Dans un texte publié par Jeune Afrique, l’ancien secrétaire général de la présidence, lui-même condamné dans le cadre de l’opération Épervier pour détournement de fonds publics, a offert ses conseils.
« A vous qui avez quelque raison de penser que vous êtes dans le viseur, ou simplement que vous pourrez un jour être dans le viseur de l’opération « Épervier » ». Et le prisonnier de Kondengui d’égrener ses conseils : « vous faire quelques amis (…) parmi les conseillers (…) de la présidence », « mettre en ordre vos dossiers [et] mettre en sécurité (…) tout document dont vous pourriez avoir besoin un jour », faire « un bilan de santé », « recevoir ou actualiser les vaccins essentiels », « mettre en ordre votre situation financière », « vous exercer à dormir dans des lits pour enfant », apprendre « à dormir dans une pièce, avec six ou sept personnes », « s’entraîner à utiliser les toilettes à la turque », « pratiquer l’abstinence », faire « un tour dans une morgue, pour voir emporter des corps »…
« Préparez-vous à franchir la porte d’entrée du labyrinthe des humiliations et du déshonneur », prévient Jean-Marie Atangana Mebara, qui raconte sa propre histoire, sous forme de mise en garde. Insalubrité, bruit, suspicion, haine, absence de sommeil et d’hygiène, maladies contagieuses, « odeurs nauséabondes de toilettes sales » ou « d’individus qui ont pris leur dernière douche quelques semaines auparavant »…
L’ancien collaborateur de Paul Biya tombé en disgrâce dresse un portrait qui dérange. Celui d’une prison insalubre, pour les anciens puissants comme pour tous les autres, et d’une opération « mains propres » dont beaucoup doutent de l’équité.
Il prévient enfin : « À vous qui pensez avoir essayé, toute votre carrière durant, d’être un serviteur de l’État, (…) vous qui pensez bénéficier d’une immunité à vie, ceci pourrait vous être utile un jour ».