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Déclaration d’Accra : les médias africains en première ligne contre les illusions migratoires

Réunis à Accra le 22 août 2025, les leaders du Réseau-LEADER et des professionnels des médias africains ont lancé un appel solennel à la presse pour qu’elle assume pleinement son rôle face aux dérives de la migration des jeunes Africains. Exploitation au Moyen-Orient, affaire « Alabuga Start » en Russie, travail forcé en Asie… Autant de réalités qui appellent les journalistes à enquêter, dénoncer et déconstruire les récits trompeurs qui exposent la jeunesse du continent à des drames humains et collectifs.

Voici l’intégralité de la déclaration :

DECLARATION D’ACCRA SUR LE ROLE DES MEDIAS FACE AUX ILLUSIONS ET REALITES DE LA MIGRATION DES JEUNES AFRICAINS

Nous, Réseau des Leaders Africains pour la Démocratie, l’Émergence et le Renouveau (Réseau-LEADER), réunis à Accra avec des professionnels des médias ghanéens et africains, lançons un appel solennel sur la question cruciale de la migration des jeunes Africains.
Chaque jour, des milliers de jeunes quittent le continent, nourris d’illusions et séduits par des récits enjolivés de réussite à l’étranger. Mais derrière ces promesses se cachent trop souvent des réalités brutales : exploitation, travail forcé, abus, privation de liberté, voire mise en danger de leur vie.
L’affaire « Alabuga Start » en Russie, où de jeunes Africaines ont été recrutées sous prétexte de formation, constitue un cas récent qui mérite une attention particulière de la part des journalistes. Plusieurs zones d’ombre entourent encore ce dossier, et seule une véritable enquête journalistique peut permettre de lever ces ambiguïtés, d’éclairer l’opinion publique et de prévenir d’éventuels pièges similaires.

Mais ce cas n’est pas isolé.

Au Moyen-Orient, des femmes africaines recrutées comme domestiques, notamment en Arabie saoudite, au Liban ou au Koweït, subissent régulièrement des abus : confiscation de passeports, salaires impayés, conditions de vie précaires, violences physiques et psychologiques. Ce système, connu sous le nom de kafala, rend les victimes particulièrement vulnérables et dépendantes de leurs employeurs.
En Asie, de jeunes Africains attirés par des promesses de formation ou d’emplois techniques au Kazakhstan ou en Malaisie se retrouvent exploités dans des conditions proches du travail forcé, privés de droits et souvent invisibles aux yeux des autorités locales.
Ces situations, loin d’être marginales, révèlent une tendance inquiétante : l’exploitation des jeunes Africains dans des circuits migratoires opaques est devenue une norme dangereuse dans le monde globalisé d’aujourd’hui.

Face à ces manipulations, les médias africains occupent une place stratégique. Ils sont :

Les gardiens de l’information fiable, capables de vérifier et d’exposer les mensonges.
Les éducateurs des communautés, en transmettant des messages clairs et accessibles.
Les contre-pouvoirs, en déconstruisant les narratifs trompeurs qui alimentent les illusions migratoires.

Nous appelons donc :

Les journalistes et rédactions à enquêter, dénoncer et déconstruire les illusions autour de la migration.
Les radios, télévisions et médias digitaux à consacrer du temps d’antenne et des espaces de diffusion à la sensibilisation.
Les animateurs et leaders d’opinion locaux à relayer ces messages dans les langues nationales, afin de toucher directement familles et communautés rurales.
Chers professionnels des médias, nous vous invitons à devenir de véritables alliés dans ce combat. La migration piégée n’est pas seulement un drame individuel : c’est une menace collective pour l’avenir de notre continent.

C’est pourquoi nous appelons à :

Interpeller les gouvernements et exiger des enquêtes sur les programmes douteux; amplifier la voix des survivants, afin que leurs témoignages servent d’avertissement; mobiliser la jeunesse à travers des campagnes médiatiques créatives, participatives et adaptées à leurs réalités.
Nous réaffirmons avec force que le rôle des médias est d’éclairer, prévenir et protéger. Ensemble – journalistes, organisations de la société civile et décideurs – nous devons bâtir un front uni contre les récits mensongers et les filières d’exploitation.
Aujourd’hui, depuis Accra, nous lançons cet appel avec conviction : aucune souveraineté africaine n’est possible si notre jeunesse est livrée aux mirages de la migration manipulée.
Nous nous engageons à poursuivre ce combat, avec vous, médias africains, comme premiers partenaires de vigilance, d’alerte et de sensibilisation.

Fait à Accra, le 22 août 2025

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