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Cameroun : les chiffres interpellateurs de l’insécurité alimentaire

Ils ont été présentés à l’occasion de la communication des résultats de l’analyse cadre harmonisé, d’identification des zones à risque et d’analyse des populations en insécurité alimentaire, pour la période allant d’octobre à décembre 2024. Cérémonie présidée, le 12 décembre 2024 à Yaoundé, par le Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural. L’extrait de déclaration de Gabriel Mbaïrobe.

« …Pour la période courante octobre à décembre 2024, 10,82% de personnes sont en insécurité alimentaire et nutritionnelle aigue (phase 3, c’est-à-dire crise à plus au Cameroun, soit 3,080,145 personnes parmi lesquelles 265,314 personnes en urgence et 2,814,832 personnes en crise. 5,868,144 personnes se trouvent en phase 2, c’est-à-dire sous pression, soit 21 % % de la population analysée.

Les résultats de cette analyse révèlent qu’au Cameroun, 10,82% de la population sont en insécurité alimentaire aigue, soit 3 080 145 personnes dont environ,
0,93% en phase urgence, soit 265 314 personnes et 9,89% en phase crise, soit 2,814,832 personnes en crise…

Les résultats de la situation conjoncturelle relative à la sécurité alimentaire révèlent que la campagne agropastorale 2023/2024 a été satisfaisante sur l’ensemble du pays. Toutefois, on a enregistré quelques perturbations dû au poche de sécheresse çà et là dans les départements de la Bénoué, du Mayo Louti (région du Nord), du Mayo Sava (Extrême-Nord), de la Kadey, du Lom & Djerem et de la Boumba & Ngoko (Est) avec des ampleurs variables.

En effet, selon l’enquête Nationale sur la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (ENSAN) de septembre 2024 et les informations fournis par les rapports des administrations sectorielles les départements de la Benoué et du Mayo Louti ont particulièrement été affecté par une rude sècheresse dû à un arrête brusque des pluies sur 28 jours consécutives durant le mois d’août 2024, ce qui a entrainé la prolifération des chenilles légionnaires et d’importante perte sur céréale mis en place précocement.
Par contre, dans la région de l’Extrême-nord, la campagne agricole a été perturbée par des pluies intenses et abondantes durant le mois de septembre occasionnant au passage des inondations dans les départements du Logone et Chari, du Mayo Danay et une partie du Mayo Kani. Dans le département du Logone et Chari, environ 8 827 ha de culture sont sous les eaux, les spéculations les plus impactés sont le maïs (4 113 ha), du sorgho SP (1867) et du riz (1 734 ha) pour une perte estimée à 15 841 tonnes de céréales.
Dans le département du Mayo Danay, il ressort que 30 244 ha ont été détruits. Pour une évaluation en production céréalière de 50 842 tonnes.
Dans le département du Mayo Kani, l’arrondissement de Porhi enregistre 413 ha de cultures dévastés par les eaux.
En somme, 39 490 ha ont été détruits par les eaux et pour le bilan céréalier on enregistre une perte de 66 683 tonnes de céréales et les pertes des milliers d’animaux.

Ces inondations auront un impact important sur la sécurité alimentaire des ménages de ces deux départements.

D’après l’enquête ENSAN 2024, 61,22% de la population a une consommation alimentaire acceptable et 10,86% ont une consommation alimentaire pauvre.

Pour la période courante (octobre-novembre-décembre 2024), la situation alimentaire des ménages sera bonne dans 17 départements (phase minimale). Par contre, elle sera relativement acceptable dans 28 départements (sous pression). On observe une dégradation de la situation alimentaire dans 13 départements qui sont en phase de crise dont 05 dans le Sud-ouest (Kupe-Manenguba, Lebialem, Manyu, Meme, Ndian), 04 dans le Nord-ouest (Donga-Mantung, Menchum, Momo, Ngo-Ketunjia) et 04 à l’Extrême-nord (Logone et Chari, Mayo Danay, Mayo Sava et Mayo Tsanaga).
Aucun département ne se retrouve dans les phases d’urgence ou de famine.

Concernant la période projetée (juin-juillet-août 2025), il est attendu que la situation alimentaire des ménages soit bonne dans 28 départements (phase minimale), relativement acceptable dans 21 départements (sous pression) et dégradée dans 9 départements, c’est-à-dire en phase de crise (phase 3). Ces départements seront dans les régions de l’Extrême-nord (Logone et Chari, le Mayo Danay Mayo Sava, Mayo Tsanaga et Mayo Kani) ; du Nord-ouest (Donga-Mantung, Menchum, Momo) ; et du Sud-ouest (Ndian).

La production annuelle 2022 de viande et d’abats est estimée à 327,4 milles tonnes, ce qui représente une augmentation de 8% par rapport à l’année 2021 (304,5 milles tonnes). On enregistre une augmentation de la quantité de viande et d’abats de toutes les spéculations par rapport à l’année 2021. La viande bovine estimée à 126 milles tonnes demeure majoritaire dans la production (44%) suivie des viandes de volaille, porcine, caprine et ovine dont les productions respectives sont de 59,8 milles tonnes (21%), 46 milles tonnes (16%), 33,2 milles tonnes (10%) et 25,1 milles tonnes (9%).
Les régions du Centre et du Littoral ont représenté environ 46% de la production totale de viande bovine en 2022, soit 31,2 milles tonnes pour le Centre et 26,7 milles tonnes pour le Littoral. La production de la région du Littoral a connu un recul de 8% par rapport à celle de l’année 2021.
La production d’œuf de table en 2022 est de 107,1 milles tonnes. Cette production a légèrement augmenté de 2% par rapport à celle de l’année 2021.

Avec une quantité de 173,6 milles tonnes de lait en 2022, la production laitière augmente de 5% par rapport à celle de l’année précédente. Cette augmentation pourrait s’expliquer par la redynamisation des mini-laiteries avec la participation du secteur privé.
En 2022, la production totale de miel se situe autour de 7,8 milles tonnes et connait une augmentation de 12% par rapport à 2021.
La production halieutique en 2022 s’élève à 233,1 milles tonnes, soit une augmentation de 4% par rapport à 2021.
En 2022, les importations du sous-secteur de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales (EPIA) s’évaluent à 268,6 milles tonnes. Ce volume des importations connait une hausse de 23% par rapport à 2021 où il était de 218,6 milles tonnes.
On note que les importations de poissons de mer congelés représentent plus de 90% des importations totales du sous-secteur EPIA.
S’agissant des stocks, la hausse des prix des denrées alimentaires et non alimentaires depuis le début de la crise ukrainienne s’est maintenue et risque de s’accentuer pour les mois à venir dans les régions de l’Extrême-nord et du Nord. Malgré les récoltes de l’année dernière et des cultures de contre saison (sorgho), les prix n’ont pas fléchi comme d’habitude. Cette situation impacte négativement sur la reconstitution des stocks nationaux et la disponibilité des aliments pour les ménages vulnérables.

Aussi, les prix du bétail et des produits halieutiques ont connu une hausse dans les grands centres de consommation comme Yaoundé et Douala…

Le Gouvernent, sous la coordination du Premier Ministre Chef du Gouvernement, a mis en œuvre une politique d’import-substitution dont les axes majeurs concernent : le soutien au prix des engrais et pesticides pour les petits producteurs qui représente 80% de notre production vivrière; la reconstitution et le renforcement des moyens de production des opérateurs des filières prioritaires que sont le maïs, le riz, le sorgho, le manioc, la banane plantain, la pomme de terre et les maraichers. Il s’agira principalement des semences améliorées et du petit matériel agricole; le renforcement de la conservation et de la transformation des produits agricoles pour réduire les pertes post récoltes; pour cela il faudra construire ou acquérir des chambres froides et des petites unités de transformation pour les différents bassins de production; l’accélération de la vulgarisation de la production du blé dans les bassins cibles que sont Wassandé dans l’Adamaoua, Bangourain dans le Noun, Bansoa dans la Menoua et Bambui dans le Nord-ouest.

J’invite donc l’ensemble des acteurs de la sécurité alimentaire à se mobiliser autour de ces idéaux pour renforcer le statut du Cameroun comme grenier agricole de l’Afrique centrale.

Il faudra en outre poursuivre la transition agro-écologique, par la mise en œuvre des pratiques agricoles innovantes, afin d’accompagner l’agriculture dans son adaptation au changement climatique; il s’agira d’utiliser des semences améliorées et résilientes, de choisir des spéculations qui correspondent à la pédologie des sols, de favoriser le développement d’industries agroalimentaires, de soutenir la recherche/développement, et l’enseignement agricole.

Il ne fait aucun doute aujourd’hui que, l’agriculture au sens large, l’alimentation et la nutrition, sont les piliers majeurs du développement des chaînes de valeurs agricoles et par conséquent les bases de notre prochaine stratégie du développement du secteur rural…

La prochaine étape pour le Gouvernement à travers le MINADER et MINEPIA, avec l’accompagnement des partenaires techniques et financiers, sera de mobiliser des ressources pour apporter des réponses adéquates dans les zones à risques et aux populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle.

A ce sujet, il sera principalement question : de constituer des stocks alimentaires d’appoint pour les populations des 13 départements en situation d’insécurité alimentaire aigue ; environ 3 millions de personnes ; à ce sujet le démarrage effectif du Projet d’Urgence de Lutte Contre les Crises Alimentaires (PULCCA) et le Programme d’Appui au Renforcement de la Production Agricole au Cameroun (PARPAC) sont une réponse adéquate à cette problématique ;
d’apporter une assistance alimentaire à environ 265,314 en phase d’urgence.
De suivre la mise en œuvre du Plan National de réponse aux crises alimentaires et le Plan de préparation aux crises alimentaires amorcée par le MINADER er le MINAT ; de mettre en œuvre des interventions visant à améliorer la résilience des populations en phase sous pression en apportant un support à la production végétale, animale et renforcer les moyens d’existence des populations ; de mettre sur pieds et rendre opérationnel le dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires et nutritionnelles au Cameroun.
Pour ce qui est de la production animale, la mise en place des infrastructures d’appui à la production et à la valorisation des captures, telles les structures de débarquement, de commercialisation et de transformation dans les zones de pêche ; à l’instar du Centre Communautaire de Pêche Artisanale de Kribi dont l’agrandissement est programmé avec l’appui de la coopération japonaise, et le projet d’aménagement du débarcadère et de la réhabilitation du marché aux poissons de Youpwé à Douala d’un montant de près de 7 milliards FCFA dont la réalisation physique est de 60%… »

Bertrand TJANI

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