Autour du promoteur Mpepèe Mbii, le 25 février 2023 à Yaoundé, des participants triés sur le volet, venus des coins du pays aux traditions encrées.
Lekié, Bangou, Yabii, Bwapaki, Lom-et-Djerem, Nyong-et-Kelle, Bafia, Douala, Yabassi, Bazou, Yamben, Bandjoun, Abo et Sanaga-Maritime. Telles sont les origines des Camerounais, qui ont pris part à l’appel visionnaire du patriarche Mbii, le 25 février 2023 au restaurant Ma table, situé au quartier Bastos, près du consulat de Norvège à Yaoundé. Objectif, procéder au lancement des activités de la Fondation Todè, association qui a pour mission de collecter, conserver et d’exploiter les formes d’expressions culturelles de tous les groupes ethniques du pays.
Selon le promoteur Mpepēe Mbii, « Le but de la Fondation Todè n’est pas de redéfinir notre tradition, mais de collecter les vestiges encore présents et les représentations qu’en ont les légataires afin de les offrir comme legs à la postérité à travers les supports actuels dans un contexte marqué par le délitement accéléré de nos sociétés traditionnelles et l’acculturation de la jeune génération ».
Vu sous cet angle, la Fondation Todè propose une démarche qui organise l’ordonnancement en partant des éléments culturels les plus communs, pour progresser vers ceux qui sont les plus ésotériques. Car, « Nous avons un passé riche et glorieux, nous avons un passé chargé d’émotions. Entre tradition séculaire et pratiques millénaires, il est temps de rentrer à l’intérieur afin de les connaître et les faire connaître, exhorte le promoteur. Au détails, il est question d’étudier les vestiges présents dans les différentes traditions ; d’encourager une prise de conscience et réaction collective face aux enjeux de la tradition orale ; de rendre intelligible la tradition et ses formes d’expression pour les générations futures ; de promouvoir les sites mythiques et mystiques en vue de leur restauration…
Pour un développement authentique
Fondée en 2022, « la Fondation Todè regroupe des personnes qui pensent qu’il faut conquérir à l’intérieur de nous-mêmes, le savoir qui nous rend créateur et nous ouvre à l’infini, toutes les opportunités pour un développement authentique ». Un challenge qui passe par des contes et légendes. En effet, la sagesse africaine est véhiculée par les contes, les proverbes, les légendes. « Le récit qui en ressort est initiatique et conduit à un savoir caché aux yeux du commun », révèle le patriarche Mbii, non sans expliquer que le travail à faire porte notamment sur la collecte des différents contes et légendes initiatiques des quatre aires culturelles du Cameroun ; la création de bandes dessinées pour enfant de 3 à 12 ans ; la création de jeux d’apprentissage en langues.
Ce travail consiste également en la connaissance de la démographie historique pour étudier les processus de peuplement ; l’étude sur les formes de transmission des noms et la reconstruction d’un ensemble de lignées généalogiques ; l’étude des groupes de familles légataires de la protection des différents sites culturels.
Il sera aussi question de créer une documentation ouverte, vivante qu’il est possible de mettre à jour à l’image des nouveaux médias ; de proposer des parcours ou trajectoires à suivre ; de repenser la manière de présenter et de diffuser les acquis artistiques (codification) ; de constituer un laboratoire pour mettre à l’essai les nouvelles formes de perfectionnement de la préservation des œuvres d’art.
Font en outre partie du projet, la création des recueils de plantes médicinales à usage rapide ; la création des méthodes d’exploitation concrètes de nos savoirs ; l’initiation des programmes de formation à la connaissance des usages de plantes.
Pas en reste, la revalorisation des rites d’initiation (naissance, circoncision, mariage, veuvage…) ; la revalorisation des rites thérapeutiques ; l’étude, codification et transmission du langage des tambours traditionnels ; la mise en valeur des récits et rituels religieux.
Abonnement à la plateforme
« Odiba », qui signifie « Clé » en langue Bakoko, est le service streaming qui sera développé par la Fondation Todè. Accessible sur abonnement, explique le promoteur, cette plateforme numérique viendra répondre au besoin d’arrimage des expressions de la tradition ancestrale face au monde moderne afin de reconnecter les peuples à leur source, de développer une industrie culturelle forte à travers les données prises sur le terrain et l’exploitation des ressources édictées du centre de documentation de la Fondation Todè et d’autres organisations partenaires.
Bertrand TJANI