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Crtv-Tony Obam : “La banane-plantain peut se vendre à crédit…”

Tony Obam, Président national de l’association des acteurs de la Filière banane-plantain du Cameroun et capitaine des industries agricoles, était l’invité de la Cameroon Radio Television, le dimanche 18 août 2024. Car, la filière a signé, il y a quelques jours, la convention de partenariat qui lie l’association des acteurs de la filière à la Cameroon Radio Television (Crtv), dans le cadre du Festival international de la banane-plantain que le Cameroun va organiser en décembre prochain, pour le compte de la troisième édition.

Quels sont les objectifs de cette convention ?

D’abord, il faut rappeler aux Camerounais et aux étrangers que lorsque le Chef de l’État, Son Excellence Paul Biya, Président de la république, accepte de patronner un évènement, il prend une autre tournure. L’on a vu à la Crtv sept membres du gouvernement et assimilés présens à l’événement. Je voudrais encore remercier le Chef de l’État d’avoir porté un regard paternel sur la filière banane-plantain. L’objectif de cette convention est clair : valoriser au plus haut niveau toutes les activités de la 3e édition du Festival international de la banane-plantain, mais aussi rendre l’information juste sur la mise en place au Cameroun d’environ 05 clusters industriels spéciale chaîne de valeurs de la banane-plantain dont la production sera exportée. Il faut bien que les Camerounais acceptent aujourd’hui que la filière banane-plantain est d’exportation, pour ramener des devises à notre pays. Pour réduire le déficit de la balance commerciale, nous allons faire de la banane-plantain ce que les Ukrainiens ont fait du blé. Donc, avec la Crtv, nous sommes dans un partenariat gagnant-gagnant. En devenant le partenaire principal du festival, la Crtv se met au niveau d’accompagner cet événement qui est annuel.

Pourriez-vous présenter ce festival ?

Le Festival international de la banane-plantain est d’abord un hommage à la Snd30, c’est l’une des filières prioritaires de la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 avec un objectif d’atteindre 10 millions et demi de tonnes. Moi, jeune président, on me donne un défi à atteindre. Je suis dans la peau d’un Général.

Il me faut recruter de nouveaux soldats, de nouvelles mains qui vont me permettre d’atteindre ce tonnage. Il faut un changement de regard. Comment faire comprendre à un jeune diplômé, qui a un Bacc plus, qu’il peut simplement se mettre dans la banane-plantain et que neuf mois après, il a son régime de banane-plantain qu’il va vendre au Nigeria, le pays voisin le plus peuplé d’Afrique, qui vit des émeutes de la faim actuellement ? En vendant ma banane-plantain dans ce pays, qui n’utilise pas le franc Cfa, on me paye en dollars. Comment faire comprendre aux gens qu’ont est assis sur de l’or ? Ce n’est pas le pétrole qui fera venir des légendes comme Ronaldinho, Romario au Cameroun; ce n’est pas le diamant, le bois. C’est bel et bien l’agriculture à travers la banane-plantain. Nous avons donc pensé un festival qui sera un moment fort, pour le changement de regard. Nous allons utiliser les infrastructures héritées de la Coupe d’Afrique des Nations pour cela. Je voudrais dire aux jeunes qu’ils fassent attention à la manipulation, parce que nous, jeunes positifs, allons leur faire face. Nous allons garder les gloires brésiliennes, investisseurs, dix jours durant au Cameroun, pour démonter qu’avec eux, on ira dans les plantations. On va jouer le match de gala Cameroun-Brésil en nocturne. Occasion de vendre plus de 2000 produits dérivés de la banane-plantain pendant dix jours à des prix défiant toute concurrence. Je vais voir comment les acteurs ne vont pas se faire des millions de francs Cfa. Je le dis à tous les jeunes qui veulent se faire de l’argent. Rendez-vous au Festival international de la banane-plantain! Même si tu es coiffeur, tu te mets à l’entrée du Stade d’Olembé, je vais voir comment les gens ne vont pas se coiffer. La fête de la banane-plantain est une opportunité économique. Je lance un appel à tous les jeunes qui ont des startups. Soyez présents et vous n’allez pas le regretter!

Qu’est-ce qui est fait pour atteindre l’objectif de production 16 tonnes à l’hectare à l’horizon 2030?

Déjà, il y a ce paradigme qui doit être cassé. Aujourd’hui, nous voulons former des entrepreneurs, des exportateurs. C’est pour cela que, sous la conduite du Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural, Son Excellence Mbaïrobe Gabriel, nous avons investi des centaines de millions dans un centre d’incubation à Kribi. Nous voulons aujourd’hui avoir des ingénieurs spécialistes de la vente et non plus seulement de la production. Nous faisons maintenant ce qu’on appelle la bancarisation agricole. L’État a énormément mis les moyens à travers des fonds de garantie, des fonds de facilitation de l’offre de crédits pour que nous allions emprunter de l’argent dans les banques. Il n’y a pas de subvention dans la filière banane-plantain; il y a le financement remboursable. Comment atteindre 16 tonnes à l’hectare ? Maintenant, il y a l’irrigation, les semences de qualité à travers des vitro plans; on va imposer certaines techniques; on va emballer la banane-plantain dans des cartons… Venez à la filière banane-plantain ! Vous faites votre cursus d’incubation en présentiel et en distantiel, qui dure à peu près un mois dans notre training center à Kribi et on vous prête de l’argent, pour produire de la banane-plantain export à destination des marchés comme le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Kenya, la République Démocratique du Congo. Cessons d’embêter les élites lorsqu’elles arrivent au village avec des demandes d’emplois. On peut exporter la banane-plantain et se faire des millions, nourrir sa famille, construire sa maison… Dans 10 ans, comme l’Ukraine avec le blé, nous ferons la diplomatie avec la banane-plantain.

Comment allez-vous tirer profit de votre démarche ?

Nous allons, dans les prochains jours, mettre en place un logiciel qui va nous permettre de distribuer la banane-plantain directement dans les domiciles des gens et ils nous payeront après trois ou quatre jours. Je verrai si les Camerounais sont malhonnêtes; je verrai comment un Camerounais qui recevra la banane-plantain de 2000 FCFA par exemple sera incapable de me payer de l’argent par transfert. Pourquoi une banane-plantain cultivée à 1000 FCFA doit être vendue à 5000 FCFA à cause des intermédiaires? C’est inadmissible. Je vais casser tout ça. La banane-plantain peut se vendre à crédit. Je vous mets au défi. Nous lançons ce programme d’ici 06 mois. Je suis le premier bénéficiaire du Plan triennal spécial jeunes.

Quel est le secret de votre réussite dans ce secteur ?

Déjà, je veux dire que l’État du Cameroun m’a fabriqué comme l’État du Nigeria a fabriqué Dangote. Je ne me cache pas. A 27 ans, j’ai reçu les subventions du Chef de l’État à près de 80 millions. C’est normal aujourd’hui que je tire la croissance; j’ai reçu près de 200.000 plans gratuits entre 25 et 35 ans, parce l’État avait lancé un programme pour le développement des jeunes. Chaque fois que l’État lançait un programme de développement, je faisais mon dossier, le déposais et le suivais. Moi, j’ai cru, j’ai eu l’honneur de rencontrer le Chef de l’État à l’âge de 27 ans et il m’a dit sa vision de ce pays. Et c’est normal aujourd’hui que je puisse donner aux jeunes gratuitement ce que j’ai reçu. Je ne vais pas venir mentir ici que j’ai vendu les arachides et cotisé de l’argent. C’est faux. l’État a pris l’argent des impôts des Camerounais et m’a dit qu’il voit la vision de mon projet qui lui plaît et il m’a lancé. Si j’arrive à être aujourd’hui Président de la filière banane-plantain, ce n’est qu’une continuité et c’est normal que c’est moi qui porte la charge du combat à l’international de la banane-plantain. Donc, apprenons à reconnaître ce que le Etat a fait de bien. Tout n’est pas rose dans notre pays, j’en suis convaincu. Mais, je dis aussi aux gens de faire attention. Car, il y a des pays qui ont des situations pires. En travaillant la terre, on a la santé, on respire un meilleur air, on peut se nourrir soi-même, on peut faire des rencontres, beaucoup d’argent… Je vais y aller avec les jeunes qui le voudront. On peut planter la banane-plantain partout. L’objectif, c’est l’atteinte du tonnage. Chers jeunes, acceptons le changement de regard ! On ne peut pas rester dans cette situation de clochardisation.

Propos décryptés par Bertrand TJANI

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