De nombreux Camerounais approchés, à l’effet de se prononcer sur l’appel du Président de la république à la pension pour tous à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale, avancent un certain nombre d’arguments déconcertants, qui recommandent le réajustement de cette initiative louable.
« L’assurance volontaire ? J’en ai entendu parler, mais je n’ai pas suffisamment d’informations sur son mécanisme », se désole Onon Moussa Hassimi. Comme ce transporteur par moto opérant au quartier Odza à Yaoundé, Cabrel Kamga, vendeur d’accessoires de téléphones à Mvog-Ada, qui dit ne pas être au courant de l’initiative ; Etienne Zang, vendeur de fruits au marché Ekounou, qui confie ne pas avoir suffisamment d’argent pour s’affilier, ils sont nombreux, ces Camerounais interrogés, qui disent avoir des informations superficielles sur l’assurance volontaire, instituée à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (Cnps). C’est également le cas d’Annette Bengono, tenancière d’un pressing à Biyem-Assi, qui avoue ne pas être intéressée et de Laurent Ambassa, transporteur par taxi, qui estime que pour cotiser, il faut gagner beaucoup d’argent,
Voie du salut
Pourtant, depuis 2014, date du décret du Premier Ministre, tout Camerounais résidant ou non au Cameroun et âgé de 14 ans à 59 ans peut désormais s’inscrire, pour prétendre bénéficier d’une Pvid – Pension de Vieillesse, d’Invalidité et de Décès (plus communément appelée pension retraite) dès l’âge de 60 ans, indépendamment de l’activité menée. Concernés, élève, étudiant, chômeur, coiffeur, couturier, menuisier, mécanicien, bayam-sellam, call boxeur, chargeur, braiseur de poisson, taximan, moto taximan, agriculteur, artiste, sportif, homme d’affaires, avocat, huissier et toute autre profession libérale. Même les anciens travailleurs salariés ayant cessé ou perdu leurs emplois sont concernés (pour compléter leurs mois d’assurances).
Une fois affilié, l’on prend en charge le versement de ses cotisations sociales, lesquelles se payent mensuellement, trimestriellement ou annuellement, selon le rythme ou la disposition de l’affilié. Il est important de relever que la cotisation mensuelle à verser à la Cnps est basée sur un revenu mensuel que l’on déclare soi-même librement sans aucun risque de contrôle et sans contrainte. À un revenu mensuel déclaré, il est appliqué un taux de cotisation de 8,4 % pour trouver le montant mensuel de la cotisation à payer à la Cnps. Le revenu mensuel déclaré doit être dans l’intervalle de 36.270 Fcfa au moins (Smig), et 750.000 Fcfa au plus.
Donc, on peut voir que le montant de la cotisation qu’un affilié devra payer chaque mois pourra aller de 3.047 Fcfa au moins à 63.000 Fcfa au plus. Il faut être affilié pendant au moins 15 ans, pour prétendre à la pension. Toutefois, chaque 1 année de plus après les 15 ans exigibles donneront droit à un bonus de pension à ajouter sur le montant qui sera reversé chaque mois jusqu’au décès de l’affilié. Si l’on fait moins de 15 ans d’affiliation, il lui sera reversé un montant unique, appelé Allocation dès l’âge de 60 ans.
En cas de décès, les droits de l’affilié seront reversés à ses ayants droit survivants (père, mère, conjoints, enfants âgés jusqu’à 21 ans). Le paiement des cotisations sociales se fait devant les caisses dans les Centres de la Cnps réparties sur tout le territoire camerounais (38 en 2018) contre quittance ou auprès de certains partenaires financiers agréés Cnps… Pour le cas des affiliés résidants à l’étranger (diaspora), ils peuvent payer par virement bancaire dans les comptes de la Cnps.
Esquisse de solutions
Quant à savoir pourquoi l’assurance volontaire ne fait pas courir grand monde, au regard son faible taux de couverture comparé aux attentes, l’enquête menée sur un échantillon de 70 personnes approchées dans la ville de Yaoundé, capitale du Cameroun, révèle que plus de 50 n’ont pas la bonne information sur le bienfondé de cette initiative gouvernementale. Aussi, pensent certains observateurs avertis, qu’il est temps de réajuster le tir en investissant le terrain de la sensibilisation périodique des populations, à travers des équipes d’agents mobiles de la Cnps. Espaces marchants, gares voyageurs, lieux de culte et autres habitations sont autant d’espaces, sont-ils convaincus, où la Cnps peut enrôler en grand nombre. Ce qui pourrait lui permettre d’améliorer son chiffre.
S’agissant du dossier en cas d’intérêt, il est constitué gratuitement d’une demande sur imprimé Cnps (téléchargeable à partir du site internet de la Cnps ci-dessous), d’une photocopie Cni, d’une copie certifiée conforme acte naissance et d’une photo 4×4. Bon à savoir, l’on n’est pas obligé de payer sa cotisation à l’immédiat ou dans les mois qui suivent. Mais, ne jamais passer 12 mois consécutifs sans se rattraper sous peine de suspension. Pour plus d’infos, consulter le site : www.cnps.cm ou contacter la Cnps en écrivant à : cnps.cameroun@cnps.cm ou bien, prendre rendez-vous dans le centre Cnps le plus proche.
Bertrand TJANI