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Gestion du football au Cameroun : la bataille de contrôle toujours à l’ordre du jour

En dépit des multiples mises en garde des hautes autorités de la République, des multiples sentences du Tas, le management du football camerounais reste englué dans des combats juridiques qui frisent le ridicule.

Le Cameroun reste une curiosité planétaire dans le domaine de la gestion du Football. Depuis près de 10 ans, une crise profonde couve au sein du mouvement footballistique du Cameroun. Alors que les scrutateurs du sport roi avait vu en l’élection de l’équipe à Mbombo Njoya, la fin de la longue crise de légitimité des dirigeants de cette fédération, que d’autres luttes ont refait surface.

En effet, au lendemain de l’élection de Seydou Mbombo  Njoya à la tête de la fédération camerounaise de football (Fecafoot), une certaine unanimité s’était dégagée quant à la sincérité du processus électoral, qui selon une grande franche n’était pas entachée d’irrégularités sur le plan juridique. Même si dans une certaine mesure, quelques acteurs du mouvement sportif camerounais émettaient des réserves sur la légalité et la sincérité de ce processus. La faction dissidente qui avait abouti à l’annulation de l’élection de Tombi A Roko continuait, sous cape, dans la même dynamique sans trop faire de bruits, dans le sens d’aboutir à l’annulation de l’élection de son successeur en l’occurrence, Seydou Mbombo Njoya. Objectif atteint lors du prononcé de la sentence du Tas-tribunal arbitral de sport tombée le 16 janvier 2021 à quelques heures seulement du début du Chan-championnat d’Afrique des nations. Cette sentence invalidait l’élection de toutes les instances dirigeantes de la Fécafoot. Du coup, c’était le branle-bas dans le sérail et même dans les chaumières. Certains observateurs ne comprenaient pas que deux comités de normalisations dirigées par deux imminents juristes n’aient pas pu toiletter les textes et faire tenir une élection crédible et inattaquable sur le domaine juridique.

Après ce verdict du Tas qui est une haute juridiction qui statue dans le domaine du sport, on croyait logiquement à la mise sur pied d’un comité de gestion provisoire de l’instance faîtière du football camerounais. Contre toute attente, la Fifa par sa voix la plus autorisée, à savoir son président qui était au Cameroun afin de prendre part à la cérémonie d’ouverture officielle du Chan a dit que l’équipe de Mbombo Njoya va rester en place et se chargera d’organiser les élections jusqu’à l’arrivée de la nouvelle équipe dirigeante. Cette décision du président de la Fifa a donné lieu à une levée de boucliers. Beaucoup d’acteurs du football camerounais se sont inscrits en faux en signifiant que la décision du président Gianni Infantino de laisser l’exécutif actuel à la tête jusqu’à l’arrivée du nouvel exécutif élu est une véritable entorse à la loi.

Entretemps, un comité de gestion provisoire du football s’était constitué avec pour mission de gérer de manière provisoire les affaires courantes, d’organiser les prochaines élections à la tête de la Fécafoot. Deux camps se sont immédiatement formés à savoir celui du comité déchu puis réhabilité par la Fifa que dirige Seydou Mbombo Njoya et un comité de gestion provisoire que dirige le sénateur, Albert Mbida. Ledit comité de gestion provisoire s’est appuyé sur les textes de la Fécafoot et a indiqué qu’il agit au nom des intérêts des acteurs du football.

                                   Le Jeu trouble de la Fifa

La crise qui exacerbe dans le football camerounais a pris du volume avec les postures ambivalentes de l’instance faîtière mondiale du football à savoir la Fifa. En effet, après le verdict du Tas, la Fifa, selon plusieurs experts des questions juridiques, devait exécuter cette sentence et mettre sur pied un comité de gestion provisoire. Notons par le passé qu’après l’invalidation du processus électoral  ayant conduit Iya à la tête de la Fécafoot  puis celui de Tombi ARoko, la Fifa avait installé des comités de normalisations. Pourquoi ce n’est pas le cas à l’époque de Seydou Mbombo Njoya, question de conscience. Abdouraman Baba Ahmadou, à la suite de cette décision de la Fifa de laisser l’équipe actuelle gérer provisoirement la Fécafoot criait déjà à la violation des statuts de la Fécafoot avec force et arguments. Bien avant cette sentence, le Tas avait été saisi pour connaitre du litige opposant la Fécafoot et la Lfpc-ligue de football professionnel du Cameroun. A cet égard, le Tribunal arbitral du sport avait rendu un verdict qui réhabilitait la ligue dans ses droits. Cette sentence a donné lieu à d’autres batailles qui ont continué à perturber le football qui ne tient pas ses différents championnats jusqu’à date.

Malgré les conciliabules, les concertations, les injonctions des hautes autorités afin de créer un cadre normatif propice à l’exécution de cette décision de justice qui réhabilite la Lfpc, la Fécafoot est restée de marbre. Elle ne s’est pas exécutée mais a passé le clair de son temps à faire du dilatoire alors que les championnats attendaient toujours leur lancement. La bataille juridique qui a cours dans le football camerounais a pris du pas sur le jeu. Elle s’est même transformée en lutte de personnes, disait sous cape un acteur du football camerounais. Comment comprendre que dans un si grand pays de football tel que le Cameroun, que ce sport soit l’otage de certains individus ? Dans le même temps, le tribunal arbitral est revenu en date 16 février dans les courriers adressés à Mbombo Njoya et à la Fifa de justifier sa présence à Tsinga et exige de la Fifa qu’elle se détermine par rapport au chaos qui règne dans le football camerounais. Une autre sortie du Tas qui vient confirmer la politique de l’autruche entretenue par l’instance faîtière mondiale du football.

                   Désacralisation de la parole présidentielle

La parole présidentielle est dotée d’une certaine force dans la mesure où, elle sort de la bouche de celui qui est le garant des institutions. Dans un pays, quand un président de la République frappe du poing sur la table, tout le monde se range. En France par exemple, après la débâcle de l’équipe de France en 2010 à la coupe du monde, Nicholas Sarkozy avait frappé du poing sur la table et tous les joueurs qui faisaient partie de l’expédition avaient été mis de côté ainsi que les encadreurs. Aujourd’hui, la France a une nouvelle génération de joueurs qui a remporté la dernière coupe du monde. Il faut dire que pour arriver à ce résultat exceptionnel, les personnalités à la tête des instances fédérales avaient été mises de côté. Au Cameroun par contre, c’est tout le contraire, à moins d’une semaine seulement de la mise en garde du président, Paul Biya lors de son discours à la jeunesse qui demandait aux autorités sportives de se ressaisir afin de rétablir un bon climat dans la gestion du football, que les acteurs viennent afficher leurs désaccords aux yeux du monde. Des postures qui montrent à suffisance que le mouvement footballistique camerounais continue d’étaler ses divisions. Au même moment que le comité provisoire tenait sa réunion en date du 17 février 2021 avec des objectifs spécifiques que l’équipe à Mbombo Njoya se réunissait également. Des agissements qui trahissent la profondeur du malaise au sein de la gestion du football camerounais et confirment la thèse selon laquelle, la sortie de l’auberge n’est pas pour demain.

Emmanuel MVELE

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