La décision du Burkina Faso de réadopter la devise « la Patrie ou la mort, nous vaincrons », initialement instaurée sous l’ère de Thomas Sankara, marque un tournant symbolique fort dans l’histoire du pays.
Les députés de l’Assemblée législative de la transition au Burkina Faso ont adopté, à l’unanimité, le retour à la devise emblématique « La Patrie ou la mort, nous vaincrons », mardi dernier. Ce slogan, symbolisant la résistance et la détermination, fut utilisé pour la première fois sous l’ère révolutionnaire du capitaine Thomas Sankara (1983-1987). Il remplace désormais la devise « Unité – Progrès – Justice » instaurée en 1997 sous le régime de Blaise Compaoré, qui avait renversé Sankara lors d’un coup d’État.
Pourquoi ce retour en arrière ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce choix. D’abord un hommage à Thomas Sankara. Cette devise est indissociable de la figure de Thomas Sankara, qui incarne encore aujourd’hui un idéal de révolution et de panafricanisme pour de nombreux Burkinabè. Ensuite un renouveau du sentiment national. Face aux défis sécuritaires et politiques que traverse le pays, les autorités burkinabè cherchent à renforcer le sentiment d’unité nationale et à mobiliser la population autour d’un projet commun. Enfin, un ancrage dans l’histoire. Cette devise rappelle les valeurs et les aspirations de la révolution burkinabè, qui ont marqué profondément l’histoire du pays.
Les enjeux de cette décision
Le retour de cette devise soulève plusieurs questions : continuité ou rupture ? Cette décision marque-t-elle une volonté de renouer avec les idéaux de la révolution sankariste ? Ou bien est-ce simplement un symbole fort sans réelle implication politique ? Conséquences sur la politique intérieure ? Cette décision pourrait-elle relancer le débat sur le modèle de société à construire au Burkina Faso ? Réactions internationales ? Comment les partenaires internationaux du Burkina Faso vont-ils réagir à ce choix ?
Les réactions à cette décision sont contrastées. Pour les partisans de Thomas Sankara, cette décision est une victoire symbolique. Ils y voient une reconnaissance de l’héritage de leur leader charismatique. D’autres observateurs estiment que cette décision est davantage symbolique que réelle et qu’elle ne résoudra pas les problèmes fondamentaux du pays.
Certains par contre craignent que cette décision ne remette en cause les acquis démocratiques obtenus depuis la chute de Blaise Compaoré.
Toutefois, il faut dire que le retour de la devise révolutionnaire au Burkina Faso est un événement marquant qui suscite de nombreuses interrogations. Il reste à voir si cette décision aura un impact concret sur la vie politique et sociale du pays.
En rappel, Thomas Sankara, arrivé au pouvoir par un coup d’État le 4 août 1983, avait apporté de nombreuses réformes, dont le changement du nom du pays, de Haute-Volta à Burkina Faso – signifiant « la patrie des hommes intègres » en langue locale. Cette devise, « La Patrie ou la mort, nous vaincrons », avait alors été adoptée par le Conseil national de la Révolution (CNR) pour symboliser l’engagement inébranlable de la nation burkinabè. Pour le gouvernement actuel, ce retour à la devise originelle symbolise l’attachement profond du peuple burkinabè à son héritage révolutionnaire. Lors du conseil des ministres du 21 août, les autorités ont souligné l’omniprésence de cette devise dans la vie quotidienne des Burkinabè, affirmant qu’elle incarne le sentiment de sacrifice pour la nation.
Ernesthine BIKOLA