NE NOUS TROMPONS PAS DE COMBAT !!!
Avant toute chose je tiens à faire une clarification ; je ne suis pas un consommateur des produits de jeux de hasard et je ne juge pas les adultes qui le font ; par contre s’il y a des personnes de moins de 21 ans qui liront ce billet, je leur conseille de ne pas se lancer car le jeu, lorsqu’on n’a pas une certaine maturité mentale, peut pousser à l’addiction. Autre chose, je ne connais Samuel Eto’o, ni d’Adam ni d’Eve ; juste à la télé et à la radio comme la plupart d’entre vous. Ainsi, mon analyse va uniquement porter sur les aspects économiques et géostratégiques.
JEUX DE HASARD : UN MARCHÉ ULTRA LUCRATIF AU CAMEROUN
D’après une étude menée par le cabinet Hannibal Consulting, le marché du « betting » camerounais (jeux de hasard) compte environ 5.000.000 de parieurs dont le budget journalier moyen est estimé à 500Fcfa. Au vu de ces données, le chiffre d’affaires des jeux de hasard varierait entre 912 et 1000 milliards de FCFA par an. A titre illustratif, ce chiffre représente les ¼ du budget de fonctionnement de l’Etat du Cameroun.
MAIS OÙ VAS DONC TOUT CET ARGENT ???
Pour répondre à cette question il suffit simplement de dresser le top 3 des entreprises de paris sportifs au Cameroun. À ce titre, on a: PMUC, PREMIER BET, 1XBET. L’argent généré par ces trois leaders du marché va respectivement en France, en Grande Bretagne et en Russie. Oui, il faut le reconnaitre, ces entreprises recrutent du personnel camerounais, payent des impôts au Cameroun mais l’essentiel de ce qu’elles génèrent va ailleurs et profite plus à ces pays qu’au Cameroun
D’OÙ LA NÉCESSITÉ DE NATIONALISER LE JEU DE HASARD OU D’ENCOURAGER LA CRÉATION D’ENTREPRISES DE PARIS SPORTIFS 100% CAMEROUNAISES
C’est donc dans ce contexte précis que voit le jour BETOO ; je ne sais pas si les équipes marketing du « grand 9 » Ont entrepris le même cheminement mais ça ne m’étonnerait pas. En effet, depuis le 16 juin 1994 (création du PMUC), l’univers du pari sportif a pratiquement toujours été la chasse gardée d’entreprises européennes qui se font énormément d’argent sur le dos et la sueur des Camerounais. Même en France (d’où vient le PMUC) les jeux de hasard sont contrôlés et régulés par l’Etat, à travers une supra-entreprise créée par ses soins et baptisée LA FRANÇAISE DES JEUX. Depuis l’échec de la loterie nationale (dirigée à l’époque par l’actuel président de la FECAFOOT), nous n’avons plus jamais eu une grande entreprise CAMEROUNAISE capable de redistribuer les cartes du marché des jeux de hasard. L’arrivée de betoo.cm devrait donc en ce sens être salutaire et permettrait non seulement de rééquilibrer les rapports de forces économiques et géostratégiques, mais aussi de participer à des initiatives de financement du mouvement sportif camerounais ce qui jusque-là n’est pas toujours le cas pour ces entreprises étrangères qui, à part le PMUC, n’ont pratiquement pas d’initiatives portant sur la responsabilité sociétale (financement des activités humanitaires, culturelles, Sportives, sociales. Etc.)
À TRAVERS BETOO, SAMUEL NE FAVORISE-T-IL PAS LA DEPRAVATION DES MŒURS ?
Aussi incroyable que cela puisse paraitre, ce n’est pas Samuel ETO’O qui a créé les jeux de hasard et bien avant l’arrivée de son entreprise, les Camerounais jouaient déjà et donnaient chaque année, près de 1000 milliards de Fcfa aux Français, aux Russes aux Britanniques, aux Libanais, aux Italiens, aux Américains, etc. le reproche lui aurait été fait si jamais BETOO dans chacune de ses communications, omettait de rappeler les mentions légales (notamment sur l’âge réglementaire des parieurs ). Comme il l’a lui-même mentionné dans une récente interview, si les Camerounais ne jouent pas chez Betoo ils joueront forcément ailleurs et continueront d’enrichir les autres. Ce cas de figure est perceptible dans pratiquement tous les domaines économiques de notre pays. Je vois des Camerounais critiquer UCB (Kadji) disant que cette entreprise encourage la consommation d’alcool pendant que dans un rapport publié par les Brasseries du Cameroun S.A (entreprise majoritairement française), on apprend que les Camerounais ont consommé 465,5 millions de litres d’alcool en 2018. Ainsi, pendant que nous tuons nos propres entreprises (EXPRESS UNION, CAMTEL, KADJI, FOKOU, AFRILAND, BETOO etc.) nous enrichissons les autres et à la fin, nous nous plaignons du marasme économique dans lequel nous vivons au quotidien ; normal, vu que nos devises (notre argent) vont chez les autres.
UN CONSEIL À BETOO ?
Bien étudier le marché, proposer des offres de qualité avec des côtes ultra-concurrentielles et éviter dans un premier temps de parier sur le championnat camerounais car d’après une enquête révélée par Sky One Radio et le journal France Football, de nombreux présidents de clubs camerounais auraient organisé un système de mafia qui consisterait à parier contre leurs propres équipes, perdre volontairement les matchs, quitte à être relégués en divisions inférieures comme c’est le cas de certains clubs de Douala qui ont presque tous frôlé la relégation pourtant en début de saisons ils jouaient la Champions League africaine. Des joueurs déclaré avoir consommé des laxatifs à leur insu dans l’optique d’amoindrir leur performance et permettre au président d’assurer “son ticket”.
En somme, si on veut avoir une économie compétitive, nous devons comprendre que la mondialisation telle qu’elle nous est présentée est un vaste marché où les grandes puissances profitent de nos « convictions » religieuses et morales pour se faire de l’argent au détriment du développement de nos « Nations déjà pauvres et très endettées ». Encourageons les initiatives menées par des entrepreneurs Camerounais si nous voulons aspirer à un lendemain meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants.
Par Franck Ghislain ONGUENE, consultant & enseignant en Marketing international du Sport