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Cameroun : quand les pièces deviennent de l’or

À Douala, la nouvelle monnaie est là… mais introuvable. Depuis plus d’un mois, les habitants se battent au quotidien pour obtenir quelques pièces. Entre spéculation sauvage, pénurie organisée et soupçons de trafic international, enquête sur un phénomène qui transforme le simple échange en casse-tête quotidien.

« Quatre cents?… Tu as les pièces ?, Cette phrase, banale en apparence, en dit long sur la crise monétaire qui frappe de plein fouet la capitale économique du Cameroun. Plus d’un mois après l’introduction des nouvelles pièces par la BEAC, les Doualais se heurtent à une réalité : la monnaie circule mal. Très mal.

Malgré les efforts annoncés, la pénurie persiste. Les pièces sont rares, les files s’allongent, et l’économie informelle se régale. Le comble ? Certains commerçants et pompistes, pourtant bien approvisionnés, limitent volontairement leur distribution. Pourquoi ? Par peur de manquer. Ou pire : pour alimenter un circuit parallèle.

Des spéculateurs achètent les pièces en masse et les revendent à prix d’or. À Akwa, Bonamoussadi ou PK12, on parle de 150 à 500 FCFA de commission pour changer de simples billets en pièces. Un commerce juteux qui pousse certains à en faire un métier.

Mais l’affaire dépasse même les frontières. Plusieurs témoignages affirment que des pièces camerounaises seraient exportées vers la Chine, transformées en bijoux ou jetons pour machines à sous. Une hémorragie monétaire qui assèche encore plus un marché déjà à sec.

Pendant ce temps, la BEAC tente de réagir. Elle invite les entreprises à s’approvisionner en pièces directement auprès de ses agences. Le gouverneur de la Banque a même tiré la sonnette d’alarme : les banques sont pleines, mais les poches des citoyens sont vides.

Sur le terrain, les conséquences sont bien visibles : taxis qui refusent des clients, prix artificiellement arrondis, commerce au ralenti. Une inflation déguisée s’installe, insidieusement. Et la confiance dans le système vacille.

Alors, jusqu’où ira cette crise ? Et surtout, qui en profite vraiment ? Une chose est sûre : tant que la pièce de monnaie sera plus précieuse que ce qu’elle vaut, c’est tout le fonctionnement économique qui sera en danger.

Gérald Nyatte

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