En 2024, les vaches tchadiennes ont franchi la frontière en douce, et en masse, pour s’offrir des vacances camerounaises. Une escapade non déclarée qui a coûté une belle somme à l’État et consolé des réseaux bien rodés.
Si les vaches tchadiennes savaient compter, elles rigoleraient bien. En 2024, leurs excursions informelles vers le Cameroun ont encore augmenté de plus de 20%. Un véritable troupeau fantôme d’une valeur de 35,69 milliards de FCFA qui a traversé la frontière sans sonner à la douane, faisant du Tchad le champion incontesté de l’exportation bovine « low profile ».

Grâce à cette transhumance discrète, le Tchad se hisse même sur le podium en tant que deuxième fournisseur informel du Cameroun, juste derrière le Nigeria. Un sacre obtenu grâce à des veaux, des vaches et… pas mal de cochonnettes administratives. Au total, ces importations qui échappent à tout contrôle ont coûté 265,7 milliards FCFA au Cameroun, une somme qui fait tousser et qui part en fumée – ou plutôt en bêlements – dans les régions frontalières.
Malgré les menaces de Boko Haram dans l’Extrême-Nord, la contrebande, elle, reste florissante. Preuve que le business est plus résistant que la peur. En revanche, la crise anglophone a mis un bon coup de frein dans le Sud-Ouest, et les routes dégradées de l’Adamaoua et de l’Est ont calmé les ardeurs des contrebandiers. Apparemment, même l’informel a ses limites… surtout quand le bitume manque.
Gérald Nyatte