Le continent de plus en plus émancipé, prend bientôt le contrôle du monde, à travers ses richesses naturelles.
S’il y a un événement qui a fait beaucoup de bruit pendant les révoltes de 2008 à 2011 un peu partout dans le monde, c’est l’augmentation du prix des denrées alimentaires dues à la spéculation boursière. En d’autres termes, les courtiers qui avant spéculaient sur le pétrole, le gaz ou les minerais ont soudainement décidé de spéculer sur des produits alimentaires. Ce qu’on a sous-estimé, c’est l’avantage que l’agriculture africaine allait tirer de ces spéculations. En effet, plus les prix des céréales augmentent et plus l’opportunité pour l’Afrique est grande, qui par sa position géographique, son climat favorable, sa forte pluviométrie et son ensoleillement continu sur les 12 mois de l’année peut très facilement obtenir 3 bonnes récoltes (et même 4), contre une seule dans les pays européens. C’est ainsi que la dépendance alimentaire européenne vis à vis de l’Afrique est incontournable et les déficits risquent de se calculer en plusieurs centaines de milliards de dollars par an d’ici 10 à 15 ans.
Récupération des terres agricoles africaines accaparées par les européens depuis 1884
Selon une étude rendue publique le 22 avril 2011 par Shouwang Maitian du Centre d’Information de Chine à Pékin, il existait en Afrique 270 millions d’hectares de terres cultivées, soit 2,17 fois la quantité de terres cultivées en Chine. Le problème est que, sur cette quantité, 230 millions d’hectares abritent des cultures inutiles et nuisibles à l’économie du continent, comme les cultures de cacao, café, hévéa, coton etc. En fait, la quasi-totalité des terres agricoles africaines est accaparée de facto depuis la période de l’occupation européenne, en 1884, aussi bien directement qu’indirectement, sans que cela permette à un seul pays africain de s’en sortir. Si elle veut profiter de l’opportunité européenne, l’Afrique doit éradiquer toutes les cultures dites coloniales, pour passer à celles qu’elle aura choisie elle-même, sans l’ombre de pseudo-experts occidentaux. En utilisant moins de la moitié des terres africaines, la Chine arrive à nourrir convenablement 1,3 milliard d’habitants et de fournir l’Europe en divers produits alimentaires comme le soja, la tomate, etc. Même si dans des pays comme l’Italie, c’est encore un sujet tabou de reconnaître que la tomate qui fait la fierté nationale vient désormais de Chine. L’Afrique a besoin de détruire tous les champs de café et cacao (qui ont la fâcheuse caractéristique de ne rien laisser pousser en dessous) pour mener sa propre révolution agricole en cultivant ce qu’elle peut contrôler et ce qui peut lui donner une récolte tous les 3 mois, et non 12, comme pour le café ou le cacao.
Réactions de la bête agonisante
Devant cette mort annoncée de l’agriculture européenne et la conséquente dépendance à l’Afrique, on peut malheureusement constater que l’Europe n’a pris aucune disposition pour cette transition obligée. Au contraire, elle insiste sur une politique déraisonnée d’utiliser son armada d’ONG qu’elle finance pour détourner l’attention des Africains des vraies priorités qui l’attendent comme par exemple :
1- La fausse guerre de l’écologie sur la forêt africaine
La forêt équatoriale africaine est un handicap au développement économique des pays qui ont cédé aux sirènes malveillantes de l’impérialisme en version « écologique ». Il existe des ONG qui font de cette question une sorte de religion et parviennent à détourner l’attention des vrais problèmes africains pour les concentrer sur un faux problème de préservation de la forêt équatoriale. La conversion des terres agricoles de l’Åboland en est un exemple : il y a un pays européen qui vit de sa forêt, c’est la Finlande. L’Union européenne lui conseille-t-elle de préserver sa forêt pour qu’elle devienne une réserve d’oxygène pour toute l’Europe, comme ses lieutenants écologistes le font en Afrique ? Bien sûr que non.
Il est surprenant de constater que c’est même le contraire qui est conseillé. L’Union européenne finance la Finlande afin qu’elle détruise sa forêt et transforme ces espaces dans la région de l’Åboland, au sud du pays, en zone agricole ; et ce, même si le rude climat nordique ne permet pas une agriculture florissante comme en Afrique.
L’Europe institutionnelle a raison, il suffit d’observer en Afrique la pauvreté des populations des zones forestières, milieu encore plus hostile à l’homme que le désert.
Quelles sont donc les motivations qui amènent à cette déforestation encouragée en Finlande et en même temps à une préservation encouragée de la forêt en Afrique ?
La forêt est incompatible avec l’agriculture
« Par nature, l’agriculture empêche les arbres de gagner du terrain (la disparition de l’agriculture entraîne généralement un accru forestier). Dans les pays nordiques, le problème est la forêt, c’est la perte d’espaces non boisés » récite à la page 58 le rapport de l’Ocde 2009 de 82 pages intitulé, « La conversion des terres agricoles », pour justifier le financement par l’Union européenne pour détruire la forêt afin de passer à l’agriculture dans la région de l’Åboland.
b- La forêt est incompatible avec le tourisme
« Le tourisme augmente la valeur des terres et renforce la concurrence foncière. Il a pour avantages de multiplier les sources de revenus non agricoles, en particulier avec l’agrotourisme, et d’accroître la demande de produits alimentaires locaux ». C’est ce que dit le même rapport en citant la publication Andersson, Eklund et Lehtola, 2006. La forêt est vécue comme un handicap au tourisme, générateur de nombreux emplois : « Les espaces agricoles offrent des vues dégagées, ce qui renforce l’attrait touristique de la région […] l’agriculture peut contribuer à préserver le marché du travail local » conclut le rapport.
En d’autres termes, ceux qui multiplient les séminaires et colloques pour inciter la préservation de la forêt équatoriale africaine savent qu’ils sont en train d’empêcher des pays entiers de sortir de la pauvreté en utilisant les moyens naturels à leur disposition. Ils vont même jusqu’à financer leurs chefs pour qu’ils viennent raconter aux Africains à quel point ils adorent les gorilles qu’il faut à tout prix sauver, avec un cynisme des plus incroyables. Autant signifier qu’ils préfèrent une Afrique avec ses animaux et sans ses habitants, sans les Africains.
Les idées reçues des écologistes mal informés sur la forêt tropicale
Un des mensonges savamment véhiculés par les militants du non-développement de l’Afrique, pour convaincre les Africains à ne pas développer ces zones aujourd’hui occupées par la forêt est de dire que l’Afrique est l’un des poumons du globe fournissant l’oxygène même à l’Europe. Ceux qui font ce genre d’affirmations pèchent par ignorance ou par mauvaise foi, parce que les arbres centenaires de ces forêts ne peuvent pas produire plus d’oxygène que les jeunes arbres. Ceci tout simplement parce que, sur le plan scientifique, il a été prouvé qu’un arbre centenaire, comme tout vieillard, produit moins d’oxygène qu’il n’en consomme. De plus, un arbre centenaire fait un grand ombrage autour de lui, empêchant la croissance de toute autre plante en dessous de lui, ce qui veut dire qu’il est deux fois nuisible.
Les bois précieux africains, simples niches pour les bourgeois européens
Les Africains peuvent mourir de faim et les humanistes européens du dimanche continueront à leur répéter qu’il vaut mieux ne pas toucher à la forêt, aussi parce que les bois précieux qui sortent des forêts africaines sont destinés à une niche de bourgeois européens qui sont les seuls à se permettre un piano, une porte ou un mobilier fait d’ébène ou d’aloa ayant 300 ans. Or, l’Afrique n’a pas pour vocation de se mettre au service des caprices d’une poignée de riches européens.
Jean-Paul Pougala
(Leçon publiée en 2012 et extraite du tome-2 du livre « Géostratégie Africaine » de Jean-Paul Pougala – chapitre 5 / pages 56-66)