L’Ecole Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme a tenu les 07 et 09 décembre dernier à Yaoundé, les travaux de la 40e session de son conseil d’administration de l’institution, sous la houlette de sa Présidente Célestine Ketcha Courtès, par ailleurs Ministre camerounaise de l’Habitat et du Développement urbain.
Consolider les acquis des parcours pédagogiques et des réformes institutionnelles pour mieux faire face aux nouveaux enjeux de la formation aux métiers de la ville. Tel est l’objectif majeur des assises de Yaoundé, qui se déroulent les 07 et 09 décembre 2022.
« Cette mutation s’est avérée indispensable à notre institution commune qui a formé, depuis sa première rentrée en novembre 1976, 1879 cadres de haut niveau dans les domaines de l’Architecture, de l’Urbanisme et plus récemment de la Gestion de la ville en Afrique », a indiqué la Présidente statutaire du Conseil d’administration de l’institution, avant de relever les enjeux : accompagner l’Eamau dans son dynamisme du progrès et de développement à l’international afin de la rendre plus performante face aux enjeux futurs liés à la formation des cadres de haut niveau, capables d’affronter les défis de l’urbanisation du continent.
La Présidente du Conseil d’administration a rappelé que les nouveaux textes de l’Eamau ont été adoptés, pour permettre à l’institution de se hisser plus haut, de se conformer aux règles de la bonne gouvernance universitaire, d’adapter sa spécificité technique aux contraintes du système Lmd désormais incontournable, de définir un plan de carrière cohérent et motivant à ses enseignants provenant des 14 pays membres, que ces nouveaux textes ont été adoptés.
Célestine Ketcha Courtès a relevé que ces assises se tiennent dans un contexte particulier pour les villes africaines, car marqué par les crises sanitaires, climatique et sécuritaire. Aussi, a-t-elle relevé que l’Afrique connaît l’urbanisation la plus rapide au monde. La population urbaine ayant été multipliée par 10 en six décennies, passant de 53 à 588 millions de personnes entre 1960 et 2020. A l’instar des autres agglomérations dans le monde, les villes africaines sont des foyers épidémiologiques de la Covid-19 et d’autres infections. La qualité et la nature de l’urbanisation en Afrique exacerbe les taux de transmission des maladies infectieuses et rend le confinement et les mesures de riposte beaucoup plus difficiles. La plupart des résidents urbains dépendent en fait du secteur informel. Ce qui les rend plus vulnérables à la perte de revenus et incapables de respecter les restrictions. « Le changement climatique, un phénomène qui nous menace déjà, pourrait accroître encore la misère des pauvres des bidonvilles et ruiner la vie et les rêves de familles qui n’ont guère de responsabilité dans le réchauffement planétaire », a-t-elle attiré l’attention, avant de renchérir qu’en dépit de ces facteurs de vulnérabilité, les villes africaines n’en demeurent pas moins le moteur du développement et de la croissance économique nationale. La productivité des villes africaines est beaucoup plus élevée que dans les zones rurales par rapport à d’autres régions du monde.
Enjeux majeurs
Pour ce faire, les attentes des pays africains sont grandissantes envers l’Eamau. Il s’agit du positionnement de l’institution en tant qu’école de référence dans la formation des professionnels du domaine de l’architecture, et de l’urbanisme ; l’assurer du rôle de leadership dans la recherche, l’innovation et la mobilisation des ressources dans son domaine d’expertise. « Après 47 années d’existence, nous pouvons aisément nous poser la question suivante : quels sont les bénéfices de l’Eamau dans le processus de modernisation des villes des pays africains ? », a-t-elle posé la question lancinante, non sans noter les challenges qui interpellent : « La formation à l’Eamau devrait s’étendre sur le positionnement des politiques de développement des villes africaines et sur la qualité des édifices humains répondant aux besoins des populations. Se faisant, elle devra servir de véritable baromètre pour la prise de décision des gouvernants autour de grands enjeux du temps, à savoir : le phénomène d’urbanisation, la prolifération des habitats spontanés et la marginalisation des populations, la délivrance des services urbains, les changements climatiques, le transport et la sécurité au sein des villes africaines ».
Après plus de 46 années d’existence, l’Eamau ambitionne de se positionner comme un outil pédagogique pour répondre aux défis de l’urbanisation galopante des villes africaines. À ce jour, le service de l’institution s’étend sur 14 pays d’Afrique francophone au Sud du Sahara. Il s’agit notamment du Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, et du Tchad.
Bertrand TJANI