Jacques Fame Ndongo : « pour ce qui est de l’avenir des lauréats des ENS et de l’ENSET, l’Etat veille au grain dans l’équité et la rationalité »
1- Diffusion inappropriée
La démocratie induit la gestion rationnelle de l’opinion publique assortie des réponses idoines aux questions que celle-ci se pose légitimement. La diffusion inappropriée, par les réseaux sociaux, de la correspondance conjointe signée le 19 mai 2022 et adressée à monsieur le Ministre, Secrétaire Général des Services du Premier Ministre, par le ministre d’Etat, ministre de l’enseignement supérieur et le ministre de la fonction publique et de la réforme administrative a suscité certaines interrogations auxquelles il est opportun d’apporter des réponses précises, à propos de l’avenir des diplômés des huit ENS et ENSET camerounaises.
2- S’agit-il d’une décision ou d’une proposition ?
Il s’agit d’une proposition conjointe de deux membres du gouvernement soumise à la Haute Sanction de leur supérieur hiérarchique. Aucune décision n’est encore prise. Seule la hiérarchie est habilitée à prendre une telle mesure. Ses directives seront appliquées illico presto par les deux ministres qui restent, chacun, dans son domaine de compétence (formation rigoureuse et cohérente d’une part, intégration administrative d’autre part).
3- Les lauréats seront-ils jetés dans la fosse aux lions ?
Non ! L’Etat tient aux lauréats des ENS et ENSET comme à la prunelle de ses yeux. Il prend toutes dispositions pour que leur avenir ne soit guère déliquescent. Les concours directs d’intégration à la fonction publique ne sont pas semblables à une fosse aux lions. L’équité, la rationalité et les contraintes de l’Etat sont prises en compte.
4- Que signifie la date « 2023 » inhérente à la ladite correspondance ?
Les étudiants actuellement en formation dans les huit ENS et ENSET du Cameroun seront intégrés normalement à la fonction publique car ils ont été admis à la suite des quotas fixés par Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, relativement aux concours d’entrée organisés par le ministère de l’enseignement supérieur (avec, dans les jurys d’admission, des représentants du ministère de la fonction publique et de la réforme administrative, du ministère des enseignements secondaires et des Universités)
Les deux membres du gouvernement suggèrent que les étudiants qui seront admis en 2022 dans les huit ENS et ENSET bénéficient, aussi, d’une intégration à la fonction publique. D’où la date « 2023 » qui a trait à l’application éventuelle (si la hiérarchie en a convenance) des mesures suggérées. « 2023 » concerne l’année d’entrée en 1ère année du premier cycle (Bac/GCE AL) et en 1ère année du second cycle (Licence/Bachelor).
La sortie visée par les mesures suggérées aurait donc lieu, respectivement, en 2026 et en 2025 (dates auxquelles les lauréats seraient, le cas échéant, soumis aux divers concours d’intégration si la proposition MINESUP-MINFOPRA est agréée par la Hiérarchie)
5- Pourquoi le maintien du statu quo n’est-il pas suggéré ?
Parce que, selon la réglementation en vigueur, le Ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative est responsable de l’intégration des personnels de l’Etat à la fonction publique camerounaise.
Règlementairement, l’intégration des diplômés de l’enseignement supérieur relève de sa compétence, tandis que la formation dépend du ministère de l’enseignement supérieur (à travers les onze Universités d’Etat et les 400 Instituts d’enseignement supérieur)
Dans l’hypothèse où les suggestions visées plus haut seraient créditées du Haut Accord de la Hiérarchie, le ministère de la fonction publique et de la réforme administrative retrouverait l’intégralité de ses prérogatives statutaires et le ministère de l’enseignement supérieur maintiendrait ses missions scientifiques et heuristiques qu’il a toujours su préserver (assurance-qualité, savoirs savants, savoirs pratiques, savoir-faire, innovation, employabilité des diplômés, professionnalisation et numérisation des enseignements)
6- Missions scientifiques
Au demeurant, il s’agit d’un processus qui a commencé il y a quelques années avec l’organisation, par le ministère de la fonction publique et de la réforme administrative, des concours directs d’intégration à la fonction publique concernant les diplômés en agronomie, en communication, en médecine (depuis 2020), etc…, alors qu’auparavant, ils étaient tous intégrés à la fonction publique sans concours direct organisé par le ministère de la fonction publique et de la réforme administrative.
Ainsi, une situation « de facto » (recrutement automatique des diplômés des grandes écoles, en l’occurrence, les lauréats des huit ENS et ENSET) glisserait vers une normalisation « de jure » (recrutement desdits lauréats par un concours d’intégration à la fonction Publique), comme l’exige la réglementation.
7- L’offre et la demande
En continuant de former avec rigueur et méthode des « têtes bien faites », l’enseignement supérieur offre à la Nation (secteurs public, parapublic et privé) des diplômés compétents, compétitifs et créatifs. Il remplit, ainsi, sa fonction régalienne (enseignement, recherche, appui au développement). C’est une mission prométhéenne et globale qui se situe au-delà du cadre restreint de la fonction publique pour s’étendre à tous les compartiments de la Nation : ils ont besoin d’une offre attractive en ressources humaines de qualité, ainsi que l’a toujours recommandé Son Excellence Paul BIYA, Président de la République, Chef de l’Etat.
Pr. Jacques FAME NDONGO