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Cameroun : la crise post-électorale, bombe à retardement pour la CEMAC

Les répercussions de la crise post-électorale au Cameroun, pays considéré comme la première puissance économique de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale, sont susceptibles de compromettre la stabilité de l’ensemble du bloc sous régional. Une crise aiguë et prolongée pourrait avoir des conséquences économiques, financières et commerciales désastreuses.

Le Cameroun est un pilier central de l’économie de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac), composée de six États membres dont le Cameroun, la République du Congo, le Gabon, la Guinée Équatoriale, le Tchad et la République Centrafricaine. Il représente environ 40 % du Produit Intérieur Brut (PIB) de la Cemac.

Par principe de solidarité monétaire, le pays assure la majeure partie des réserves de change de la zone, constituant en moyenne 49 % de cette enveloppe commune déposée en partie au Trésor français.

Il faut dire que le Cameroun abrite environ 40 % du tissu industriel de la Cemac et fournit entre 40 % et 58 % des volumes d’importations de la sous-région.

Le conflit post-électoral survenu après la présidentielle de 2025 fait craindre une crise majeure.

Le Président Paul Biya, réélu officiellement pour un huitième mandat à l’âge de 92 ans avec 53,66 % des suffrages, est confronté à un contexte sociétal nouveau. Contrairement à la crise de 1992, l’émergence de la « génération tête baissée » et l’influence du numérique exposent une jeunesse camerounaise très connectée qui aspire à un renouvellement de la classe politique et à une amélioration significative de son niveau de vie et des infrastructures.

Les lignes de fracture

L’autoproclamation de victoire du candidat Issa Tchiroma Bakary (54 % selon ses dires), ancien ministre de Paul Biya reconverti en opposant, est soutenue par plusieurs forces : la zone anglophone, en rébellion armée depuis 2017, le legs électoral des figures d’opposition comme John Fru Ndi et Maurice Kamto, écarté de la course de 2025.

Un soutien intérieur et extérieur puissant, avec l’évocation d’un pays voisin habitué aux champs opérationnels de guerre comme support logistique plausible.

Tchiroma, qui défend le fédéralisme et le maintien du franc CFA dans son fonctionnement actuel, est perçu par ses adversaires du RDPC comme bénéficiant de soutiens extérieurs, notamment après la diffusion d’une photo en compagnie de l’ancien ambassadeur de France, Thierry Marchand.

Conséquences financières et commerciales

Une déstabilisation politique du Cameroun se traduirait par des « coulées de laves » sur la Cemac. Une crise au Cameroun entraînerait une dégringolade économique et financière du pays, érodant ses réserves de change. Le mécanisme de solidarité de la Cemac, par lequel un État peut utiliser les avoirs des pays disposant de surplus de devises pour couvrir ses propres besoins d’importation, serait affaibli.

Si la crise camerounaise perdure et ruine ses réserves, cela mettrait en péril la capacité d’importation des six États membres et pourrait mener à la dévaluation catastrophique du franc CFA de la Cemac.

Le Cameroun joue un rôle pivot géographique en partageant des frontières avec les cinq autres États de la CEMAC. Le pays assure le transit essentiel des exportations et importations du Tchad et de la République Centrafricaine (RCA). Il garantit l’évacuation de ses propres produits agricoles et semi-finis vers le Gabon et le Congo. Même si le port en eaux profondes de Pointe-Noire (Congo) pourrait redevenir une alternative pour la RCA ou le Tchad, le commerce sous régional bénéficie massivement au Cameroun.

Cependant, plusieurs institutions financières sous régionales implantées au Cameroun pourraient subir les dégâts d’une crise majeure à savoir : le groupe bancaire Afriland First Bank, la microfinance camerounaise Express Union International.

C’est dire que, le volcan politique camerounais menace donc non seulement sa propre stabilité, mais aussi l’intégralité du socle économique et financier de l’Afrique Centrale, en raison de son rôle central dans les échanges et le système monétaire de la zone.

La rédaction

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