Une fausse information parue chez un confrère le mercredi 04 janvier 2023 a jeté la confusion sur les chiffres des accidents de la circulation au Cameroun durant l’année dernière. Pourtant, les indicateurs puisés du monitoring permanent au ministère des Transports rassurent sur la baisse drastique du nombre des personnes décédées sur les routes camerounaises depuis plus d’une décennie, à la faveur d’une panoplie de mesures gouvernementales prises en vue de la sécurité et de la sûreté routières.
« Accident de la route : Plus de 3 000 morts en 2022 ». Telle est le titre qui barre la une de l’édition du quotidien Emergence du mercredi 04 janvier 2023. Un véritable coup sensationnel, canular de la désinformation, qui a plongé une bonne partie de l’opinion dans l’émoi et la confusion. Le journal dit s’appuyer sur le bilan d’un certain rapport récemment publié par le ministère des Transports, département en charge de la politique gouvernementale en matière de sécurité routière. Pourtant le responsables du Mint-le ministère des Transports, sont les premiers à être surpris par ce chiffre astronomique, totalement à l’antipode de la baisse graduelle et permanente du nombre des accidents de la route et des décès qu’ils causent au Cameroun depuis plus d’une décennie. Une sortie visiblement au vitriol, qui masque mal les manœuvres de dénigrement de quelques thuriféraires mal inspirés, tapis sous l’ombre de cette publication peu éloquente. Pour cause, cette digression informationnelle intervient quelques jours seulement après l’intervention du ministre des Transports, à l’auditorium des Services du Premier ministre, au cours du conseil de cabinet du mois de décembre 2022, tenue le jeudi 29 décembre dernier. A cette occasion, Jean Ernest Massena Ngallè Bibéhè indiquait que le rapport 2022 sur la situation des accidents de la route n’est pas encore disponible, en attendant la compilation des informations des services de la gendarmerie nationale, du ministère de l’administration territoriale, de la Dgsn, du Minsanté, des assurances et des autres services intéressés. D’ailleurs au cours de cet exposé, le Mint s’est montré plutôt optimiste, au regard des indicateurs disponibles dans ses services, ressassés sur la base du monitoring permanent sur la situation des axes routiers du Cameroun, avant d’envisager un chiffre en dessous des 963 cas de décès enregistrés l’année dernière. « La fréquence des accidents de la circulation a considérablement baissé sur nos routes. Nous sommes ainsi passés de 3 525 accidents et 1 588 tués en 2011 à 2107 accidents et 963 tués en 2021, et bien moins en 2022, selon les indicateurs en notre possession », a fait remarquer le patron des transports au cours de son exposé, à l’adresse des autres membres du gouvernement.
Cameroun : office de bon élève
Où le confrère est-il allé chercher le chiffre de 3 000 morts d’accidents de la route au Cameroun en 2022 ? Et à quelles fins ? Des questionnements dont on aurait pu faire l’économie au regard de l’évolution plutôt positive des chiffres sur les accidents de la circulation au Cameroun depuis une décennie. En effet, selon une étude réalisée par un cabinet indépendant, le cabinet Cyscom pour ne pas le nommer, sur l’impact des mesures de sécurité routière mises en place par le gouvernement, et les statistiques des accidents de la circulation routière de la gendarmerie nationale en 2011 et 2020, les chiffres des accidents de la circulation et des décès liés aux accidents de la route, sont en constante régression depuis 2011. (Voir tableau annexé). En 2011, on enregistrait 3 525 accidents de la route pour 1 588 tués, contre 2 341 et 929 décès en 2017, et 2 107 accidents et 963 tués en 2021. C’est dire l’impact de ces mesures gouvernementales sur la maitrise des accidents de la route dans le pays. En la matière, le Cameroun fait office de bon élève et d’exemplarité dans le système des nations unies, dont le rapport global sur la sécurité routière faisait état de 1,2 million de morts et 50 millions de blessés en moyenne chaque année, à l’échelle planétaire. Revenant sur la situation au Cameroun, le rapport du cabinet Cyscom va plus loin, en présentant les causes des principaux accidents de la circulation dans le pays. 35 % sont imputables aux excès de vitesse, 17 % à l’état des véhicules, 10,5 % à la conduite en état d’ébriété, 10,5 % à la non maitrise du volant, 10 % à l’état de la route, 7 % au mauvais dépassement, et 10 % aux autres causes. Le rapport de la situation globale de sécurité routière au Cameroun, rendu public en 2021 par les bons soins du ministère des transports, complimentait déjà sur les effets bénéfiques des mesures gouvernementales dans la réduction significative du nombre des accidents de la route et des décès dus à ces accidents. « Il importe de relever que grâce aux actions sus évoquées, le rapport global des accidents ainsi que des personnes tuées au Cameroun est passé de 3525 accidents et 1 588 tués en 2011 à 2 107 accidents et 963 personnes tuées en 2021. Ces avancées, qui ne relèvent pas du hasard, traduisent les efforts permanents et considérables déployés par le gouvernement dans la lutte contre les accidents de la circulation routière », conclut le rapport.
Stratégie
3 000 décès liés aux accidents de la circulation en un an ! Une affabulation grotesque qui aurait déconstruit toute la politique gouvernementale dans la prévention et la lutte contre les accidents de circulation. Depuis 2010 le Cameroun n’a jamais enregistré un résultat pareil sur ses axes routiers. Au contraire, le pays s’illustre par une artillerie lourde de mesures préventives et correctives, toutes destinées à réduire considérablement les hécatombes sur la route. En exposant le 29 décembre dernier sur le « bilan et les perspectives de la stratégie de réduction des accidents de la route », le ministre des Transports a décliné les 05 piliers de la décennie d’action qui ont conduit à la réduction substantielle du nombre des accidents et des tués y afférents sur le routes camerounaises. 05 piliers adoptés en conformité avec les recommandations du programme « Road Safety Performance review » édicté par le système des nations unies, et les orientations du plan d’action de l’Union africaine pour la sécurité routière. Le premier pilier concerne la gestion de la sécurité routière tant sur le plan national qu’international, avec comme contenu, la mise à disposition du document de stratégie à tous les intervenants dans la chaîne de la sécurité routière, l’organisation des concertations en vue de l’élaboration des documents juridiques, l’élaboration et l’adoption d’un cahier de charges sur les activités de sécurité routière, l’obtention du très haut accord du président de la république pour la signature de la charte africaine sur la sécurité routière. Le 2è pilier se préoccupe de la sécurité des routes et de la mobilité. Il prend en compte la systématisation des opérations d’enlèvement des obstacles et des véhicules en panne ou mal garés sur les axes routiers, en liaison avec les collectivités territoriales décentralisées. Depuis le lancement de la campagne de ce 2è pilier en décembre 2018 jusqu’à date, on enregistre sensiblement 2 000 obstacles enlevés sur le réseau routier national. Ce pilier de l’action gouvernementale se préoccupe également de l’acquisition et de la mise à disposition des Ctd-Collectivités territoriales décentralisées, des matériels de balisage pour la sécurisation des zones accidentogènes sur les axes routiers, la réalisation des audits de sécurité routière sur les routes nationales en phase de construction ou de réhabilitation, la réalisation des études pour la sécurisation de certains axes routiers, et bien d’autres actions. Le 3è pilier a trait à la sécurité des véhicules. Ceci induit la mise en place d’un système d’homologation dédié aux nouveaux types de véhicules, pour se rassurer de leur conformité au normes requises, la création des centres spécialisés pour la formation des contrôleurs de centres de visite technique au standards internationaux, l’installation obligatoire des ceintures de sécurité fonctionnelles dans les véhicules de transport en commun, la réforme de la sécurisation du processus de contrôle technique et de la délivrance de la vignette de visite technique automobile. Dès la mise en route de la réforme, 58 % des camions et presque la totalité des taxis ont été enregistrés pour la première fois dans les centres de visite technique, et sensiblement 3 000 fausses vignettes de visite technique décelées sur l’ensemble du territoire national, selon le constat fait par les responsables du ministère des Transports. Quant au 4è piliers des mesures gouvernementales, il porte sur la sécurité des usagers de la route. Il cumule un certain nombre d’actions, dont la mise en place d’un nouveau plan médiatique de prévention et de sécurité routière, la formation des populations riveraines des axes routiers réputés accidentogènes aux gestes de premier secours, la production et la mise à disposition d’environ 20 000 copies de la version du Code de la route illustré et imagé, en langage facile, dans les établissements scolaires ; la production et la distribution d’environ 30 000 cahiers et 100 000 dépliants, flyers et affiches murales portant des messages de sensibilisation à la sécurité routière ; la création d‘environ 500 clubs de prévention et sécurité routière dans les établissements scolaires ; l’acquisition d’environ 1 500 000 alcootests chimiques, pour lutter contre les accidents de la circulation dus à la consommation d’alcool, et bien d’autres mesures dont les résultats sont probants dans le recul du nombre d’accidents sur les routes. Le 5è pilier porte sur les soins après les accidents, avec au menu, d’importantes mesures prises par le ministère de la Santé publique, comme réponse à la survenue des accidents sur les axes routiers. Il en est ainsi de la création des centres d’urgences et de l’amélioration du plateau technique des formations sanitaires situées la long des axes réputés accidentogènes, ou encore la formation des pairs éducateurs (2 500) et pairs sensibilisateurs (9 000) aux gestes de premiers secours.
Une ribambelle de mesures dont l’impact se veut positif sur la maitrise de plus en plus affirmée des accidents de la route au Cameroun, notamment à travers le changement de comportement chez de nombreux usagers. A titre d’illustrations, note le ministre des Transports, on constate 45 % du taux de respect des durées moyennes par trajet sur les axes réputés acciodentogènes, 25 % du taux d’observation du port de la ceinture de sécurité, 34 % de baisse du taux de consommation d’alcool et de substances psychoactives au volant ; 23,4 % de baisse des cas d’excès de vitesse sur les axes routiers, et 15,6 % de baisse des cas de fatigue au volant, d’après les études réalisées en la matière sous la commande des responsables du Mint. En somme, un véritable culte de la performance qui entraine aujourd’hui une baisse drastique des fâcheuses statistiques liées aux accidents de la circulation, et que le canular de certaines publications orientées ne saurait diluer.
Source : « Sans Détour »