
Le gouvernement relance son ambition de doter le pays d’une unité de production d’engrais, avec une étude FEED pour tester la faisabilité technique, économique et environnementale du projet.
Le ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt) vient de lancer un appel à manifestation d’intérêt pour préqualifier des cabinets d’études en vue de réaliser une étude Front-End-Engineering-Design (FEED). Cette étape cruciale doit évaluer la viabilité du projet de construction d’une usine nationale d’engrais chimiques, avant le passage à la conception détaillée et à la phase de construction.

Prévue dans le Document de programmation budgétaire et économique à moyen terme (DPBEMT) 2026-2028, l’usine est estimée à 500 milliards de FCFA et devrait voir le jour sous la formule d’un partenariat public-privé (PPP), avec le Minmidt comme maître d’ouvrage.
L’idée n’est pas nouvelle : plusieurs projets annoncés depuis une décennie sont restés en suspens, à l’image du projet porté dès 2013 par l’allemand Ferrostaal à Limbé, bloqué sur le prix du gaz. Mais l’urgence est réelle. Le Cameroun importe encore l’essentiel de ses engrais, soit près de 174 milliards de FCFA de dépenses entre 2021 et 2023, une dépendance qui plombe le secteur agricole.
Le privé n’est pas en reste : en mai 2025, Hydrochem Cameroun, filiale du groupe NJS, a mis en service une unité de 120 000 tonnes extensible à 150 000 à Douala. Cette initiative devrait réduire de moitié les importations annuelles, estimées à 300 000 tonnes.
En combinant efforts publics et privés, le Cameroun espère enfin bâtir une industrie locale des intrants agricoles, pilier stratégique pour soutenir son agriculture et limiter la dépendance extérieure.
Gérald Nyatte