
Dans un monde où la connexion internet est devenue indispensable, les coupures intempestives et la surveillance en ligne représentent des menaces croissantes à la liberté d’expression. Pour y faire face, une vingtaine de femmes journalistes et activistes se sont réunies à Yaoundé pour un atelier de trois jours, du 19 au 21 août 2025.
Organisé par Protège QV (Promotion des Technologies Garantes de l’Environnement et de la Qualité de Vie) avec le soutien de l’Association pour le Progrès des Communications (APC), l’atelier sur les coupures d’internet et la surveillance en ligne vise à doter la vingtaine des femmes journalistes présentes à des outils nécessaires pour continuer leur travail en toute sécurité.
Les femmes des médias et les défenseuses des droits humains sont particulièrement vulnérables aux défis de la sécurité en ligne. La surveillance ciblée et la violence basée sur le genre (VBG) en ligne sont des risques bien réels, comme l’a souligné Vanessa Manessong, analyste de données. Selon une étude de 2024 d’Internet Sans Frontières, 68 % des femmes auraient déjà été victimes de violence numérique, un chiffre qui témoigne de l’urgence de la situation.
L’atelier répond directement à ces défis. L’objectif principal est de fournir aux participantes les connaissances et les compétences pour maintenir leur activité malgré les restrictions d’internet. Les organisateurs soulignent que cet atelier est crucial pour leur permettre de naviguer dans l’espace numérique en toute sécurité et de protéger leur travail et leurs sources.
Des modules concrets pour des solutions pratiques
Dès la première journée, les sessions se sont concentrées sur des thématiques clés.
En ce qui concerne les droits numériques et sécurité en ligne, Vianney Forewah, expert en sécurité numérique, a rappelé que les droits humains s’appliquent aussi en ligne. Il a insisté sur l’importance de mesures simples mais fondamentales, comme l’utilisation de mots de passe forts et la vérification des liens avant de cliquer.
S’agissant des enjeux juridiques pour les femmes, Gabriel Nonetchoupo, de la Commission des Droits de l’Homme et des Libertés, a expliqué le cadre juridique, national et international, qui protège la liberté d’expression et les droits des femmes dans l’espace numérique.
Guy Cédric Mbouopda a présenté, en ce qui concerne les stratégies de contournement, une variété de solutions pour contourner la censure et maintenir la communication pendant les coupures. Des alternatives telles que l’utilisation de radios communautaires, de messageries sécurisées et même de technologies plus avancées comme les réseaux mesh ou l’internet par satellite ont été passées en revue. Il a aussi mis en lumière l’importance du partage d’informations hors ligne, via des clés USB ou des cartes SD, une approche simple mais efficace dans les contextes de coupure totale.
L’atelier vise des résultats tangibles. À la fin de la formation, il est prévu que 80 % des participantes auront une meilleure compréhension des enjeux liés aux coupures d’internet et que 80 % seront capables de mettre en œuvre des stratégies pour y faire face. En leur donnant les moyens de se protéger et de continuer leur travail, cet atelier renforce le rôle essentiel de ces femmes dans la défense des droits humains et la promotion de l’information.
Ernesthine BIKOLA