Le suffrage en faveur du président Paul Biya est de 71,28% exprimé au scrutin présidentiel du 7 octobre dernier. Il est réélu pour un nouveau mandat de 7 ans et certainement le dernier, et a plusieurs défis à relever sur le plan économique.
L’économie camerounaise est la plus forte et la plus diversifiée de la CEMAC et a longtemps été résiliente aux chocs, mais montre ses premiers signes de ralentissement. Malgré une conjoncture internationale peu favorable, la croissance de son PIB a été régulière depuis 2010, avec une moyenne de 5,8 % de 2013 à 2015, avant de chuter à 4,7 % en 2016. Les nouveaux investissements dans l’exploration ou la production de pétrole et de gaz sont reportés en raison de la faible remontée des cours, entraînant une contraction des activités extractives. Par ailleurs, la récession économique au Nigeria, la crise qui s’accentue dans la CEMAC, et les perturbations dans la zone anglophone du pays ont eu un impact négatif sur la demande intérieure et extérieure. Cette morosité devrait faire baisser le taux de croissance à 3,4 % en 2017. Les perspectives restent toutefois plutôt positives pour 2018 et 2019, avec des taux respectifs de 4,1 % et 4,8 %, causés par une augmentation des exportations vers l’Union européenne suite à l’Accord de partenariat économique (APE) et de l’offre accrue d’énergie résultant de la mise en production de nouveaux barrages hydroélectriques. Le développement de la sylviculture et de chaînes de valeurs agro-industrielles ainsi que la réduction des importations au profit de la production locale devraient également dynamiser la croissance.
Quels sont les indicateurs macroéconomiques?
Le programme économique et financier signé dans le cadre de la Facilité élargie de crédit du Fonds monétaire international devrait stabiliser le cadre macroéconomique à moyen terme, en imposant une politique budgétaire restrictive pour 2017. L’investissement public devrait, par conséquent, descendre d’environ 8 % du PIB en 2016, à 6,7 % en 2017 et 6,6 % en 2019. Les recettes de l’État devraient modérément évoluer de 16,1 % du PIB en 2016, à 17,7 % en 2017 et 18,16 % en 2019. Le déficit budgétaire pourrait s’améliorer à 3,6 % en 2017 contre 6,1 % en 2016, et se maintenir en dessous de 3 % en 2018–2019.
Malgré un taux d’endettement inférieur au plafond communautaire de 70 % du PIB, le financement des projets d’infrastructures par des prêts commerciaux a induit une forte hausse de la dette publique à 34,1 % du PIB en 2016 contre 15,6 % en 2012. Le risque de surendettement du pays est ainsi passé de « modéré » à « élevé ». La dette du Cameroun reste soutenable, mais doit être très soigneusement gérée. Les autorités doivent redoubler d’efforts pour élargir la base des recettes non pétrolières et mieux gérer la priorité des dépenses tout en préservant la dépense sociale. Pour maintenir la soutenabilité de la dette, les nouveaux emprunts non concessionnels devraient être réservés aux projets présentant un fort impact social ou de croissance, dans les industries et les secteurs affichant un potentiel compétitif manifeste. Des mesures supplémentaires d’amélioration de la gestion des finances publiques et de la dette sont nécessaires pour renforcer l’efficacité de la dépense et contrôler les risques budgétaires.
Les facteurs positifs de notre économie
Nos autorités doivent mettre à profit la consolidation budgétaire requise par la Facilité élargie de crédit du Fonds monétaire international et les réformes structurelles convenues avec les partenaires techniques et financiers, notamment la Banque mondiale, pour accroître l’efficacité et l’efficience des investissements publics, à l’aide d’un renforcement du cadre de maturation des projets. Avec l’appui des partenaires, l’accent devrait également être mit sur une mobilisation accrue des recettes fiscales, pour pallier la baisse des revenus pétroliers et de la fiscalité de porte, qui résulterait de l’application de l’APE. Par ailleurs, à travers des politiques d’incitation plus judicieuses et une amélioration du cadre des affaires, les autorités entendent accroître la diversification de l’économie, pour une croissance plus forte, inclusive et créatrice d’emplois. L’appartenance à une union monétaire aide le Cameroun à maintenir des taux d’inflation bas, mais elle limite ses possibilités d’adaptation aux chocs et de compétitivité extérieure. Le Cameroun n’en reste pas moins l’une des économies africaines les plus résilientes. Il est stratégiquement situé et doté d’un excellent capital humain et d’énormes ressources naturelles.
Facteurs négatifs
En raison des menaces régionales pour la sécurité à savoir la crise Anglophone qui paralyse notre économie au Nord et au Sud-ouest du Cameroun, le maintien des dépenses de sécurité et humanitaires au même niveau que les années précédentes réduit les ressources disponibles pour les dépenses sociales. Malgré la relative stabilité politique dont continue de bénéficier notre pays.