Une lettre de la Présidente de section Rdpc Ndé-nord et ministre de la république du Cameroun, destinée au préfet du Ndé enflamme la toile. Les analyses et commentaires vont dans tous les sens, et certains par vengeance vont jusqu’à perdre le bon sens et la morale.
En réalité, en sa qualité de représentant du Président de la République du Cameroun, les manquements du préfet du Ndé frisent un crime de lèse présidentielle. Car, le 06 novembre étant la fête d’un Homme, Paul Biya, Président de la République, Chef de l’Etat, et Président national du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc), parti au pouvoir.
En effet, le courrier porte la mention « confidentiel ». Ce qui, à suffisance, permet de comprendre que l’auteur, Célestine Ketcha Courtès, n’est pas à la recherche d’un buzz, mais d’une solution à un problème précis. La lettre est faite sur l’entête du Minhdu. Célestine Ketcha Courtès est bel et bien Ministre de l’Habitat et du Développement urbain, membre du gouvernement. Toutefois, elle est présidente de la section Rdpc Ndé-nord, une position qui révèle sans réserve son attachement politique et sa position dans ce parti.
Suivant la loi de 2008, le préfet est le représentant du Président de la république, du gouvernement et de tous les membres du gouvernement pris individuellement dans sa circonscription. Donc, le préfet du Ndé est aussi le représentant du Ministre de l’Habitat et du Développement urbain dans le Ndé, au-delà du fait qu’il est dépositaire de l’autorité de l’Etat comme le dit expressément la même loi.
Ce qu’il faut connaître
Les populations du Ndé-nord, dans l’ensemble marchaient, le 06 novembre 2021, pour fêter l’accession à la magistrature suprême du Président de la république avec la ministre en tête. En sa qualité de responsable n°1 de la sécurité des personnes et des biens, sa défaillance est un fait. Célestine Ketcha Courtès a reçu une autorisation de manifestation, signée du sous-préfet, pour la cérémonie de ce 06 novembre 2021. Suite à cette autorisation, le préfet du Ndé, qui a eu copie par ampliation, a aussi été invité à cette cérémonie. L’invitation, que le préfet comme plusieurs autres élites du Ndé ont reçu, était signée du Ministre Célestine Ketcha Courtès.
C’est donc le ministre qui, dans le cadre de ses actions politiques comme Présidente de section, invitait le préfet à ses côtés, pour ladite cérémonie. N’avez vous pas vu le Social Democratic Front (Sdf), inviter le Ministre Joseph Owona à ses meetings ? Dire le contraire, c’est oublié que Issa Tchiroma Bakari, Jean de Dieu Momo, Bello Bouba Maïgari…sont présidents de partis politiques.
Savez-vous que le préfet a fait le tour des meetings du Ndé aux côtés du chef de délégation départementale du Rdpc dans le Ndé, qui n’est pas membre du gouvernement. Ceci est bien grave, car le préfet, au vu de la loi, doit assurer la sécurité des membres du gouvernement en séjour dans sa circonscription.
Aux côtés du Chef de délégation, qui n’est pas membre du gouvernement, on dira qu’il répond à l’invitation du Rdpc, n’est-ce pas ? Mais, alors quand il est invité par un membre du gouvernement qu’il représente pourtant dans le cadre de ses fonctions, je pense que c’est encore plus logique, mieux quand ce membre du gouvernement a la légitimité du parti comme Présidente de section, n’est-ce pas une double légitimité ? Si non, dites-moi pourquoi il fait une ronde des meetings dans une délégation du comité central !
La cérémonie de Bangangté, qui bénéficiait d’une autorisation, a commencé à l’absence du préfet, mais alors sans encadrement des forces de maintien de l’ordre, car le préfet n’a pas mis à leur disposition l’information devant déclencher l’encadrement de la cérémonie. Pourtant, l’organisateur principal, qui est la Présidente de section, est membre du gouvernement. Au-delà de l’autorisation délivrée, la présence d’un membre du gouvernement est suffisante, pour que des dispositions sécuritaires soient prises par le préfet au regard de la loi. Mais, le préfet qui avait pourtant eu ampliation et qui a même été sollicité pour l’encadrement par les forces de maintien de l’ordre, a expressément laissé faire la cérémonie sans encadrement.
Signalons aussi que le préfet est quand même arrivé à la cérémonie dans la suite du chef de délégation permanente du Rdpc. Il est difficile de savoir s’il était membre de cette délégation ou alors s’il venait assister la Ministre de l’Habitat et du Développement, membre du gouvernement qui organisait le meeting.
Maintenant alors…
Des mototaximen et des voitures ont bousculé plusieurs militants, ce jour-là pendant la marche. Selon des sources, la Présidente de section a saisi le préfet à la suite de la remarque faite au débriefing de la cérémonie, par le comité d’organisation surpris du fait que la marche et le meeting n’étaient pas encadrés, alors que la mobilisation était gigantesque.
Le comité d’organisation relève qu’une provocation de certains partis politiques était planifiée, et que des voyous ayant fait des casses à la permanence du parti lors du renouvellement des organes de base étaient organisés, pour troubler l’ordre public. Ceci est même soutenu par l’absence du maire de la commune qui, à en croire ces sources, se retirait par concubinage. L’objectif était d’organiser un désordre et l’attribuer à la ministre dans le but de déstabiliser le Rdpc à Bangangté. Mais, tout ceci aura échoué, grâce à la mobilisation des milliers de militants.
Ces observations du comité d’organisation ont été jugés recevables du fait que le préfet du Ndé était expressément resté silencieux pendant le désordre les casses et les agressions du 25 septembre dernier, alors qu’il avait été appelé par le ministre, et les responsables du parti, et même certains responsables des Fmo. Il est resté sans réaction, et aucune action n’a été prescrite contre les responsables de ce désordre, aucune enquête administrative n’a été ouverte.
Au vu de ce qui précède, Célestine Ketcha Courtès, Ministre de l’Habitat et du Développement urbain, se référant aux instructions fermes du Ministre de l’Administration territoriale aux préfets et gouverneurs au sujet de l’encadrement des manifestations publiques, et au regard de la loi, en qualité de membre du gouvernement, a, au nom de la section qu’elle préside, exprimé son inquiétude au préfet du Ndé au sujet de son attitude qui ne garantit pas de sérénité.
Vue sous cet angle, la correspondance de la ministre a un soubassement juridique. Bien plus, depuis un certain temps, selon les populations, l’insécurité est grandissante dans la ville. L’attitude du préfet donne un laisser-aller et déroule le tapis à une bande de délinquants bien connus qui agissent sans être inquiétés. Maintenant que le préfet a décidé de mettre dehors un courrier confidentiel à lui destiné par les soins d’un membre du gouvernement, simplement parce qu’il s’agit de la Présidente de section contre qui il a œuvré lors des élections, à qui profitera le crime ?
Charly Nya (Correspondance particulière)