Un collectif de spécialistes de la médecine traditionnelle, conduit par le Dr Marlyse Peyou Ndi-Samba, biochimiste et enseignante, sollicite du Chef de l’Etat la création d’un ministère dédié à la promotion de la médecine africaine. C’est à la faveur d’une conférence de presse donnée, le 29 août 2024 à Yaoundé, en vue de faire barrage à la variole du singe qui menace la santé publique et bien d’autres pathologies courantes.
La médecine traditionnelle fera parler d’elle du 16 au 18 septembre 2024. En prélude à cet événement qui promeut l’intégration des médecines traditionnelles aux médecines modernes, afin de réaliser tout le potentiel de One Health et surtout d’améliorer l’accès aux services de soin pour tous, un collectif de médecins traditionnels, conduit par le Dr Marlyse Peyou Ndi-Samba, a donné une conférence de presse, le 29 août 2024 à Yaoundé.
Objectif, sensibiliser le public contre la variole du singe qui menace la santé et porter sa doléance au Chef de l’Etat, Paul Biya, la création d’un ministère dédié à la promotion de la médecine africaine.
La Directrice de Reece International Research Consortium et ses pairs ont largement entretenu l’opinion publique sur les pandémies d’actualité telles que Mpox et les solutions disponibles localement. « Ce qui nous fait réagir, c’est l’annonce de l’épidémie Mpox », a indiqué le Dr Peyou Ndi-Samba, avant de poursuivre : « Avant tout, j’aimerais dire une chose.
Dans le monde, chaque jour, plus de 170 mille personnes meurent. Au Cameroun, c’est 162 personnes. Actuellement, on dénombre au pays plus de 05 millions de diabétiques contre 11 mille personnes que nous perdons des suites du paludisme. S’agissant des maladies chroniques, en 2018, les statistiques de l’Oms au Cameroun indiquaient plus de 15 mille nouveaux cas de cancers. Cela doit interpeller les pouvoirs publics. C’est pourquoi, lorsqu’il y a des alertes comme le Mpox, il faut se référer aux chercheurs que nous sommes».
Des recettes disponibles
La spécialiste de la biochimie a édifié l’opinion sur la transmission de la variole du singe par les rats, les écureuils, les souris et donner des conseils pour son traitement. « Pour soigner la maladie de l’intérieur vers l’extérieur, si le patient a des pustules, il faut l’isoler, faire ce que les grands parents faisaient : le laver avec des plantes antivirales. Il y a par exemple le ‘’Ngul be tara’’. Pour combattre les virus de cette famille, nous avons le ‘’Mintsan’’ et d’autres antiinflammatoires que nous avons mis au point et qui sont moins toxiques que ceux qui sont conventionnelles.
Nous avons des cocktails d’antiviraux qui permettent de limiter la transmission de la maladie. Il faut savoir que Mpox cause des ravages quand il trouve un terrain immunodéprimé. C’est pour cela qu’il faut absolument renforcer le système immunitaire. Nous avons des aliments tels que le ‘’Eru’’. On peut faire des jus de légumes. J’ai passé les deux dernières semaines à former les Camerounais, pour faire ces jus. Il est très important qu’on renforce la médecine traditionnelle, pour augmenter l’espérance de vie au Cameroun », a exhorté le Dr Peyou Ndi-Samba, non sans relever que depuis le Covid-19, il a commencé à faire des banques de médicaments antiviraux.
« Nous avons d’autres fléaux qui nous minent tel que le diabète. Là aussi, nous avons fait des banques de plantes antidiabétiques. Pour chaque pathologie, notre équipe avec les tradi-praticiens, essaye de faire des banques de médicaments.
Il ne faut pas avoir peur d’une maladie, il faut plutôt chercher les voies et moyens pour la vaincre. Même pour le cas du cancer, nous avons des plantes antivirales qui permettent de réduire les marqueurs tumoraux. Nous appelons juste les médecins et les pharmaciens, j’en forme beaucoup à la faculté de médecine, de nous rejoindre pour rendre nos médicaments encore plus puissants. Nous avons un potentiel inouï, pour répondre à chaque pathologie qui nous mine », a rassuré le médecin.
Solutions endogènes
Dans son intervention, le très expérimenté Dr Jean Pierre Tankio a d’abord rappelé que la médecine traditionnelle se pratique depuis plus de 5000 ans dans les pays africains et au Cameroun. Ensuite, il a abondé dans le sens de sa consœur. « L’alimentation, en Afrique, aide à être en parfaite santé. Le Chef de l’Etat Paul Biya l’a si bien dit depuis Covid-19, qu’il faut essayer également des solutions endogènes. Nous avons des plantes et écorces antivirales, des nourritures antivirales déjà fabriqué que nous proposons.
Nous avons même des antioxydants. On ne peut pas avoir un bon système immunitaire, s’il n’y a pas d’antioxydants. Il y a des minéraux comme le zinc qu’on trouve abondamment dans les huitres aux bords du fleuve Mouanko dans la Sanaga-Maritime. Les gens peuvent également consommer la pipérine qui vient du poivre noir qu’on peut combiner au curcuma. Tout cela est sur le marché. On conseille aux gens de cuisiner avec beaucoup de curcuma. C’est un antiinflammatoire, un antioxydant ; on peut manger l’ail qui contient beaucoup de sélénium… », a conseillé l’expérimenté médecin, qui ne porte pas des gants pour dénoncer ce qu’il qualifie de complot contre la santé de la race noire : « Nous avons des adversaires qui n’aiment pas nous voir. Ce n’est plus un secret pour personne. Sur les réseaux sociaux, des groupes de personnes s’arrangent à diminuer la race noire sous prétexte qu’il faut diminuer la population mondiale. Est-ce qu’il faut donc ne tuer que les Africains du Sud du Sahara ? C’est comme si nous étions maudits. Quand certains arrivent chez nous, ils capturent des animaux et oiseaux de nos forêts qu’ils soumettent à des expérimentations chez eux. Lorsqu’ils les renvoient chez nous, c’est pour nous décimer. Car, lorsqu’un oiseau empoisonné meurt dans la cour, il infeste l’environnement avec des microbes et autres virus qui tuent les gens. Est-ce qu’il faut se taire face à tout cela ? Ce n’est pas sérieux pour des gens qui se disent humains, civilisés. C’est un génocide contre le peuple noir et nous ne devons pas rester inactifs. Nous devons trouver des solutions pour repousser ces ennemis ».
Un ministère pour la médecine traditionnelle
« La médecine conventionnelle que j’ai apprise à la faculté de médecine, et qui ne couvre que 20 % de la population, a tout un ministère. 70 % est couvert par un petit service au Ministère de la Santé Publique. Cela veut dire qu’on a subordonné ces 70 %. Le Ministre de la Santé Publique se comporte comme une femme à qui l’époux demande d’aller chercher une coépouse. Ce que nous sollicitons, revendiquons aujourd’hui, pour la postérité, c’est un ministère pour la médecine africaine », revendique le Dr Godfred Weriwoh Tembeng, Coordonnateur national du Pole médecine et pharmacopée africaine au Ministère des Arts et de la Culture.
Au terme de l’échange, le Dr Peyou Ndi-Samba a reçu le soutien de ses pairs dans la bataille pour le positionnement de la médecine traditionnelle au Cameroun, à travers des prix d’encouragement à ses œuvres. « Je vous remercie beaucoup, vous tous docteurs, gardiens de la tradition, qui êtes venus me décerner ces différents prix. Quand nous travaillons, nous sommes très combattus. Vous ne réalisez pas combien ce soutien que vous m’apporté compte beaucoup pour moi. Je vais continuer la lutte pour la médecine africaine. Ensemble, nous pouvons emmener cette médecine très loin. Personne ne peut cacher la lumière », a-t-elle remercié ses donateurs.
Bertrand TJANI