
Alors que les départs périlleux de jeunes Africains vers l’Occident se multiplient, le Réseau LeADER a choisi d’agir. L’organisation a réuni, samedi 20 septembre à Cotonou-Calavi, la jeunesse pour une séance de sensibilisation destinée à lever le voile sur les dangers de l’aventure migratoire et briser les illusions qui l’entourent.

À Abomey-Calavi, plusieurs jeunes se sont rassemblés autour du thème : « Migration des jeunes : comprendre les risques pour mieux choisir son avenir. » Pour le Dr Emmanuel Gnagnon, président du Réseau LeADER, l’enjeu est clair : prévenir plutôt que guérir.
« (…) Face au contexte de l’aventure migratoire qui conduit les compétences et cerveaux à migrer vers l’étranger pour diverses raisons, il devient urgent de prendre les devants pour avertir les candidats à la migration sur les risques.

Il est de notre responsabilité d’attirer l’attention sur les dangers et d’amener à faire des choix bien réfléchis et en toute connaissance de cause. », a-t-il déclaré.
L’expert en gouvernance a tenu à préciser que cette initiative ne visait pas à décourager les jeunes qui ambitionnent de voyager, mais à les prémunir contre les dangers cachés.
« (…) Nous ne vous interdisons pas de voyager. Nous attirons surtout votre attention sur les pièges que vous devez apprendre à éviter », a-t-il insisté, citant notamment les zones d’ombre entourant des programmes comme Alabuga.
De son côt, Diabty Doré, diplomate et expert en gouvernance démocratique, a abondé dans le même sens, appelant à une vigilance accrue.
« (…) Je voudrais appeler la population africaine à bien comprendre les contours avant de se lancer dans les projets de voyage. Notre démarche vise à conscientiser la jeunesse qui pense que le bonheur est forcément hors des frontières nationales. Je nous invite à cultiver le courage et à travailler sur des projets structurants et bancables», a-t-il exhorté.
Témoignages poignants
Au-delà des mises en garde, plusieurs membres du réseau et participants ont livré des témoignages qui ont profondément marqué l’audience.

Clément Hambal Akobi a invité les jeunes à sortir des illusions : « Ce que nous disons, c’est de se rendre compte des réalités qu’on a comme opportunité avant de s’engager. On peut être dans son pays et être heureux. La preuve, nous avons des parents qui sont partis mais que nous ne voyons pas revenir parce qu’ils n’ont pas pu réussir. »
Plus bouleversant encore, le récit de Karine Kinha a jeté un froid dans l’assistance. « J’avais une collègue étudiante. Un jour, je l’ai appelée et c’est son père qui décroche m’informant qu’elle a voyagé. Quelques semaines plus tard, il m’envoie une photo… c’était la tombe de cette dernière. Elle était décédée en Russie. Elle serait aujourd’hui en vie si elle n’était pas allée », a-t-elle confié, émue.

Le débat a aussi permis d’adresser un message clair aux gouvernants. « (…) Si les jeunes doivent rester, il va falloir que la gouvernance du pays le permette », a lancé Diabty Doré, rappelant que les États ont la responsabilité de créer un environnement propice à l’épanouissement local.
Soulignons que Dr Emmanuel Gnagnon a rappelé l’esprit de cette démarche : « (…) La séance de sensibilisation n’a pas pour objectif de décourager les ambitions vers la migration, mais d’inviter les candidats à partir sans prendre des risques inutiles. C’est une invite à envisager un départ dans les règles, sans se faire appâter par des individus mal intentionnés.

Il est important que le choix soit bien éclairé et que le départ se fasse en toute sécurité. »
Les jeunes présents ont salué l’initiative et se sont engagés à relayer ce message pour toucher plus largement la jeunesse africaine.
Gabriel MBARGA