traverse un certain nombre de contrées environnantes, au regard de ce que l’autoroute sera exploitée par des chauffeurs qui sont organisés en syndicats, il a fallu les informer sur le comportement à avoir vis-à-vis de l’autoroute pour éloigner les risques d’accidents.
Déjà, il y a une campagne d’information et de prévention qui est menée par des équipes de la gendarmerie depuis quelque temps. Mais cela ne pas, il faut impliquer tous les usagers de l’autoroute, les riverains. C’est la raison d’être de la campagne. Elle est faite par un partenaire qui a été sélectionné (Martial Manfred Missimikim, Directeur exécutif de Securoute, lauréat du Koffi Annan Road Safety Award 2023 : Ndlr), mais il n’est pas le seul. C’est un rôle qui peut être joué par tout un chacun.
La réalisation d’une infrastructure routière, autoroutière n’a pas vocation d’accentuer les difficultés des populations, mais plutôt de contribuer à l’amélioration de leurs conditions de vie. Il a donc fallu, dans le cadre de cette campagne, rassurer aussi les magistrats municipaux qui portent les attentes des populations riveraines par rapport aux mesures d’accompagnement qui sont arrêtées. Certaines sont déjà effectives, d’autres suivront, par exemple l’aménagement des voies alternatives. L’autoroute ne pouvant pas être empruntée n’importe comment, il faudrait que les populations riveraines retrouvent une possibilité de mobilité à tout le moins égale à celle qu’ils avaient avant l’aménagement de l’autoroute. Mais, ces voies alternatives seront meilleures. Nous avons commencé déjà à déléguer des ressources à certains maires pour aménager ces voies alternatives. Ces ressources ne sont pas entièrement déléguées, mais le processus va se poursuivre.
D’abord, les indemnisations ici sont importantes. Et les commissions consultatives ont fait leur travail de constat et d’évaluation ; les montants sont connus et nous tournons autour de 2 milliards 193 millions. On a déjà payé une bonne partie. Et c’est tout un processus et il faut vérifier. Il y en a qui peuvent, parce qu’ils appartiennent à une seule famille, faire une ou plusieurs déclaration sur le même bien. Il faut vérifier. Tout cela est désormais derrière nous et nous connaissons le montant et les dossiers ont été apprêtés.
Le 16 aout dernier, j’ai indiqué à ces populations qui sont venues à ma rencontre que quelque chose sera fait pour que véritablement l’on comprenne que l’Etat prend des engagements qu’il respecte. Et cela a été fait en un premier temps en direction de ceux des bénéficiaires qui étaient sur l’emprise utile des travaux, c’est-à-dire qui était installés sur le site où l’entreprise doit absolument poser sa pelle. Les bénéficiaires qui étaient un peu en retrait n’en ont pas bénéficié.
Mais, le prochain exercice, c’est pour ces bénéficiaires et de proche en proche, nous allons payer tout le monde. Mais, je tiens à dire qu’il faut à la base un document juridique qui constate le Droit dont chacun peut se prévaloir ».
Propos recueillis par Bertrand TJANI