Camerounais de la diaspora, Charmant Ossian, établi en Grande Bretagne, séjourne au Cameroun depuis le 24 mai 2022, dans le cadre du Forum économique de Douala, où il intervient en qualité d’expert international en pétrole et gaz, à l’occasion d’un déjeuner d’affaires qui aura lieu, le 27 mai prochain à l’hôtel Kristal.
Vous prenez part à cette deuxième édition du Forum économique de Douala. Qu’est-ce qui justifie votre présence à cette rencontre ?
Charmant Ossian : d’abord, la 2e édition du Forum économique de Douala, rien que par sa thématique, ne pouvait laisser aucun Camerounais soucieux du développement de la ville de Douala, qui est au-delà de son caractère de capitale économique, le poumon de la sous région Cemac. En suite, le projet est porté par un compatriote dont le sérieux n’est plus à démontrer. Enfin, pour ne donner que trois raisons, il y a une particularité que ce futon revêt ce qui se passe dans un contexte où l’avenir du monde en général se joue sur le prisme de l’énergie et en particulier les hydrocarbures. D’où, le dîner d’affaires du vendredi 27 mai 2022 sur la thématique : « Industrie des hydrocarbures carbures : défis et opportunités dans un environnement du réchauffement climatique », qui sera animé par votre modeste serviteur.
Selon vous, qu’est-ce qu’un forum comme celui-ci peut apporter dans le développement de la ville comme Douala ?
A mon humble avis, un forum comme celui-ci va apporter le développement à la ville de Douala, au Cameroun et à la sous-région par les partenariats qui sont se noués. Et vous avez d’ailleurs la primeur : les acteurs majeurs et promoteurs de ce forum économique se rendront à Londres, pour nouer des partenaires et/lever des fonds, pour les financements des projets. Les modalités seront communiquées en temps opportun, par les promoteurs du site « Impact économique ».
Dans la recherche des financements dont la ville a besoin pour son développement, la diaspora a été évoquée. Vous faites partie de cette diaspora. Que peut-elle ?
Peut-être que vous me permettrez d’utiliser le terme ‘’Cameroun de l’étranger’’ en lieu et place de diaspora. Lorsque vous parlez de la diaspora, nous avons le sentiment d’être déjà exclus d’un certain nombre de choses et souhaitons ne pas être exclus et bien au contraire, faire la même cour assidue que l’on fait aux compatriotes (binationaux), lors qu’il s’agit du sport. Rassurez-vous, j’aime le sport et je suis fan des Lions indomptables. Mais, il n y a pas que des sportifs parmi les 05 millions des Camerounais de l’étranger. Vous avez déjà certainement là, un premier élément de réponse à votre question et pour revenir à votre question, les Camerounais de l’étranger en 2016 ou 2017 avaient envoyé au Cameroun 516 milliards de franc Cfa. Je ne suis pas économiste ou espère financer comme le Dr Balata ou le Professeur Avom, je parie qu’ils vous diront que c’est un flux de capitaux important. Et je voudrais vous prier de visualiser ces fonds arrivés en containers et injecter dans la matérialisation des projets à fort impact économique, et visualiser cela sur une période de 10 ans, pour dix régions du Cameroun en fonds d’investissement. Je puis vous affirmer ici sans ambages que le Cameroun attendrait son émergence si chère à Son Excellence Paul Biya, Président de la République du Cameroun.
Comme vous le savez si bien, les financements seuls ne suffisent pas. Donc, au-delà des financements, la diaspora regorge un capital humain important avec des experts dans presque tous les domaines y compris les plus pointus comme le pétrole et gaz, l’aéronautique, médecine… Cette richesse en ressource humaine pourrait non seulement bénéficier à la ville, mais bien plus au Cameroun tout entier. Elu point focal des Camerounais du Royaume Uni en 2017, pour le Forum de la diaspora (Fodias), j’avais plaidé et continue d’ailleurs à le faire afin que 30% des marchés publics soient attribués aux Camerounais de l’étranger, impliquer 5% des Camerounais de l’étranger dans l’accompagnement de tous les projets structurants. Je pense que le super maire de la ville de Douala et les autres supers maires ne vont pas tarder à saisir cette opportunité.
L’actualité depuis mai est dominée par la signature du contrat à controverse accordant à l’entreprise chinoise Sinosteel l’exploitation d’une mine de fer à Lobé dans le sud du Cameroun. Etes-vous au courant de cette actualité ?
Je suis très au courant de l’actualité et malheureusement je n’ai pas encore eu le temps matériel, pour lire à la fois les thermes du contrat. Mais, il faudrait relever deux choses si vous permettez : s’il est vrai que mon expertise réside dans les mines, il faudrait peut distinguer qu’il y a les mines liquides et les mines solides. Je suis expert dans les mines liquides.
Le Cameroun à un excellent code minier que je suis en train de parcourir et si ce document a été utilisé comme référentiel dans l’élaboration de ce contrat, alors ce sont les textes de notre pays.
Selon les autorités camerounaises, l’exploitation de cette réserve de 632 millions de tonnes de fer devrait rapporter 22,9 milliards de Fcfa par an. L’opposition et certains acteurs de la société civile appellent le chef de l’Etat à annuler ce contrat qu’ils qualifient de dupe puisque. Selon eux, Sinosteel, pourrait gagner 10 à 20 fois. Qu’est-ce que vous en pensez ?
N’ayant pas lu les thermes de ce contrat, il me serait difficile de me prononcer objectivement sur la question. Cependant, si les compatriotes demandent au Chef de l’Etat de ne pas ratifier ce contrat, il est à l’écoute de son peuple qui lui tient à cœur, et donc je ne doute pas un instant que le Président de la République fera ce qui est bien pour le Cameroun et les Camerounais.
Avec votre permission, je voudrais rajouter que dans un tel contrat, s’il y a la construction des chemins de fer, des routes bitumées, les terminaux minéralier aux Port de Kribi et d’autres infrastructures, ajouter à cela les taxes qui risqueraient de s’élever entre 22 et 35% auquel vous ajoutez peut être 10% qui revient au Cameroun comme droit de terre, on se retrouverait entre 32 et 47%. Et si le Cameroun apporte du liquide au projet même à hauteur de 5%, rajouter cela aussi. Vous comprenez ma prudence. Bien plus, il pourrait avoir une raison géopolitique, pour répondre par un contrat géostratégique.
Je voudrais finir avec une question s’il y a une meilleure offre en ce moment? Parce qu’on a connu pire ailleurs, si ce que vous dites est fondé non pour défendre qui que ce soit, mais simplement pour dire que le chemin de fer qui avait été construit pour le transport des mines appartenait aussi à l’investisseur, qui pouvait le démanteler à la fin de son projet et comprenez ‘’l’investisseur ne vient pas faire cadeau’’ comme on dit chez nous au Cameroun.
Le Cameroun a attribué depuis 2008 à la société Sinosteel le permis de recherche. L’Etat du Cameroun doit-il accepter aveuglement les quantités de gisements de fer déclarées par la société de recherche ? Y a-t-il des moyens de vérifications ? Comment est-ce-que ça se passe dans ce cas ?
Je voudrais dire non ! La Sonamine devrait vérifier si elle ne l’a pas encore fait. Oui ! Il y a les moyens de vérification et je pense que la Sonamine possède les outils et le capital humain pour cela. Mais si d’aventure, la Sonamine ne les possédait pas, peut-être devrait-elle s’entourer du capital humain que regorge les Camerounais de l’étranger.
Le Cameroun vendrait la tonne de fer à 2300 Fcfa à la société chinoise, qui le revendrait à 95.000 Fcfa sur le marché. Ces montants sont-ils vraisemblables et quels sont les prix pratiqués dans ce secteur ?
Non ! Ce prix ne serait pas raisonnable, mais comme je vous l’ai dit plus haut, je n’ai pas travaillé sur la question. Il faut dire que le coût est fluctuant sur le marché mondial. Je serai plus à mon aise s’il s’était agi des questions des hydrocarbures.
D’aucuns pensent qu’il faudrait désormais confier cette exploitation à la société nationale des mines, Sonamine, en lieu et place des sociétés étrangères. Qu’est-ce-que vous en dites ? Cette société a-t-elle les moyens?
Si les compatriotes le disent et qu’ils aient étudié la question dans son fond, alors pourquoi pas. Il faudrait déjà rembourser tous les frais d’exploitation que le partenaire a investie et ensuite lever les autres frais pour l’exploitation…. Je crois qu’il serait aussi très important et même si je le dis depuis de manière voilée que le conflit ukrainien est toujours en cours et on ne sait jamais. Je ne doute pas que le Président de la République prendra la bonne décision.
Depuis la fermeture de la Société nationale de raffinage en 2019, le pays fait face à une rareté et un risque de pénurie des produits pétroliers, notamment le gasoil. Comment remédier à cette situation ?
Vous dites bien rareté et non pénurie et je crois qu’il serait important d’encourager ici les responsables de la Scdp, qui jusqu’ici tiennent le bon bout.
Comment remédier à cette situation ?
Court ou moyen terme, réhabilité la Sonara, faire une extension et pourquoi pas construire une seconde raffinerie. Moyen terme, transformé localement notre production. Long terme, transition énergie, car les réserves prouvées de pétrole, si on continue comme en 2019, pour l’exploitation, on aura uniquement 53,5 années de pétrole qui nous restent.
Depuis trois ans, le gouvernement peine à remettre sur pieds cette entreprise. Qu’est-ce-qui, selon vous coince ?
Là également, les avis divergent, faut-il réhabilité la Sonara ou construire une autre raffinerie toute neuve ? On peut faire les deux. Je crois avoir proposé plus et même bien plus. Je vais m’étendre dessus, ce 27 mai 2022 au Krystal Palace à Douala au cours du side event (dîner d’affaires), mais bien plus m’attarder sur l’intelligence économique pour une question géopolitique avec des réponses géostratégiques. Prière de contacter Impact économique pour les modalités.
Source : « Le Messager »