Rien ne sera plus comment avant en matière de recouvrement des cotisations sociales des travailleurs au Cameroun, fait comprendre le top management de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale.
« Aujourd’hui, la situation s’est tellement dégradée que seulement le quart des entreprises sont en règle », révèle la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (Cnps). Alors qu’ils dépassaient à peine 60 milliards Fcfa en 2016, renseigne davantage la structure, les arriérés de cotisations sociales réclamés par la Cnps aux entreprises locales se chiffrent à 201 milliards Fcfa à fin août 2020. Ils ont culminé à 217 milliards Fcfa au premier semestre 2021, dont plus de 60 milliards Fcfa réclamés aux Collectivités territoriales décentralisées (Ctd), projets et établissements publics administratifs. D’où, le lancement par le fonds public de pension du recouvrement forcé des créances sociales auprès des entreprises insolvables.
Le 10 mai 2022, les agents de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale apposent des scellés sur le portail principal de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam) à Douala, cité économique du pays. Tout comme certaines mairies ont vu leurs comptes bloqués en raison des dettes accumulées des cotisations sociales des employés. À travers cette opération qui vise de nombreuses entreprises, la Cnps emprunte un tournant décisif dans la traque des employeurs indélicats, dont certains prélèvent effectivement les cotisations sociales sur les salaires des employés, sans pour autant les lui reverser.
Question de citoyenneté
Dans un communiqué rendu public, le 03 août 2021, Noël Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame, Directeur général de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale, invitait déjà « tous les employeurs et personnes concernées à s’acquitter, dans les meilleurs délais, de leurs dettes ou à solliciter un aménagement des modalités de paiement y relatifs ».
Cette interpellation du patron de l’organisme de gestion de la sécurité sociale au Cameroun semble n’avoir pas suscité grand intérêt auprès des employeurs. Pour preuve, indique la Cnps, seulement 7 000 sur 30 000 entreprises actives sont à jour du paiement des cotisations sociales de leurs employés. En conséquence, affirme le fonds public de pension, « nous avons quasiment 16 000 assurés sociaux que nous ne pouvons pas prendre en charge du fait que leurs employeurs sont lourdement endettés auprès de la Cnps ». Au demeurant, l’interpellation de la Cicam, de certaines Collectivités territoriales décentralisées et autres entreprises, donnent à constater que rien ne sera plus comme avant en matière de recouvrement des créances sociales. Car, il y va de la condition de vie des travailleurs en cessation de leurs activités. Les ‘’brebis galeuses’’ qui n’ont qu’à bien se tenir continueront-elles à s’exposer à l’épée de Damoclès brandie par la Cnps ? Question de conscience, voire d’enjeux.
Bertrand TJANI