
Quelle presse à capitaux privés le Président réélu de la république, Paul Biya, voudrait-il laisser aux Camerounais ? De l’application de la Convention collective des journalistes, sur fond de subventions conséquentes, dépendra l’avenir de la démocratie au Cameroun.

L’image que renvoie la presse camerounaise à capitaux privés est-elle admirable ? Bien malin qui répondrait par l’affirmative. Toujours est-il que vu des observateurs avertis, ce miroir de la société ne reflète pas véritablement l’exemplarité attendue des hommes et femmes de médias. A qui la faure ? Les responsabilités sont-elles partagées ? Esquisse de solutions.
D’un côté, relève une frange de l’opinion publique, le métier de journaliste n’est pas toujours noble aux yeux de tous les praticiens. Ouvert au tout venant, il ouvre la porte aux dérives de toutes sortes qui mettent à rude épreuve l’orthodoxie.
De l’autre côté, rapporte une autre, les mesures d’accompagnement des pouvoirs publics ne sont pas à la hauteur des attentes de la consolidation de la démocratie dont la liberté de presse est un principe fondamental.

En effet, cette année, comme par le passé, l’appui institutionnel de l’État à la presse dite privée, s’est encore révélé dérisoire. Ce programme du Ministère de la Communication, dont le budget n’est que de 7 milliards 584 millions Fcfa, vient d’accorder par virement bancaire, selon certaines sources, une enveloppe de 140 millions Fcfa à 54 médias, soit 49 écrits et 06 en ligne.
S’il est vrai que l’aide publique à la communication privée est désormais appelée «Appui institutionnel de l’État à la presse à capitaux privés», il n’en demeure pas moins que son volume demeure dérisoire. En témoigne la précarité ambiante dans laquelle ploie la presse.

Aujourd’hui, plus qu’hier, nombre de directeurs de publications convertissent leurs tabloïds en journaux cybernétiques. Faute de moyens d’impression et d’infographie. A quoi se greffe la peine des salaires aux collaborateurs.
Convention collective des journalistes : planche de salut en souffrance
La convention collective des journalistes au Cameroun est un accord qui régit les conditions de travail, les salaires, les congés et d’autres aspects des relations professionnelles des journalistes et des professionnels des métiers connexes de la communication sociale.
Principales dispositions de la convention collective
Durée du travail : 40 heures par semaine; congés : 1 mois minimum par an, avec possibilité de majoration en fonction de l’ancienneté; salaires : fixés en fonction de la catégorie professionnelle et de l’expérience; heures supplémentaires : majorées de 20% à 50% selon les cas; formation : les employeurs sont tenus de fournir des formations pour améliorer les compétences des journalistes.

Catégories professionnelles
Catégorie I : travailleurs exécutant des tâches élémentaires; catégorie II : travailleurs exécutant des tâches simples; catégorie III : travailleurs exécutant des tâches nécessitant une formation professionnelle de base; catégorie IV : travailleurs exécutant des tâches nécessitant une connaissance complète du métier; catégorie V : travailleurs exécutant des tâches difficiles; catégorie VI : travailleurs exécutant des tâches très difficiles; catégorie VII : agents capables de seconder le responsable d’une tâche technique ou de rédaction; catégorie X : cadres moyens; catégorie XII : cadres supérieurs expérimentés.

Il faut rappeler que le Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC) exige l’application de cette convention depuis 2016. Qu’est-ce qui coince ? Les directeurs de publications ont-ils les moyens de leurs politiques ? Pourquoi l’État n’accorde-t-il pas des subventions importantes à ce corps de métier au même titre que les fédérations sportives ? La mission de service public de la presse n’impacte-t-elle pas la marche du Cameroun vers son émergence ? Doit-on conclure que le Président Paul Biya achevera son nouveau mandat sans véritablement améliorer le sort de la presse dite privée ? Seul l’avenir a le secret de toutes ces questions. En attendant, les journalistes continuent de tirer le diable par la queue.
Bertrand TJANI



