Une session de plein droit du Conseil municipal de Mombo, tenue le lundi 06 mai 2024, a permis d’élire Emmanuel Chitoh, comme nouveau Maire de cette Commune. En remplaçant feu Janvier Eric Kundé décédé, le Maire SDF hérite d’une Commune exsangue, qui a besoin d’un homme à poigne pour sortir de son sommeil profond. Le Préfet du Moungo, Yves Bertrand Noël Ndjana, a donné des directives fortes au nouvel élu, pour redonner ce sourire perdu à ses populations, à travers des réalisations sociales visibles.
Le Préfet du Moungo, malgré son langage qu’il a voulu le plus édulcoré et le plus diplomatique à l’ouverture de cette session du Conseil municipal consacrée à l’élection du nouveau Maire, a craché toute la vérité sur la réalité de la Commune de Mombo : « Lorsque je fais la classification des Communes du Moungo, la Commune de Mombo est l’une des dernières, sinon la dernière ».
Le diagnostic fait par le Représentant de l’État pour cette Collectivité Territoriale Décentralisée en 4 ans de gestion de ce Conseil, est des plus pathétiques : La Commune de Mombo est derrière au sens de la mobilisation des ressources, dernière au sens de mauvaise gouvernance locale. Les effectifs sont pléthoriques. Chaque mois, on doit payer un personnel qui ne travaille même pas. Tous les crédits alloués pour le développement de la localité payent ce personnel qui ne travaille même pas. Du coup, on fait des années et des années, rien ne change à Mombo ».
Bien alarmant est le spectacle de gestion à vau l’eau qu’offre la Commune de Mombo pourtant classée deuxième du Moungo, il y a moins de 10 ans. Même en adoucissant ses propos, le constat de misère rampante dans laquelle l’exécutif municipal plonge les populations est aux antipodes du progrès, si ce n’est l’antithèse de l’émergence : « Lorsque nous regardons votre commune, nous observons qu’il y a encore beaucoup de choses à faire. On a besoin d’eau, on a besoin de routes, on a besoin de toutes les infrastructures de base. Vous devez être conscients de cela, et ce n’est pas un jeu ».
Le développement de Mombo, orchestré par l’équipe régnante, n’est pas visible. Seules quelques actions d’éclat d’une élite majeure de Mombo nommée Sognia Bertin et du Député de la localité donnent encore de l’espoir aux populations.
C’est dans ce contexte de marasme social qu’Emmanuel Chitoh a été élu nouveau Maire de Mombo. Beaucoup d’émotions sur son visage lorsque le Doyen d’âge, Anjeigoh Martin dit Zimbabwé, proclame qu’il vient de remporter dans un scrutin « clean and clear » par 16 Voix contre 7 face à Daniel Njomé. Mais, l’immensité de la tâche qui attend ce successeur de feu Janvier Eric Kundé est fastidieuse.
Emmanuel Chitoh n’a pas d’état de grâce. Il lui faut en un temps record, redorer le blason d’une ville mourante qui expire, lasse, dégoûtée, abrutie. Abrutie surtout par une race rare d’employés qui a tourné le dos à la créativité et qui se retrouve toute dans les carrières et les marchés, pour collecter de l’argent qui prendrait, apprend-on, des directions peu orthodoxes.
Oui, prendre la tête de l’exécutif municipal, n’est véritablement « pas un jeu ». Il faut, comme l’a conseillé le Préfet Yves Bertrand Noël Ndjana, être la personne la plus à même d’impulser une nouvelle dynamique de développement à cette commune monocolore au plan politique, et dirigée par le Social Democratic Front.
Autant le Préfet était le seul à demander une minute de silence pour l’ancien Maire défunt, autant il a demandé une salve d’applaudissements pour le nouvel élu. Message de ces applaudissements nourris, indique le Préfet : « Nous voulons que la victoire soit la victoire de Mombo ; que vous vous mobilisiez pour travailler, lutter contre le sous-développement et la pauvreté et, amener votre commune au développement socioéconomique ; que Mombo se développe, que Mombo ait de l’eau partout, de l’éclairage et toutes les infrastructures qui permettent que la vie puisse être agréable aux populations ». La feuille de route est tracée. Reste au Maire Chitoh, à être véritablement cet « Emmanuel » attendu, c’est-à-dire ce « sauveur » dont Mombo a criardement besoin.
S. A. (Correspondance particulière)