Noël Alain Olivier, Directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale, a répondu à nos questions au cour d’un entretien riche.
Le président de la République a signé il y a quelques mois, un décret portant réorganisation et fonctionnement de la CNPS. Comment l’avez-vous accueilli ?
C’est un décret que nous avons tous, y compris l’opinion publique, accueilli avec beaucoup de satisfaction, de joie et de fierté, non seulement parce qu’il est à la fois historique et révolutionnaire, mais aussi parce qu’il témoigne de la grande confiance que le président de la République place ainsi en la CNPS pour la bonne exécution de sa politique de sécurité sociale. Nous le recevons comme une reconnaissance, une fois de plus, des efforts et des résultats obtenus jusque-là, et un encouragement à aller au-delà en les amplifiant. Pour la première fois, un décret de cette nature concernant la gestion d’un établissement public est pris par le chef de l’Etat, qui fait ainsi preuve d’une extrême maîtrise des enjeux de la sécurité sociale aujourd’hui ; il a ressenti la nécessité qu’il y avait à arrimer la CNPS aux standards internationaux, notamment le traité de la Conférence interafricaine de la prévoyance sociale (CIPRES) ainsi que ses textes et normes d’application ; celui-ci a été ratifié par l’Etat du Cameroun par décret n° 95/136 du 24 juillet 1995. Pour cela et au nom de tous mes proches collaborateurs et de l’ensemble des personnels de la CNPS dont je porte la voix, nous lui disons un grand merci.
Qu’est-ce qui aura le plus retenu votre attention dans ce texte ?
Je suis tenté de dire tout. Car en réalité, c’est l’ensemble de ce texte qui constitue une révolution dans la gestion du principal organisme étatique en charge de la gestion de la sécurité sociale au Cameroun. Mais, en gros, ce qui a davantage retenu mon attention dans ce texte, c’est la volonté affirmée, réaffirmée si vous voulez, du chef de l’Etat, de poursuivre dans la voie des réformes qu’il a décidé d’impulser dans le système camerounais de sécurité sociale, dans l’objectif de le rendre plus moderne et plus efficace, en tout cas apte à répondre aux nombreuses attentes des populations camerounaises.
Outre le fait, je l’ai déjà dit, que ce décret du chef de l’Etat vise à arrimer la gestion de la CNPS aux normes internationales, il vient fluidifier et dynamiser la gestion de l’organisme, dans le sens de l’efficacité et de l’efficience, pour plus de transparence et de productivité, en le soustrayant à des obstacles bureaucratiques parfois rédhibitoires et destructeurs de valeur, tant pour ce qui concerne la passation des marchés que la gestion financière et comptable. Ainsi, la gestion financière et comptable de la CNPS va obéir désormais et exclusivement aux règles et principes du plan comptable de référence de la CIPRES et aux ratios de performance édictés par le Conseil des ministres de cette instance internationale. Elle se fera sous l’autorité directe du directeur général. Il s’agit-là, d’une gestion de type particulier, extrêmement exigeante et rigoureuse, qui ne nécessite pas d’agent comptable ni de Contrôleur financier. Je voudrais également noter la primauté réaffirmée des créances de cotisations sociales de la CNPS sur les autres créances non alimentaires, y compris fiscales, immédiatement après les salaires.
Justement en le parcourant, on note que l’agence comptable a disparu, et que la gestion financière et comptable obéit désormais aux règles et principes du plan comptable de référence de la Conférence interafricaine de la prévoyance sociale (CIPRES). Qu’est-ce que cela change ?
Ce qui change, c’est que pour la première fois dans un établissement public, les normes de gestion se feront selon les règles de la comptabilité privée, parce que le plan comptable de référence de la CIPRES auquel vous faites allusion, c’est de la comptabilité privée. Elle obéit aux ratios de performance édictés par le Conseil des ministres de cette instance internationale. Cette gestion comptable et financière est désormais mise en œuvre, sous l’autorité directe du directeur général, par un directeur en charge des finances et de la comptabilité. Il s’agit là d’une gestion de performance et de qualité de service, qui s’affranchit, à raison, de procédures d’une autre nature. C’est la fin des goulots d’étranglement qui ont, pendant plusieurs années, plombé le fonctionnement de la CNPS, très souvent, pour des raisons qui n’avaient rien à voir ni avec la qualité du service que nous devons offrir à nos clients, ni avec les performances de l’organisme.