C’est le 1er janvier 2022 que l’annonce de Washington est tombée jugeant l’Éthiopie, le Mali et la Guinée de violer les principes de l’accord.
Le 18 mai 2000 le Congrès américain a adopté la loi connue sous le nom «African Growth and Opportunity Act» (Agoa), en français Loi sur la croissance et les opportunités en Afrique. Le but de cette loi est de soutenir l’économie des pays africains en leur facilitant l’accès au marché américain s’ils suivent les principes de l’économie libérale. Cette union représente un intérêt réciproque pour les deux parties, les pays africains ayant ainsi la possibilité de s’affirmer progressivement sur la scène mondiale en entrant dans la mondialisation, et les États-Unis (composés de 313,9 millions d’habitants, en 2012) bénéficiant ainsi d’une nouvelle source d’approvisionnement, notamment en pétrole. En effet, cette Loi américaine offre des incitations tangibles pour les pays africains à poursuivre leurs efforts pour ouvrir leurs économies et créer des marchés libres.
Fort donc de cela, le 1er janvier 2022 trois pays africains se sont vus exclus de ce programme mis en place en 2000 sous l’administration Clinton pour faciliter et réguler les échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Afrique. Pour cause, les gouvernements éthiopien, malien et guinéen, en raison d’actions prises par chacun de leurs gouvernements, ont violé les principes de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa), a déclaré le bureau du représentant américain au Commerce (Ustr). La liste des pays bénéficiaires de cette loi est révisée tous les ans.
Raisons de l’exclusion
Au mois de novembre 2021, le gouvernement américain avait déjà annoncé la couleur aux pays concernés. Il faut le dire, les États-Unis s’inquiétaient particulièrement des « violations flagrantes des droits humains internationalement reconnus, perpétrées par le gouvernement éthiopien et d’autres parties dans le conflit qui s’étend dans le nord de l’Éthiopie ». Aussi, des sanctions économiques ont été formulées à l’endroit du Mali et de la Guinée.
« L’administration Biden-Harris est profondément préoccupée par le changement anticonstitutionnel des gouvernements » dans ces deux pays, précise l’Ustr. « Chaque pays a des repères clairs pour une voie vers la réintégration et l’administration travaillera avec leurs gouvernements pour atteindre cet objectif », a rassuré l’Ustr. Le traitement préférentiel des exportations vers les États-Unis est particulièrement important pour l’Éthiopie, en proie depuis près d’un an à un conflit militaire entre le Front populaire de libération du Tigré (Tplf) et les forces du gouvernement. L’administration américaine a exhorté à plusieurs reprises les parties éthiopiennes au conflit à négocier sans aucune condition préalable. Sans succès.
Pour ce qui est de la Guinée, l’armée a destitué début septembre le président Alpha Condé, un an après sa réélection pour un troisième mandat. Depuis, le pays est dirigé par une junte et leur leader, Mamady Doumbouya, président par intérim. Le pays n’a toujours pas donné de garantie pour une remise du pouvoir aux civils. Quant au Mali, il a connu deux coups d’État militaire en l’espace de quelques mois, en août 2020 puis en mai 2021, et est désormais dirigé par le chef des putschistes, le colonel Assimi Goïta. Les deux coups d’État ont été vivement critiqués au niveau international et les responsables ont été sanctionnés sur les plans diplomatiques et économiques.
Cette expulsion sera lourde de conséquence pour l’Ethiopie qui selon les données du département américain du commerce, dans le cadre de l’Agoa emploie 100 000 personnes et a exporté pour environ 525 millions de dollars de marchandises vers les États-Unis en 2020. Pour le Mali et la Guinée, l’impact de cette décision sera moindre, car les deux États exportent moins – respectivement pour 10 millions de dollars et 2,2 millions en 2020 – que l’Éthiopie vers les États-Unis selon les données de l’administration américaine.
Ernesthine BIKOLA