Et si le soleil devenait le nouveau meilleur ami de l’industrie cotonnière camerounaise ? C’est en tout cas le pari audacieux que vient de lancer la Sodecoton avec un appel d’offres pour équiper son usine de Touboro d’une centrale solaire photovoltaïque. Après des années de dépendance aux groupes électrogènes, le géant du coton veut enfin donner une chance aux rayons du soleil… et faire des économies !
Adieu gasoil, bonjour photovoltaïque !
Le projet est clair : installer une centrale solaire autonome d’au moins 110 kVa, capable de collaborer avec les groupes électrogènes existants. Budget prévu ? 300 millions de FCFA. Délai ? 180 jours, chrono en main. Et pour corser l’affaire, seules 13 entreprises présélectionnées – dont EDF Cameroun, Energy Arno et d’autres – sont autorisées à concourir. On dirait presque un épisode de The Voice, mais version énergie renouvelable.
Pourquoi ce soudain amour pour le solaire ?
Tout a commencé avec les délestages intempestifs d’Eneo et la flambée des prix du gasoil. Imaginez : le groupe principal de 1 500 kVa avale allègrement 250 litres de gasoil par heure, soit l’équivalent d’un réservoir de berline allemande… toutes les soixante minutes. Et il tourne près de 22 heures par jour pendant 4 à 5 mois. Le petit groupe de 110 kVa, lui, sirote 7 litres par heure pour alimenter bureaux et logements. Une facture énergétique qui donne des sueurs froides.
Touboro, laboratoire de la transition énergétique
Désignée site pilote, l’usine de Touboro va tester une nouvelle forme d’autonomie. L’objectif ? Remplacer le groupe de 110 kVa par une centrale solaire pour les annexes (bureaux, logements, etc.), avant de viser plus haut : ateliers, garage et réseau incendie. À terme, la Sodecoton espère même doubler la puissance disponible. Le soleil, nouveau patron de l’usine ?
Une démarche écolo… et stratégique
Au-delà des économies, ce projet s’inscrit dans une dynamique plus large : la Stratégie nationale de développement 2020-2030 et les engagements internationaux du Cameroun en matière de réduction d’émissions carbone. La Sodecoton, en bon élève, vise même la norme ISO 50001 sur la performance énergétique. Preuve que transition écologique et rentabilité peuvent faire bon ménage.
En somme, si tout se passe comme prévu, Touboro deviendra bientôt le symbole d’une industrie plus verte… et moins dépendante des caprices du prix du gasoil. Affaire à suivre, sous le soleil camerounais !
Gérald Nyatte
