En déclarant face à la presse en date du 13 février 2020 qu’il ne sera plus candidat à une quelconque élection au Cameroun, le chairman vient de jeter un pavé dans la marre dans un pays où les partis politiques se confondent à leurs fondateurs.
La décision de l’homme fort de Ntarikon de se retirer de la scène politique ne manque pas de faire gloser plus d’un. Au moment où certains leaders de partis politiques au Cameroun font tout pour se maintenir et être candidat à toutes les élections présidentielles. Le Chairmain Ni John Fru Ndi vient de jeter l’éponge afin de céder la place à une nouvelle génération. Beaucoup présageait déjà de cette annonce officielle venant du leader du Sdf (Social democratic front). En effet, à l’approche de la dernière élection présidentielle de 2018 à laquelle le parti de la balance avait pris part, contre toute attente, le Chairman avait annoncé qu’il ne sera pas candidat. Lors du congrès qui devait déboucher sur la désignation du candidat du Sdf, le président à travers une course de relais avait passé le témoin à un de ses lieutenants à savoir Joshua Osih.
Cet acte du Chairman avait fait le tour du monde, et la une de plusieurs journaux. Certains y voyaient l’attitude de grandeur d’un homme politique qui peut se mettre à l’écart pour ouvrir la nouvelle page au sein de sa formation politique. D’autres par contre voyaient en cela, un retrait tactique du fait de la fragilisation de la base politique du Sdf relativement à la crise anglophone. Tout compte fait, les scrutateurs politiques percevaient déjà les prémices d’un départ politique programmé de l’homme qui a secoué le landernau politique dès le retour du Cameroun au multipartisme et a toujours été le challenger du président Paul Biya.
Le retrait volontaire du Chairman, Ni John Fru Ndi intervient au moment où la grande majorité des partis politiques restent dirigés par les mêmes personnalités, et ce depuis leur création. Par exemple le Rassemblement démocratique du peuple camerounais(Rdpc ) qui est toujours dirigé par le président Paul Biya depuis 1985, de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès ( Undp) créée le 09 février 1991 sous la présidence de Bello Bouba Maigari depuis près de trois décennies, Le mouvement progressiste( Mp) toujours dirigé par Jean jacques Ekindi jusqu’à son retour récent au Rdpc. L’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (Andp) créée en 1995 et dont la présidence reste assurée par Amadou Moustapha. A cette liste de partis politiques, on peut ajouter plusieurs autres qui n’ont jamais connu de changement réel à leur tête. Certains changements ont intervenu seulement au décès de certains présidents à ce niveau, on peut citer le cas d’Adamou Ndam Njoya qui est resté président de son parti jusqu’à son dernier soupir.
A l’observation, il y a lieu de dire que les partis politiques du Cameroun se confondent souvent à leurs leaders. Il n y a pas souvent une réelle séparation entre le leader d’une formation politique au Cameroun et son appareil politique. Pourtant les partis politiques sont des associations dans lesquelles on retrouve un grand nombre de personnes à travers lesquelles devraient se dégager une certaine dynamique qui doit légitimement se matérialisée dans le changement d’hommes à la tête. Dans certains pays occidentaux notamment, on assiste au changement d’hommes à la tête du parti sans pour autant fragiliser le parti. Par contre, au Cameroun le changement de personnes à tête d’un parti politique rime avec la fin d’un parti. L’acte de Fru Ndi sonne comme une révolution et appelle les autres inamovibles présidents à faire ce pas afin de mettre en musique la parole présidentielle du 10 février 2021 qui appelait les uns et les autres à se préparer à transition générationnelle
Emmanuel MVELE