C’est le Gouverneur de la Région de l’extrême-nord, Midjiyawa Bakary, représentant du Président de la République qui a présidé cette cérémonie d’ouverture solennelle du Tokna-Massana 2023. Il était accompagné pour l’occasion par les ministres de la Jeunesse et de l’Education Civique, Mounouna Foutsou et de l’habitat et du développement Urbain, Célestine Ketcha Courtès.
Depuis le 24 juin 2023, la ville Yagoua dans le département du Mayo-Danay, région de l’Extrême-nord du Cameroun, rythme au son des tam-tams et chants traditionnels. Unir les peuples Massa du Tchad et du Cameroun à travers leurs cultures est l’objectif visé par ce festival. Le Tokna-Massana est une occasion de rappeler à la jeune génération Massa, sa culture qu’elle est en train d’oublier au détriment de la culture occidentale. C’est ainsi que le 30 juin 2023, le festival international des arts et de la Culture du peuple Massa a officiellement été lancé. Ladite cérémonie d’ouverture était présidée par le représentant du Chef de l’Etat, Midjiyawa Bakary, Gouverneur de la Région de l’extrême-nord.
Le festival a permis à ce jour la diffusion de la culture à travers l’aide à la production des artistes massa, la création des écoles, la restauration de l’autorité des chefs appelés » Moulna ». Tous ces éléments rentrent en droite ligne avec le thème de la célébration, qui est « Porter la tradition, Diffuser la culture, Promouvoir le développement », a indiqué le président du comité d’organisation, Jean Gaoussoumou.
Toutefois, il faut dire que depuis avril 2003, date de la première édition tenue à Yagoua de ce festival, des avancées significatives ont été observées. A ce jour le Tokna-Massana aura permis :un brassage culturel effectif ;une bonne organisation des groupes (danses folkloriques, chorégraphie) ; la restauration et l’intensification de certaines pratiques culturelles (le Guruna) ;le respect de l’autorité traditionnelle et de la société ; l’enseignement de la langue Massa dans certaines localités ;la résolution concertée et fraternelle de certains conflits frontaliers ;la pratique effective du Labana, considérée comme véritable moule culturel Massa ;la tenue effective des états généraux de la culture massa pendant l’évènement ;la production des artistes Massa ;le capital de confiance entre les Massa du Tchad et du Cameroun restauré et renforcé ;la bonne collaboration instaurée entre les Massa et les communautés sœurs ;la réalisation des forages à motricité humaine dans certains cantons massa ;le financement pour la formation des jeunes massa à l’Inusad (plus de 70) ; enfin, le Tokna Massana est aujourd’hui un facteur de renforcement de la cohésion sociale.
Dans son mot d’ouverture, Midjiyawa Bakary, représentant du Président de la République a dit sa gratitude à l’endroit du Ministre Secrétaire Général des services du Premier Ministre du Tchad pour sa participation active à la réussite de cet événement international. Une mention honorable est attribuée au comité d’organisation de la présente édition dont les échos prouvent que la célébration est une réussite. « Le festival Tokna-Massana occupe une place prépondérante dans le cadre de la politique culturelle de l’État tel que défini par le Chef de l’Etat en terme de diffusion de la culture », a indiqué le Gouverneur. Le Tokna Massana est une référence au Cameroun. Aussi à tout le peuple Massa, « Sachez que votre mobilisation exceptionnelle témoigne à suffisance sur votre engagement à pérenniser votre culture. Toutefois, je vous invite à raffermir ses liens, le Gouvernement du Cameroun vous y accompagnera toujours », a-t-il conclut.
Cependant, au-delà de son caractère festif, ce festival est non seulement un grand moment de communion de la grande famille Massa, mais aussi et surtout une action unique de revalorisation et de pérennisation des us et coutumes massa qui s’intègre harmonieusement avec les commodités de la vie moderne dont le peuple massa célèbre cette année la neuvième édition. C’est également un moyen de développer l’économie et le tourisme.
Pour le Ministre de la Jeunesse et de l’Education Civique, 20 ans après, le Tokna –Massana est mature. « Car l’organisation est de plus en plus professionnalisée avec des objectifs en moyens terme qui sont aujourd’hui en train d’être atteintes. Nous réjouissons qu’il ait également de la relève, on retrouve beaucoup de jeunes qui s’impliquent de nos jours dans les activités de ce festival. Nous appelons à davantage d’encadrement des ainés et d’implication de la jeunesse, mais surtout des femmes. Car plusieurs des activités du Tokna-Massana sont portées par les femmes. Pour les succès futur l’implication de tous est primordiale. Je salue également la partie Tchadienne qui est venue nombreuse prendre part à cet événement », a déclaré le Minjec.
Il faut rappeler que le Tokna-Massana est né en 2003 à Yagoua (Chef-lieu du Département du Mayo-Danay, Région de l’Extrême-Nord Cameroun) à la suite de l’organisation de la première édition. C’est un mouvement culturel, expression de la communauté massa qui rassemble principalement tous les deux ans, les Massa du Tchad et du Cameroun ainsi que ceux de la diaspora. C’est aussi un élan de restauration de l’identité profonde massa dégradée au fil du temps par entre autres : l’avènement des indépendances, l’avènement du multipartisme, le foisonnement culturel, le retour exacerbé du clanisme, la primauté de l’individualisme sur la communauté, l’accentuation de l’égoïsme, qui risque, si rien n’est fait, de concourir inéluctablement à la disparition des valeurs culturelles, véritables identités de tout peuple. Plus qu’un mouvement festif, le Tokna Massana est une réponse adéquate et précise à toutes ces inquiétudes.
Ernesthine BIKOLA