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Lutte contre la vie chère : l’interpellation du Chef de la Brigade Nationale des Contrôles et de la Répression des Fraudes du Mincommerce

La 37e édition de la Journée internationale de la femme célébrée, le 08 mars 2022, a donné l’occasion à Barbara Elemva-Amana, digne femme dynamique camerounaise, et première femme Chef de la Brigade Nationale des Contrôles et de la Répression des Fraudes du Ministère du Commerce, de revenir sur les enjeux de la journée, la politique du Chef de l’Etat sur la promotion de la parité, la place de la femme dans le développement socioéconomique, la lutte contre les pratiques commerciales illicites ou trompeuses, ses rapports avec les organisations de défense des droits des consommateurs, ses attentes vis-à-vis des populations…

1-Madame Elemva-Amana Barbara, avant d’être le Chef de la Brigade Nationale des Contrôles et de la Répression des Fraudes du Ministère du Commerce, vous êtes une femme camerounaise, qui s’est joint à la femme du monde pour célébrer sa journée, le 08 mars 2022. Que représente pour vous la Journée internationale de la femme ?

Pour moi, la Journée Internationale de la Femme (JIF : Ndlr) est une journée qui vise à célébrer les réalisations sociales, économiques, culturelles et politiques des femmes. Elle marque aussi un appel à l’action pour accélérer le mouvement de parité entre les genres.

2-Que vous inspire le thème de la Jif 2022 : « L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable » ?

A mon sens, ce thème est clairement un appel à l’action en faveur de notre environnement par les femmes et pour les femmes. En effet, des études récentes ont mis en exergue l’existence d’un lien étroit entre le genre, l’équité sociale et les changements climatiques. En l’occurrence, elles ressortent en substance que les femmes sont plus vulnérables aux changements climatiques que les hommes, car elles constituent la majorité des populations les plus pauvres et les plus dépendantes aux ressources naturelles que la crise climatique menace le plus. Aussi, tout en saluant les initiatives durables dans lesquelles nombreuses d’entre elles sont impliquées dans le monde, continuer d’examiner les opportunités ainsi que les contraintes dans l’optique de leur donner les moyens de faire entendre leur voix et d’être actrices égales dans la prise de décisions liées aux changements climatiques et à la durabilité est essentiel pour le développement durable et une plus grande égalité des sexes.

3-Pensez-vous que la femme camerounaise occupe une place de choix dans la politique de développement du Cameroun ?

L’on peut dire que la place de la femme dans la politique de développement du Cameroun s’est considérablement améliorée malgré d’indéniables disparités encore perceptibles, du fait notamment de préjugés sexistes séculaires et certaines survivances socio-culturelles surannées qui, j’en ai la conviction, seront progressivement noyés par la volonté politique et par l’irréversible évolution du temps. Cette note méliorative trouve son fondement sur les avancées enregistrées au Cameroun sur au moins quatre plans : institutionnel, éducationnel, socioéconomique, et politique.

Sur le plan institutionnel, le Cameroun comme la plupart des pays africains, a ratifié la majorité des conventions et résolutions internationales de promotion des droits des femmes. On peut, entre autres, citer la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’égard des Femmes (CEDEF : Ndlr), le Programme d’Actions de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement, les Objectifs de Développement Durables dont la mise en œuvre s’est traduite localement, pour ce qui est de la dimension relative à la femme, par la définition d’une politique nationale genre, servant de cadre d’orientation des interventions dans le domaine de la promotion de l’égalité et de l’équité entre les sexes. En outre, tout un Département ministériel chargé des questions de genre a été créé.

Dans le domaine de l’éducation, les indicateurs du Cameroun côtoient de manière remarquable, les standards internationaux ainsi qu’il ressort de l’évaluation achevée des anciens Objectifs du Millénaire pour le Développement. L’on note en l’occurrence que le taux de fréquentation des programmes au niveau préscolaire est d’environ 27% chez les garçons contre 23% chez les filles. Ces dernières représentent d’une part, 84% des effectifs contre 87% de garçons dans l’enseignement primaire et d’autre part, 94% des jeunes filles achevant le cycle primaire contre 93% de garçons.

Sur le plan socioéconomique, l’amélioration de l’égalité genre et l’autonomisation des femmes compte parmi les défis majeurs du Cameroun pour l’atteinte des objectifs fixés dans sa Vision à l’horizon 2035.

Sur le plan politique, selon des données récentes de l’Organisation Mondiale des Parlements Nationaux (Inter-Parliamentary Union), le Cameroun occupe le 47ème rang sur un classement de 190 pays, dans le domaine de la représentativité des femmes au Parlement avec un taux de 33,9% de représentation féminine à l’Assemblée Nationale, et de 26% au Sénat. Au regard de ce qui précède, il est possible de dire que la femme occupe une place non négligeable dans la politique de développement du Cameroun.

4-Quelles pourraient être davantage les attentes de la femme camerounaise vis-à-vis des hommes en particulier et de l’Etat du Cameroun en général ?

Malgré les avancées sus relevées, de nombreux défis subsistent à l’échelle nationale et parmi les plus saillants, l’on peut citer : l’application effective des lois et règlements, en l’occurrence ceux visant à promouvoir l’aspect genre et à protéger les droits de la femme ; l’élimination des résistances sociales, juridiques et culturelles, notamment en zone rurale, justifiant la persistance de certaines pratiques culturelles néfastes telles que le mariage de jeunes filles.

Ces défis au niveau holistique peuvent se traduire sur le plan individuel (en termes d’attentes vis-à-vis de l’homme) par une attitude de considération et de respect de la part de l’homme vis-à-vis de la femme et par un accompagnement de celle-ci en vue de son autonomisation.

5-Quels messages pourriez-vous adresser aux autres femmes camerounaises pour qu’elles jouent véritablement leur rôle de premier facteur du développement économique et humain ?

Loin de m’ériger en modèle ou donneuse de leçons, je pense en effet qu’il revient au premier chef aux femmes d’œuvrer de manière à être des artisanes du changement pour l’amélioration de leur situation. Ainsi, l’ampleur des tâches à accomplir et les enjeux sont tels qu’il faille mobiliser au maximum les énergies aux niveaux national et international pour des actions novatrices, audacieuses et multiformes. Ainsi, celles des femmes leaders de par leurs actions et réalisations, doivent tirer vers le haut les plus vulnérables, qui sont du reste majoritaires, à travers un renforcement des campagnes de sensibilisation sur le rôle des femmes dans tous les domaines et les sphères de la vie économique et sociale ; une renforcement de l’organisation des femmes en zone rurale, en vue de la mutualisation de leurs efforts dans le cadre de la réalisation des activités génératrices de revenus.

6-Revenant sur votre casquette institutionnelle, qui est Barbara Elemva-Amana ?

Barbara Elemva-Amana est le Chef de la Brigade Nationale des Contrôles et de la Répression des Fraudes du Ministère du Commerce.

7-Quel est le sentiment qui vous anime de savoir qu’en tant que femme vous êtes le Chef de la Brigade Nationale des Contrôles et de la Répression des Fraudes du Ministère du Commerce ?

Le sentiment qui m’anime est double. D’abord, de déférence et de gratitude à l’endroit de la Hiérarchie qui, à travers cette nomination, m’a accordé sa confiance. Ensuite, une motivation à relever le challenge lié à ces responsabilités, notamment en tant que femme.

8-En quoi consistent vos missions régaliennes ?

Suivant la Décision N°2012/513 du 12 novembre 2012, placée sous l’autorité d’un Chef de Brigade, la Brigade Nationale des Contrôles et de la Répression des Fraudes est chargée entre autres : du suivi de l’application de la législation et de la réglementation sur le commerce, la concurrence, les prix, la métrologie, les produits subventionnés, les normes, la qualité et le service après-vente ; du suivi du recouvrement des recettes provenant des amendes et des travaux métrologiques ; de la diligence des poursuites au parquet, en relation avec la Division des Affaires Juridiques ; du contrôle des stocks spéculatifs des produits ; du contrôle des produits préemballés et assimilés ; de la prévention et de l’élimination des pratiques anticoncurrentielles ; du prélèvement de la plus-value sur stocks consécutive à un relèvement des prix des produits soumis à l’homologation et à celui occasionné au stade industriel ou de gros par une taxe à la consommation.

9-Pourriez-vous revenir sur quelques faits d’arme de votre brigade ?

S’il est vrai qu’il serait fastidieux voire difficile d’énumérer tous les résultats obtenus par la Brigade Nationale des Contrôles et de la Répression des Fraudes sous l’impulsion de Monsieur le Ministre du Commerce depuis ma nomination à sa tête en novembre 2018, l’on pourrait tout au moins mettre en exergue quelques-unes de ses réalisations notamment l’assainissement du marché dans les filières riz, blé/farine, poissons, matériaux de construction, etc. ; la régulation en vue de l’équité dans les transactions commerciales ; les missions de lutte contre les pratiques anticoncurrentielles, etc.

10-Etes-vous la première femme à occuper ce poste de responsabilité au Cameroun ?

A ma connaissance, oui. Mais il faut relever que la Brigade Nationale a des démembrements aux niveaux régional, départemental et des Arrondissements, où l’on retrouve à leurs têtes d’autres femmes qui œuvrent sans relâche pour l’atteinte des objectifs à nous assignés.

11-Quels sont les regards que les hommes posent sur vous lorsque vous assurez vos missions sur le terrain ?

Il serait peut-être judicieux de leur poser la question. Je pense pour ma part que les femmes occupent de plus en plus dans notre société, des postes stratégiques tant dans le secteur public que dans le privé et donc, les regards de la société vis-à-vis d’elles évoluent avec cette mutation. Ainsi, le plus important pour nous est de nous concentrer sur l’accomplissement des missions qui sont les nôtres.

12-Votre hiérarchie est-elle satisfaite des résultats de votre action ?

Nous mettons tout en œuvre pour que ce soit le cas. Vous savez, les enjeux et défis sont nombreux et cela nous interpelle quotidiennement à davantage d’efforts dans l’accomplissement des missions qui sont les nôtres. 

13-Les populations en général et les consommateurs en particulier vous accompagnent-ils dans vos missions à travers des dénonciations ?

Nous recevons en effet de nombreuses dénonciations de la part des consommateurs depuis la mise en place en septembre 2019, sous la houlette de Monsieur le Ministre du Commerce, du 1502, numéro d’utilité publique à usage gratuit à travers lequel les populations peuvent, sans entrave aucune, effectuer toute dénonciation de pratiques commerciales illicites ou trompeuses dont elles seraient témoins. Ainsi, dans le sillage de ma Hiérarchie, je voudrai saisir l’opportunité de cette tribune pour les encourager dans cette dynamique car, l’efficacité dans l’assainissement du marché et in fine, la protection du consommateur, est tributaire de la réelle implication de tous.

14-Quels sont vos rapports de collaboration avec les organisations de défenses des droits des consommateurs et de lutte contre la vie chère ?

Dans l’ensemble, la collaboration avec ces organisations de la société civile est harmonieuse. Comme je l’ai dit plus haut, l’efficacité dans la protection du consommateur est tributaire de la réelle implication de tous les acteurs. Les organisations de défense des droits des consommateurs en ce qui les concerne, sont un maillon essentiel de cette mission ô combien importante. Leur rôle est du reste consacré dans la Loi-Cadre N°2011/012 du 06 mai 2011 portant protection du consommateur qui leur reconnait comme entre autres missions, la promotion et la protection des intérêts du consommateur et la mise en œuvre des programmes de formation et d’éducation de ce dernier.

15-Etes-vous confrontée à des difficultés dans l’exécution de vos missions régaliennes ? Si oui, lesquelles ?

Comme partout ailleurs, les difficultés existent mais nous sommes des serviteurs et en tant que tel, nous nous devons de les intégrer comme une donnée dans notre fonctionnement afin d’en atténuer les effets sur notre efficacité. 

16-Quelles sont vos attentes vis-à-vis de la hiérarchie du Ministère du Commerce, pour mener à bien la responsabilité qui est la vôtre ?

Qu’il me soit permis de le souligner une fois de plus, nous sommes des serviteurs et missionnaires de l’Etat et à ce titre, formuler des attentes à l’endroit de la Hiérarchie pourrait paraitre déplacé. Toutefois, s’il nous était donné l’opportunité d’exprimer un souhait en direction de la Hiérarchie, ce serait dans le sens de solliciter sa constante et précieuse confiance sans laquelle il serait difficile d’accomplir efficacement nos missions.

17-Un message à l’endroit des commerçants et autres opérateurs économiques véreux, qui se livrent à des pratiques peu orthodoxes…

A ceux-là, nous disons qu’ils n’ont qu’à bien se tenir, car ils nous trouveront toujours sur leur chemin et à chaque fois, nous ne ménagerons aucun effort pour que force revienne toujours à la loi.

Réalisée par Bertrand TJANI

Source : journal « Sans Détour »

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